Bois-du-Luc

Bois-du-Luc

Bois-du-Luc est l'un des plus anciens charbonnages de Belgique se situant à Houdeng-Aimeries, actuelle commune de La Louvière, et dont l'activité a cessé en 1973. La cité ouvrière a été construite entre 1838 et 1853. Le site a fait l'objet d'une réhabilitation et d'une mise en valeur culturelle.

Le chassis à molettes du "Bois-du-Luc"

Sommaire

Site minier du Bois-du-Luc, lieu dimplantation

La cité ouvrière du "Bois-du-Luc"

Classé Patrimoine exceptionnel de Wallonie, le site minier du Bois-du-Luc, est implanté au cœur du bassin du Centre dans la Province du Hainaut. Entre Mons et Charleroi, ce bassin ponctue le centre du sillon charbonnier qui court du Borinage à la Basse Sambre. La Louvière est considérée comme le centre de cette région. Surgie du néant en 1869, La Louvière est une de ces villes-champignons, qui se sont proliférées sous limpulsion de lindustrialisation. La fusion de plusieurs facteurs, dont la prédominance du charbon, le développement de voies de communication (chaussées, chemin de fer, canal du Centre), lalliance avec le capital, la consolidation des mutations technologiques de la Révolution industrielle et lessor démographique, conduit le bassin du Centre vers un intense rayonnement industriel qui samorce dans la première moitié du XIXe siècle pour sétioler dans la seconde moitié du XXe siècle. Une concentration dentreprises assure à ce bassin un développement hétérogène. Verreries, faïenceries, entreprises de construction métallique et mécanique, industries alimentaires et vestimentaires entre autres sinstallent autour des charbonnages.

Historique de l'exploitation

La maison du gérant.

Sur les deux rives du Thiriau du Luc, Bois-du-Luc couvre lensemble des réalisations techniques et sociales de lune des plus anciennes Mines de charbon de Belgique. Née le 14 février 1685 pour résoudre des problèmes dexhaure liés à lapprofondissement des travaux dextraction, la Société du Grand Conduit et du Charbonnage de Houdeng constitue un des exemples les plus lointains de structure capitaliste qui réunit des mineurs pour résoudre des problèmes techniques et des bourgeois pour soutenir financièrement les premiers. La Société du Bois-du-Luc condense à elle seule lépopée charbonnière qui sillonne le bassin du Centre. En 1973, la fermeture de son siège du Quesnoy (Trivières) scelle définitivement lextraction du charbon dans la région.

Lutilisation de conduits en bois à une trentaine de mètres de profondeur permet à la Société de multiplier les fosses (Sainte-Barbe, Estrefagne, dEn Bas, du Petit Bois…) pour répondre à la demande croissante de charbon. La Société équipe en 1779 la fosse du Bois dune machine à feu, mise au point par langlais Thomas Newcomen et actionnée par la vapeur, pour élever leau à 112 mètres de profondeur.

Lintroduction de cette machine inaugure la voie empruntée par la Société du Bois-du-Luc vers une modernisation constante de ses équipements : machine de Watt, cages dascenseurs, marteaux pics, électricité...

Au début du XIXe siècle, la Société crée de nouveaux sièges sur le territoire, dont les traces effacées du paysage hennuyer.

En 1846, la Société ouvre la fosse Saint-Emmanuel sur la rive gauche du Thiriau. Cette fosse est lune des plus prospères et représente un des témoignages les plus accomplis du paternalisme en Europe.

La Cité ouvrière, les équipements et le paternalisme

Pour assurer une professionnalisation de la main-dœuvre et pour lattacher au charbonnage, la Direction fusionne les lieux de production et les lieux de vie. Elle entreprend en 1838 la construction dune cité pour attirer par lappât du logement une main-dœuvre devenue indispensable avec louverture prometteuse du puits Saint-Emmanuel. La cité reprend lidée du complexe urbanistique au service de lindustrie fondé par Henri-Joseph Degorge au Grand-Hornu. Des conceptions utopistes (amélioration de la condition ouvrière, communautarisme) et utilitaires (rendement et surveillance) sallient dans les manœuvres des capitaines de lindustrie qui regorgent dinventivité dans la gestion des ressources humaines. Des complexes similaires sérigent dans les bassins industriels européens (Familistère de Godin à Guise, chocolaterie de Menier à Noisiel, filatures dOwen à New Lanark…) ou parfois, ne dépassent pas les frontières de limaginaire de quelques utopistes (Morris, Charles Fourier, certaines parties du projet de Claude-Nicolas Ledoux…).

Les équipements du site

L'hôpital.

Lensemble social comprend des logements de toutes les catégories professionnelles (du mineur au directeur), des infrastructures religieuses, sanitaires, éducatives et culturelles. Il dialogue avec les lieux du travail de surface (bureau du directeur et des employés et ateliers) et du travail de fond cantonné à la fosse Saint-Emmanuel. Celle-ci comprend dès 1846 les puits dextraction (558 mètres de profondeur) et dexhaure se loge à partir de 1921 les bains-douches des femmes. Entre ces deux puits est construit, au début du XXe, un bâtiment qui abrite la salle des porions, la lampisterie et les bains-douches des hommes. La salle du ventilateur et la sous-station électrique (1920) équipent complètement la fosse. Le triage lavoir et les fours à coke ont été détruits. Plusieurs terrils ceinturent le site et toisent lélégant châssis à molettes (1913) intégré dans le puits dextraction.

La cité ouvrière

162 maisons ouvrières sont construites entre 1838 et 1853. Les corons affectent la forme dun trapèze divisé en quatre parties par deux axes perpendiculaires. A lintérieur de chaque carré, lespace laissé libre est divisé en jardins. La brique et la pierre (couronnements des pilastres, impostes et appuis de fenêtres) sont les principaux matériaux. Les quatre points cardinaux désignent les rues et évoquent directement le travail minier (galeries). Ce type durbanisme permet de construire un maximum de logements dans un espace limité et aussi, dexercer une surveillance permanente sur ceux-ci. Cette surveillance est renforcée par la présence de la maison du gérant (1844) qui est partiellement intégrée à la cité via laxe nord-sud. Pour soigner la vue du directeur sur ses installations, on décide dembellir la rue du Midi. Des pilastres qui isolent chaque maison, deux allées darbres et une largeur doublée signalent limportance du directeur. La transition de la rue du Midi à la rue du Nord seffectue par les façades de lépicerie et du café.

L'église Sainte-Barbe

Les équipements sociaux

La Direction équipe la cité de services qui assurent à la fois le bien-être et la docilité des ouvriers. Les ouvriers se nourrissent (épicerie, moulin brasserie, boucherie), se délassent (café, somptueuse salle des fêtes en 1923, parc et kiosque en 1900), se soignent (hospice en 1861, hôpital en 1909), séduquent (écoles et bibliothèques entre 1849 et 1921) et prient (église Sainte Barbe en 1905) dans une cité isolée du tissu urbain et de ses influences « délétères» (syndicats, recrutement…).

Un arsenal de loisirs (fanfare, balle pelote, gymnastique, football, ligue horticole…) et de services (première cité à recevoir léclairage électrique en Belgique, distribution de leau, mutualité Sainte Barbe, caisse dépargne…) complètent lœuvre urbanistique.

Le kiosque.

Lautosuffisance oriente le mode de vie de la cité et aussi le mode dorganisation du travail : les ateliers (de mécanique, menuiserie, fonderie et divers petits artisanats) répartis autour dune cour fabriquent et réparent loutillage nécessaire à lexploitation minière ainsi que le mobilier des habitations. Des portes à guillotines (1896) assurent une fermeture rapide et hermétique des espaces du travail : fosse Saint-Emmanuel, bureaux et ateliers.

Architecture des bâtiments

La cité, les deux puits et les ateliers sexpriment dans le style néo classique. Les volumes sont simples : cercles, triangles et carrés (baies en plein cintre, frontons triangulaires…). La symétrie crée une ordonnance et une homogénéité, translation dans lespace de la fusion du travail avec la vie privée. Le néo classicisme, qui naît vers 1750 en opposition à lexubérance du rococo et du baroque tardif, satisfait les exigences des industriels qui veulent construire des bâtiments fonctionnels, solides et simples. La première machine dextraction à deux cylindres (1842) est insérée dans un triple portique en fonte cannelée dont le traitement esthétique est semblable à celui de la cité. Lattachement à la tradition rurale est tenace : les ateliers se répartissent autour dune cour sur le modèle dune bâtisse agricole.

Lappareillage est modeste et sautorise à créer de subtils effets esthétiques pour desservir une symbolique notamment dans la rue du Midi avec les pilastres en saillie qui ponctuent la perspective dautorité du centre de la cité à la maison du directeur.

Léglise, lhospice, lhôpital, la sous-station électrique et les portes à guillotines optent pour un style éclectique, plus ou moins attiré par lesthétique médiévale (architecture défensive), qui utilise aussi les ressources de lindustrialisation (colonnes en fonte, sheds, fac-similés des matériaux etc.). Les références à un style du passé (antiquité gréco romaine et Moyen Age) répondent à des exigences fonctionnelles ainsi quà des désirs dune représentation sobre et ponctuelle. On est loin du triomphalisme quexaltent les Salines de Chaux conçues par Claude Nicolas Ledoux en 1773. A Bois-du-Luc, lexpression architecturale, plus conventionnelle, hérite de la rupture entre la science et la technique et les arts : lauteur présumé des corons et des deux puits, Victorien Bourg, est un ingénieur qui se préoccupe avant tout de lutilisation rationnelle de lespace et les Hommes.

Restauration et valorisation du site : l'écomusée

En 1973, la Société du Bois-du-Luc sarrête après une genèse de 300 ans. La fosse Saint-Emmanuel est fermée en 1959 sur décision de la Communauté Européenne du Charbon et de lAcier (CECA). Les habitants obtiennent le rachat des Corons par la Région wallonne et leur restauration par lInstitut National du Logement. La partie industrielle en ruines frôle loubli.

Grâce aux efforts de sensibilisation menés par labbé Robert Pourbaix (descendant de deux « comparchonniers » cosignataires du contrat de constitution de la mine signé le 14.02.1685),

Pierre sculptée avec un cartouche au nom d'Auger Pourbaix et millésime 1685.

linitiateur du Groupe danimation culturelle ayant fondé le musée de la mine, et au Cercle Hennuyer dHistoire et dArchéologie Industrielles (CHAI), cette partie est rachetée par lEtat en 1979 et est ensuite, restaurée. Le premier écomusée belge prend ses quartiers dans les bureaux du charbonnage et assure une valorisation du site minier et plus largement, de la mémoire industrielle avec la participation de la population locale. La collecte des témoignages matériels et oraux irrigue cette mission fondamentale avec notamment la réalisation dexpositions temporaires qui mettent en exergue les entreprises qui furent les fers de lance de la Wallonie ainsi que les relations entre lart et la mine (cycle Extraire). Bois-du-Luc accueillera prochainement le SAICOM (Sauvegarde des Archives Industrielles du Couchant de Mons) assurant ainsi une indispensable complémentarité des archives charbonnières et industrielles. Depuis 2000, le visiteur peut découvrir tous les rouages du charbonnage, depuis laustère bureau du directeur jusquà sa remontée des entrailles de la terre, à travers le parcours « Entre Homme et Machine ». Au fil du récit dun mineur, vous découvrez les bureaux, les ateliers, la fosse Saint-Emmanuel et vous terminez au cœur de la cité dans une maison ouvrière exceptionnellement conservée.

Bibliographie

  • Pourbaix Robert (Abbé R.), Découvrir Bois-du-Luc, Souvenir vivant de l'industrie charbonnière, Éditions du Babos, s. l., s. d.
  • Pourbaix Robert (Abbé R.), La grande histoire dun petit peupleLes charbonniers de Bois-du-Luc, Fédération de Tourisme du Hainaut, 1983.
  • Bois-du-Luc, un écrin majestueux la vie des mineurs se raconte, Guide - Ecomusée régional du Centre, 2004, 98 p.
  • Jacques Liébin et Evelyne Masure-Hannecart, Bois-du-Luc : un site charbonnier du XIXe siècle, éd. Pierre Mardaga, coll. "Musées vivants de Wallonie et de Bruxelles", 1987

Liens internes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bois-du-Luc de Wikipédia en français (auteurs)

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