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Commandos des justiciers du génocide arménien
Commandos des justiciers du génocide arménien
Armée révolutionnaire arménienneClassification Nationaliste Objectifs Reconnaissance du génocide arménien, rattachement à l'Arménie de territoires à l'est de la Turquie peuplés d'Arméniens avant le génocide Statut Inactif Victimes Plusieurs dizaines Fondation Date de formation 1972 Pays d’origine International Fondateur(s) Fédération révolutionnaire arménienne Force Nombre Zone d’opération Turquie, Autriche, Canada, États-Unis, France Dernière attaque 1984 Financement Ressources de la FRA, aide soviétique Filiation Chefs principaux H. Maroukhian, Apo Achdjian Groupes reliés ASALA, PKK Les Commandos des justiciers du génocide arménien sont une organisation terroriste formée en 1972 par la Fédération révolutionnaire arménienne et mise en sommeil depuis 1986.
Histoire
Le XXe congrès de la FRA-Dachnak, tenu à Vienne, décide de « renforcer la lutte pour la libération des terres arméniennes de Turquie en ayant recours à tous les moyens ». Le Conseil militaire réorganise dès lors ses structures et crée les CJGA, afin que la FRA-Dachnak ne soit pas officiellement associée à des actions terroristes, qui compromettraient son existence légale dans les pays qui la tolèrent[1]. Les CJGA s'inscrivent dans une longue tradition de terrorisme arménien, et notamment de tendance dachnak[2].
Dans les premières années, les CJGA sont relativement discrets du point de vue médiatique, et se consacrent aux assassinats de diplomates turcs — par exemple, celui de Danis Tunaligil, ambassadeur à Vienne, le 22 octobre 1975, suivi par celui de Ismaïl Erez, ambassadeur à Paris, deux jours plus tard[3]. Le terrorisme prend une plus grande ampleur ensuite : de 1977 à 1981, les CJGA et l'ASALA commettent cent quinze attentats, ciblés ou aveugles, cependant que l'Union soviétique arme la branche terroriste de la FRA-Dachnak[4]. À la suite des tensions entre le Comité de défense de la cause arménienne (CDCA, émanation de la FRA-Dachnak) des États-Unis d'une part, et le gouvernement de Ronald Reagan d'autre part, les CJGA assassinent Kemal Arikan, consul général à Los Angeles, le 28 janvier 1982[5]. Fred Ikle, sous-secrétaire d'État de Ronald Reagan, déclare, en réaction, que « le terrorisme arménien est un des plus dangereux et un des plus mystérieux terrorismes du monde » ; pour toute réponse, les CJGA assassinent Orhan Gunduz, consul honoraire de Turquie à Boston, puis l'attaché militaire turc à Ottawa[6]. Fort mécontent, le gouvernement américain fait participer la CIA à l'enlèvement d'Apo Achdjian, numéro 2 des CJGA, dont le corps n'a jamais été retrouvé. La rivalité avec l'ASALA devient sanglante à partir de 1982[7].
En février 1983, la radicalisation se poursuit, et les CJGA changent de nom pour un sigle plus médiatique : Armée révolutionnaire arménienne (ARA). Fait caractéristique du terrorisme arménien, il ne s'arrête pas au rideau de fer : l'ARA assassine des diplomates turcs présents dans des pays communistes, comme Galip Balkar, ambassadeur à Belgrade, le 9 mars 1983[8]. En 1979, déjà, des terroristes des CJGA avaient été condamnés à mort pour un attentat perpétré dans le métro de Moscou bien qu'ils aient toujours clamé leur innocence.
L'attentat le plus meurtrier de l'ARA a lieu à Lisbonne le 27 juillet 1983. Il fait sept morts : les cinq membres du commando, un policier portugais, et la femme de l'ambassadeur turc. Deux organisations terroristes portugaises ont aidé l'ARA : les Forces populaires du 25 avril (extrême gauche) et le Commando de défense de la civilisation occidentale (CODECO, extrême droite)[9].
Le 12 mars 1985, l'ARA attaque l'ambassade turque à Ottawa. Trois de ses membres font sauter la porte du bâtiment à l'explosif, tuent un gardien et prennent onze otages. L'ambassadeur se blesse en sautant par la fenêtre, pour échapper aux assaillants. Les terroristes se rendent à la police canadienne quatre heures plus tard[10].
L'attentat de Lisbonne choque la diaspora arménienne par son caractère indiscriminé et le XXIIIe congrès de la FRA-Dachnak, tenu à Athènes la même année, adopte un moratoire d'un an sur le terrorisme ; ce qui n'empêche pas l'envoi d'instructeurs et d'experts en explosifs dans les camps du PKK kurde, proche de l'ARA et de l'ASALA[11].
En 1986, la FRA annonce sa renonciation au terrorisme[12].
Notes et références
- ↑ Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Presses universitaires de France, 2002, p. 28.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 31-32.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 44.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 54 et 56.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 76.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 77.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 90.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 83.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 90-91.
- ↑ terrorism knowledge base memorial institute at tkb.org
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 108-109.
- ↑ Gaïdz Minassian, op. cit., p. 114.
Bibliographie
- (en) Michael M. Gunter, “Pursuing the Just Cause of Their People”: A Study of Contemporary Armenian Terrorism, New York, Greenwood Press, 1986.
- (en)Francis P. Hyland, Armenian Terrorism: The Past, The Present, The Prospects, Jérusalem, Westwiew Press, 1991.
- Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Presses universitaires de France, 2002.
Ouvrage issu d'une thèse de doctorat en sciences politiques.
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