- Blondel de Nesle
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Blondel de Nesle (entre 1175 et 1210) poète, trouvère et seigneur du nord de la France, écrivit vingt-quatre chansons courtoises.
Il s'attache à Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, devient son confident et le suit dans toutes ses expéditions. On cite Blondel comme un modèle de fidélité : on raconte qu'après de longues recherches, il découvre la prison où Léopold V de Babenberg, duc d'Autriche, a enfermé le roi anglais, et que c'est en chantant une romance qu'il avait composée avec ce prince qu'il s'en fait reconnaître.
Sommaire
Le conte de Blondel
Le conte de Blondel est un conte médiéval, consacré à la quête du troubadour Blondel de son seigneur et ami, le roi anglais Richard Cœur de Lion, et à la libération du souverain.
Contexte historique
En 1192, le roi Richard Cœur de Lion, de retour de la croisade, fut capturé près de Vienne par les troupes du duc d’Autriche Léopold V. Il fut d'abord détenu au château fort de Dürnstein, avant d'être livré à l'empereur Henri VI le 28 mars 1193 à Spire. Il fut sans doute transféré le 4 février 1194 au Trifels dans la Forêt du Palatinat, avant de recouvrer la liberté contre une très forte rançon.
Le conte
Le conte rapporte comment le trouvère Blondel, parti en quête de Richard Cœur de Lion, va de château en château à travers l'Allemagne. Ayant finalement retrouvé le roi prisonnier à la forteresse de Trifels, il parvient à le faire s'évader avec l'aide d’un parti d’alliés.
L’historien local Friedrich Wilhelm Hebel, dans la version modernisée qu'il a donnée de ce conte en 1912, à la grande époque de l’Historicisme, décrit cet épisode de la façon suivante[1]:
- Richard Cœur de Lion au Trifels
- Le roi Richard d'Angleterre, qui avait insulté la bannière de Léopold V d'Autriche sur les remparts de Ptolémaïs lors d'une croisade, fut capturé par ce dernier à son retour et conduit au château de Dürrenstein sur le Danube. Mais Henri VI était d'avis que seul un empereur pouvait incarcérer un roi, et fit conduire Cœur-de-Lion au donjon de Trifels, où il fut privé de liberté pendant dix mois.
- Personne ne savait où se trouvait le héros au courage de lion. Son fidèle héraut Blondel alla chantant de château en château, pour rechercher son bon roi. Un jour il arriva devant le donjon de Trifels et entonna un chant connu de lui seul et du roi. Alors qu'il venait de finir le premier couplet, le second couplet résonna depuis la tour en réponse. « Ô Richard, ô mon roi! », cria Blondel au solitaire.
- Il se hâta de regagner la vallée et revint bientôt fort d'une cinquantaine d'hommes au Trifels, dont il s'empara malgré une vive résistance. Et bientôt le chant des amis se remit à résonner à travers les vastes salles, et on peut encore l'y entendre aujourd'hui aux heures de solitude.
Ce récit, qui apparut dès le XIIIe siècle, fut embelli au fil des siècles et s'éloigna de plus en plus de l'exactitude historique. L'épisode le plus fantaisiste est celui de la prise du château : les chroniqueurs contemporains de Richard n'en parlent pas.
Le conte, dans sa forme primitive, parut vers 1260 dans les Récits d’un Ménestrel de Reims, une chronique romancée de la Croisade. On le redécouvrit au XVIIIe siècle, et il devint célèbre avec l’opéra Richard Cœur de Lion de Grétry (1784).
Il existe en Autriche une histoire similaire à propos du château de Dürnstein, où Richard Cœur de Lion fut détenu avant son transfert au château de Trifels, mais il n'y est pas question d'un coup de force pour le libérer .
Postérité littéraire
Ce sont surtout les chroniqueurs anglais qui firent passer l'idée que Richard avait subi l'humiliation du cachot : les chroniqueurs étrangers parlent plutôt d'un détenu traité noblement.
La description des dures conditions de détention du monarque est certainement exagérée, car le roi Richard était un otage trop précieux pour que l'empereur Henri VI puisse se permettre de le maltraiter : il ne représentait pas seulement l'espoir d'une forte rançon, mais aussi un otage contre les princes guelfes menés par Henri le Lion, le rival d'Henri VI. Henri le Lion avait toujours soutenu Richard contre l'empereur. Pour ne pas être livré à son pire ennemi, Philippe-Auguste, Richard employa ses talents de diplomate à réconcilier Henri VI et les princes rebelles d'Allemagne.
L’historien Theodor Toeche (1837–1919), s'appuyant sur les lettres de Richard et les récits de contemporains neutres, dresse le tableau suivant de la situation :
« Il avait la permission de se déplacer dans le pays à condition d'être accompagné de chevaliers teutoniques. Il avait tout loisir de s'entretenir avec les amis et compatriotes venus d'Angleterre pour l'encourager ou le conseiller. Il n'y a que la nuit qu'il devait rester seul. Et le roi ne perdit rien de sa bonne humeur ; ceux qui le voyaient le trouvaient joyeux et plein d'entrain. Ses principales distractions étaient le jeu, la lutte et les beuveries qu'il partageait avec ses gardes, et la retraite solitaire dans ses appartements. »
Le conte a fourni à Michel-Jean Sedaine le sujet de son opéra de Richard mais rien n'est moins authentique.
La comédie musicale Blondel de Tim Rice et Stephen Oliver (1983) s'inspire d'assez loin du conte médiéval : le soin que le trouvère Blondel prend à libérer le roi Richard Cœur de Lion n'a pour but que de le faire connaître en tant que popstar.
Notes et références
- Friedrich Wilhelm Hebel: Der englische König Richard I. Löwenherz als Gefangener auf Burg Trifels. In: Reither/Seebach
Annexes
Bibliographie
- Récits d’un Ménestrel de Reims. Edition Natalis de Wailly. Paris 1876
- Prosper Tarbé a publié en 1862, d'après les manuscrits, 34 chansons de Blondel.
Source
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