- Boko Haram
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Boko Haram Idéologie Islamisme Objectifs instauration de la sharia au Nigéria (celle-ci étant déjà en application dans le Nord du pays) Statut Actif Fondation Date de formation 2004 Fondé par Mohamed Yusuf Pays d'origine Nigeria Actions Zone d'opération Nigeria (nord-est) Période d'activité 2004-présent Organisation Chefs principaux Abubakar Shekau Sanni Umaru modifier Boko Haram est un mouvement islamiste extrémiste armé actif au nord-est du Nigeria, principalement dans les États de Borno, de Yobe et de Bauchi.
Le groupe, activement combattu par les forces armées nigérianes, s'est illustré par une série de violences à l'encontre du gouvernement, des chrétiens et de la population musulmane des régions où ils ont implantés. Prônant un islam radical et rigoriste, l'idéologie du mouvement s'inspire des Talibans d'Afghanistan[1], rejetant la modernité et visant à instaurer la charia dans les provinces au Nord du pays.
Sommaire
Idéologie
Le nom de Boko Haram signifie « l'éducation occidentale est un péché »[2]. Boko (de l'anglais « book ») est un alphabet latin créé par les Européens pour transcrire la langue haoussa et par dérivation, il désigne l'école laïque. « Haram » est un mot arabe signifiant « interdit » ou « illicite » dans l'islam[3],[4],[5],[6].
Dénonçant la corruption des politiques et les privilèges des nantis, Boko Haram souhaite instaurer la charia et un État islamique au Nigéria[7].
Selon l'avis d'experts en réponse à des rumeurs prêtant à la secte des liens avec Al-Qaïda, les deux groupuscules poursuivent des objectifs différents[8]. Bien que tous deux opposés à la modernité et aux valeurs occidentales, Boko Haram se distingue par des attaques essentiellement anti-gouvernementales et non envers des intérêts occidentaux. De plus, ses membres se revendiquent des Talibans Afghans sans pour autant entretenir de liens directs avec eux. Cependant à partir de 2010 et surtout des attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Hakam ait tissé des liens avec Al-Qaida au Maghreb islamique (l'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien)[9]. Selon Athmane Tazaghart, essayiste et spécialiste de l'islam radical, Boko Hakam serait ainsi passé d'une secte salafiste réactionnaire à une formation djihadiste pratiquant le terrorisme islamiste.
Histoire
Fondation et endoctrinement
Boko Haram est fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri, capitale de l’État de Borno. C'est d'abord une mosquée dotée d'une école coranique où les familles pauvres peuvent envoyer leurs enfants[7]. L'organisation se politise et attirent alors de jeunes étudiants en rupture de ban à l'université. Selon le journal Rationalist International, un mouvement connu sous le nom de « Disciples du Prophète » (Al Sunna Wal Jamma), se revendiquant également des Talibans afghans, fut la source de violences au sein de Damaturu, capitale de l’État de Yobe, le 31 décembre 2003[10]. Durant l'attaque, le groupe manifeste son hostilité envers le régime de Umaru Yar'Adua en vandalisant des postes de police afin de se procurer des armes et des munitions. Il occupe temporairement la localité de Kanamma, proche de la frontière avec le Niger, entraînant l'exode de la moitié de ses habitants.
De 2004 à 2009, des heurts souvent violents opposent ses militants aux forces de sécurité. Le gouvernement sous-estime le danger prenant la secte pour un groupuscule d'illuminés sans soutien[7]. En 2006, Mohamed Yusuf fait l'objet d'une enquêtes pour des activités jugées illégales, mais l'instruction est abandonnée[8]. Le gourou est arrêté à plusieurs reprises, notamment le 13 novembre 2008 pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public ». Néanmoins, il est relaxé sur décision de la cour.
Conflit armé de 2009 et mort de Mohamed Yusuf
Le 26 juillet 2009, une nouvelle série de violences débute après une attaque simultanée des islamistes dans quatre États du Nord du Nigeria, (Bauchi, Borno, Yobe et Kano). Le gros des combats opposent les troupes gouvernementales aux membres de l'organisation à Maiduguri et dure cinq jours. Selon Umaru Yar'Adua, l'opération des forces armées nigérianes devait mener à la chute définitive du mouvement fondamentaliste. Le 30 juillet 2009, les forces de sécurité infligent une sérieuse défaite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale. Le bilan des combats s'élève à plus de 700 morts dont au moins 300 militants islamistes. Mohamed Yusuf, capturé à Maiduguri, est exécuté par les soldats[11]. Les combats cessent en milieu de journée.
Le 14 août 2009, Sanni Umaru, membre de Boko Haram se présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance un appel au jihad au Nigeria dans une lettre datée du 9 août[12]. Il reconnaît la mort d'au moins 1 000 membres de la secte suite aux combats de juillet 2009.
Poursuite du mouvement et attentats
Après l'échec de leur insurrection, d'août 2009 à août 2010, de nombreux membres de Boko Haram se sont enfuis au Niger et au Tchad, la secte reste discrète et se réorganise en secret à Maiduguri[13]. En septembre, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi réussissant à libérer 700 prisonniers dont 150 adeptes.
Noël 2010 est l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens, attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts[14].
À partir d'avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boisson et des bâtiments officiels[15]. L'élection présidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan est l'occasion d'autres attentats qui font une dizaine de morts[16]. Le 21 juin, une dizaine d'hommes armés attaque la ville de Kankara dans l'État de Katsina, incendie un poste de police, libère les détenus et pille une banque, tuant 7 personnes dont 5 policiers[17].
La volonté affichée du gouvernement à partir de juillet 2011 de négocier avec Boko Haram n'empêche pas celle-ci de poursuivre la lutte armée[18] et de revendiquer l'attentat kamikaze contre la représentation des Nations unies à Abuja le 26 août 2011 au cours duquel 18 personnes trouvèrent la mort[19].
Le 4 novembre 2011, le quartier chrétien de Damaturu a été pris pour cible par Boko Haram, faisant 130 morts chez les chrétiens, et détruisant dix églises. Après cet attentat, 100 personnes sont portées disparues. Avant d'assassiner les chrétiens, les membres de Boko Haram ont attaqué des postes de police, la préfecture de police, et une base militaire. Ils avaient pour but de tuer quiconque ne voulait pas adhérer à l'Islam. Boko Haram est affilié à Al Qaïda, et veut débarrasser le Nigéria et les états du nord de tout chrétien, en imposant la charia[20].
Références
- « Qui sont ces « talibans » du Nigeria », dans El Watan, 29 juillet 2009 [texte intégral]
- AFP, « Plus de 260 morts dans les combats entre police et "talibans" », dans Jeune Afrique, 29 juillet 2011 [texte intégral]
- (en) « Nigeria's 'Taliban' enigma », dans BBC News, 28 juillet 2009 [texte intégral]
- (en)maguzawa.dyndns.ws (dictionnaire haoussa-anglais)
- (en) Florian Coulmas, The Blackwell encyclopedia of writing systems, Wiley-Blackwell, 1999 (ISBN 063121481X), p. 196
- (en) Peter K. Austin, One Thousand Languages: Living, Endangered, and Lost, University of California Press (ISBN 0520255607), p. 64
- Malika Groga-Bada, « Nigeria : Boko Haram, la secte des assassins », dans Jeune Afrique, 27 juillet 2011
- (fr) Al-Qaïda et Boko Haram : même combat ? BBC Afrique.com, 6 août 2009
- Nicolas Champeaux, « Attentat au Nigeria : quels sont les liens entre Boko Haram et Aqmi ? », dans RFI, 27 août 2011 [texte intégral]
- (fr)Les Talibans du Nigeria à la conquête du pouvoir Rationalist International.net, 22 janvier 2004
- Nigeria: le chef des "talibans" tué, 600 morts en cinq jours tv5.org, 30 juillet 2009
- (en)Boko Haram - We're Ready for Battle, New Leader SaysAllAfrica.com, 15 août 2009
- Adrien Hart, « Nigeria : Boko Haram, ennemi public numéro 1 », dans Slate, 23 juillet 2011 [texte intégral]
- « Plusieurs attaques contre des églises au Nigeria, à la veille de Noël », dans Le Monde, 25 décembre 2010 [texte intégral]
- AFP, « Nigeria : trois bombes pour un dimanche de Pâques », dans Jeune Afrique, 25 avril 2011 [texte intégral]
- « Nigeria : Goodluck Jonathan investi, les bombes continuent d'exploser », dans Jeune Afrique, 30 mai 2011
- « Nigeria : Boko Haram multiplie les attentats », dans Jeune Afrique, 21 juin 2011
- « Le Nigéria va entamer des négociations avec une secte islamiste », dans Jeune Afrique, 31 juillet 2011
- « La secte islamiste Boko Haram revendique l'attentat contre l'ONU au Nigeria », dans Le Monde, 26 août 2011 [texte intégral]
- http://www.portesouvertes.fr/informer/lettres-de-nouvelles/filrouge/2011/novembre/nigeria-un-quartier-chretien-devaste/
Catégories :- Faction armée islamiste
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