- Blechhammer
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Le nom de Blechhammer (Blachownia en polonais, בלכהמר) est plus communément utilisé pour faire référence à un ensemble de camps de prisonniers, camps de travail, camps disciplinaires et camp de concentration durant la Deuxième Guerre mondiale. Le camp de Blechhammer fait également référence au camp de travail des Juifs, ZAL, (Zwangsarbeitslager für Juden).
Blechhammer est le nom allemand de la petite ville actuelle de Blachownia, situé entre le village de Sławiecice et la ville de Kędzierzyn-Koźle en Haute-Silésie dans le sud de la Pologne. Cette région était allemande jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la ville actuelle de Kędzierzyn-Koźle est issue de la réunion administrative des deux anciennes villes allemandes de Kandrzin et de Cosel. La ville de Kandrzin était plus connue sous le nom de Heydebreck pendant la guerre. Le village actuel de Sławiecice s’appelait alors Slawentzitz et Ehrenforst pendant la guerre. Après le redécoupage des frontières de la Pologne entériné lors de la conférence de Yalta en 1945, la région est devenue polonaise.
Le site industriel de la chimie de Blechhammer était également connu des forces alliées américaines sous les noms de Blechhammer north pour l’usine actuelle de Blachownia Sląska et Blechhammer south pour l’usine actuelle de Zakłady Azotowe Kędzierzyn SA (ZAK). Les deux sites de la chimie ont en effet été lourdement bombardés durant le dernier conflit à cause de l’intérêt stratégique des installations industrielles et de l’essence synthétique que l’on y fabriquait pour le compte de la Wehrmacht. Blachownia Sląska (anciennement Blechhammer north) est situé à l’est de la ville de Kędzierzyn alors que Zakłady Azotowe Kędzierzyn est situé au sud de la même ville. Environ 45 000 personnes ont été internées dans les divers camps construits autour des deux centres de la chimie et dans la proche région. L’ensemble de ces camps reste donc connu sous le terme de Blechhammer.
Les différents camps du site de Blechhammer nord
Liste des camps répartis autour du centre industriel de Blechhammer north (Blachownia Sląska) :
- Firmenlager (camp pour les cadres techniques Allemands et autres nationalités, répartis sur 3 camps distincts),
- Mädchenlager (camp de travail pour les femmes des environs de Blechhammer situé à Blachownia),
- Blechhammerlager (camp de travaux forcés pour Russes et Polonais),
- Kanallager BAB-21 (Les camps de prisonniers de guerre POW étaient constitués de bataillons de travail BAB (Bau und Arbeitsbataillonen) de prisonniers de guerre Britanniques provenant du Stalag VIII-B de Lamsdorf)[1],
- Wiesenlager (camp de prisonniers Russes, Polonais, Anglais, Belges, Yougoslaves, Bulgares),
- Waldlager (camp des Italiens et autres prisonniers de guerre),
- Strafgefangenenlager (camp disciplinaire pour prisonniers Russes, Polonais et Français),
- Lagerehrenforst (camp de travaux forcés situé à Erhenforst - Sławiecice pour prisonniers Polonais, Tchèques et Yougoslaves),
- Meisterlager (camp destiné aux agents de maîtrise et aux spécialistes métiers),
- Justizstrafgefangenenlager (camp disciplinaire pour délinquants sauf les Russes et Polonais),
- A.E.L Arbeitserziehungslager (camp disciplinaire destinés aux personnes soupçonnées d'évasion et réfractrices à la discipline du camp),
- Dorflagerwest (camps de travaux forcés pour prisonniers Ukrainiens, Yougoslaves et Polonais),
- Unruhelager (camp de travail disciplinaire),
- Dorflager (camp pour travailleurs libres Allemands non mobilisables),
- Bahnhofslager (camp de concentration toutes nationalités mais essentiellement Polonais),
- Judenlager[2] (camp de concentration pour Juifs d'origines diverses),
- Mädchenlager (camp de travail obligatoire pour les femmes des environs situé à Erhenforst - Sławiecice),
- Schleusenlager (camp de travail pour prisonniers Français situé à Erhenforst - Sławiecice),
- Krankenhaus (hôpital destinés aux travailleurs Allemands et Polonais),
- Donaulager (camp de travailleurs pour la construction du canal Oder/Danube)
L’ensemble des camps alimentaient en main-d’œuvre les usines des deux centres de la chimie et principalement les usines IG Farbenindustrie à Kędzierzyn-Süd et Oberschlesische Hydrierwerke AG à Blachownia. Cette dernière fabriquait de l'essence synthétique à partir du charbon pour l'approvisionnement des blindés de la Wehrmacht et les avions de la Luftwaffe . Aussi le caractère stratégique du site a rapidement amené les alliés à détruire le complexe de la chimie. Au total, 15 raids de bombardements seront menés sur les 2 centres. L'usine de Blachownia sera bombardée à 9 reprises dès juillet 1944 par des flottilles de B-24 Liberator venues de bases italiennes.
Il n’existe aujourd’hui pratiquement aucune trace de ces camps. Par contre un nombre impressionnant de bunkers, casemates, tunnels sont visibles sur tous les secteurs qui avoisinent les usines.
Le camp de travail puis camp de concentration de Blechhammer - Bahnhofslager/Judenlager
Le camp de Blechhammer a été construit en avril 1942 dans la forêt à 2 km au sud du village de Sławiecice (Ehrenforst). Il s'agissait au départ d'un camp de travaux forcés pour les juifs qui étaient envoyés en camp de travail dans le cadre de l'organisation Schmelt[3]qui réquisitionna la main d'œuvre juive entre 1940 et 1944.
Les premiers prisonniers, 3056 déportés (n°76.330 à n°76.461) ont participé à la construction de l’usine Oberschlesische Hydrierwerke AG destinée à la fabrication de l'essence synthétique. Très tôt, le typhus a sévi dans le camp et 120 prisonniers ont été renvoyés à Auschwitz-II Birkenau. Le camp était commandé par le SS Lagerführer Heidrich Schwarz. La population du camp atteignit 4500 prisonniers avec l'arrivée de Juifs en provenance de 16 pays d’Europe. Le camp était composé de 25 baraques dont quelques-unes étaient réservées pour une section séparée de 200 femmes juives. Un témoignage[4] rapporte que des enfants avaient été également internés et utilisés comme main d'œuvre dans le complexe industriel mitoyen. En avril 1944, le camp fut rattaché au camp d’Auschwitz III-Monowitz et fut placé sous le commandement du Hauptsturmführer Otto Brossmann[5] qui fut remplacé à son tour en novembre 1944 par l’Untersturmführer Kurt Klipp[6]. En janvier 1945, la population du camp atteint un pic de 5500 prisonniers. Un four crématoire fut construit, 1500 prisonniers y furent incinérés.
Le camp de Blechhammer était organisé en deux camps distincts sur le même site, le camp Bahnhofslager pour les Polonais et autres nationalités, et le camp Judenlager pour les Juifs en provenance de divers pays d’Europe. La section des femmes était située dans le camp Judenlager.
Le Judenlager était hermétiquement ceint de hautes palissades de 4 mètres de haut constituées de plaques de béton fixées entre des poteaux en béton toujours visibles aujourd'hui et surmontés de barbelés. La surveillance des alentours du camp était effectuée à partir de miradors en béton intégrés aux palissades. Des casemates individuelles et un bunker antiaérien furent construits dès le début des bombardements du site industriel dès juillet 1944. L'accès au camp Bahnhofslager et Judenlager était strictement interdit aux autres prisonniers des autres camps.
La main-d’œuvre du camp était louée aux entreprises du complexe industriel ainsi que pour la construction de routes et d’abris anti-aérien. Les prisonniers étaient organisés par escouades de travail de 100 à 200 ouvriers. Ils étaient logés dans des baraques en bois, chacune organisées en 6 dortoirs de 30 à 40 prisonniers. Le camp ne disposait pas d’installations sanitaires, tout au plus quelques toilettes et douches dans une baraque séparée.
Des Juifs[7] de la ville de Cosel (Koźle) et de Silésie ont été internés à Blechhammer. La population juive du camp était constituée de 75% de juifs polonais, les 25% restants étant principalement des juifs d'origine hollandaise, belge, française et allemande.
80 résistants Français vosgiens non Juifs ont également été internés du 30 novembre 1944 à janvier 1945 (10 seront assassinés par piqûre dès le lendemain car déclarés porteurs d'une maladie contagieuse) dans le Block 28 du camp Bahnhofslager puis transférés dans un bloc du Judenlager lors de l'arrivée de prisonniers en provenance des sous-camps de Gleiwitz juste avant l'évacuation du camp.
Quelques autres détenus non juifs étaient constitués par des prisonniers de droit commun allemands.
En janvier 1945, devant l'avancée de l’Armée rouge, les Allemands procédèrent à l’évacuation du camp qui fut partiellement incendié par les SS. L’évacuation sera dirigée par l’Untersturmführer Kurt Klipp. Les 4000 prisonniers de Blechhammer, dont 150 femmes, seront rejoints par 6000 prisonniers provenant des camps de Neu-Dachs (Jaworzno), Gleiwitz[8] (Gliwice) I, III et IV. Cette terrible marche de la mort qui commença le 21 janvier 1945, ( à Auschwitz, situé à environ 90 km, elle commença le 18 janvier 1945), les mena jusqu’à Gross-Rosen le 2 février 1945, sauf pour 800 d’entre eux qui furent abattus durant la marche. Les survivants furent envoyés par wagons à bestiaux vers Buchenwald dans un premier temps (pour les Juifs) et Dachau (pour les prisonniers de guerre). Le pilonnage de ces trains par les alliés causa de nombreuses victimes supplémentaires.
Aujourd’hui le site de l’ancien camp est toujours visible. Les baraques ont disparu. Seuls restent les miradors bétonnés, des poteaux de l’ancienne clôture en béton et le four crématoire. Le site est libre d’accès, ce qui pose quelques problèmes de dégradations malgré la surveillance des autorités de la municipalité de Sławiecice.
Le camp de prisonniers Français de Blechhammer nord - Schleusenlager
Le camp de prisonniers Français de l'écluse (Schleusenlager) qui était situé à Ehrenforst en Allemagne durant la guerre (aujourd'hui Sławiecice en Pologne). L'écluse de Sławiecice régule le trafic fluvial sur la canal de Gliwice qui relie le fleuve Oder depuis la ville de Koźle (Cosel) jusqu'à Gliwice (Gleiwitz).
Hôpital de Blechhammer nord - Krankenhaus
L'hôpital du camp de Blechhammer nord appelé Betriebkrankenhaus était essentiellement destiné aux travailleurs Allemands et Polonais. Il s'agissait d'un hôpital très bien équipé avec salles de chirurgie et de radiologie. Les chambres pour malades étaient individuelles ou par 2. L'hôpital était construit avec une structure en bois. Trois bâtiments étaient agencés perpendiculairement à un bâtiment principal. Chaque bâtiment était dédié à une activité médicale : maladies contagieuses, chirurgie, médecine générale. Dans ce dernier bâtiment on y soignait les plaies, les fractures, on effectuait les radios, les poses de plâtres. Trois internes et médecins Français ont officié au Krankenhaus de juillet 1943 à juin 1944 et à la fin de la guerre pour certains dans le cadre du STO. Les médecins et internes Français étaient logés au Dorflager qui était un camp libre pour travailleurs Allemands. L'hôpital était dirigé par un médecin chirurgien Allemand du nom de Gossner qui passait une fois par semaine. Le personnel infirmier était constitué par des infirmières Allemandes. Les aides soignantes étaient Russes et Polonaises.
Le camp de prisonniers de Blechhammer sud
La construction de l'usine IG Farbenindustrie a commencé au printemps 1940. L'usine était située au sud de Keydebreck (Kędzierzyn), et le site existe aujourd'hui sous le nom de Zakłady Azotowe Kędzierzyn S.A.
Dès 1940, des prisonniers et déportés des pays occupés par le IIIe Reich ainsi que des travailleurs réquisitionnés (STO) sont installés un camp situé dans le nouveau quartier sud de Heydebreck (Heydebreck-Süd) à proximité de l'usine. 9963 prisonniers seront recensés en juillet 1944 dont 5027 Polonais, 1684 Français, 873 Italiens et 838 Russes.
L'usine IG Farben sera bombardée à 13 reprises entre le 7 juillet et le 26 décembre 1944. De nombreuses bombes tomberont sur le camp de prisonniers.
Le site de l'ancien camp sera démantelé en 1951.
Une stèle commémorative a été inaugurée en 2007 à l'initiative de M. Antoni Pawelak, ancien officier Polonais et responsable du démantèlement du camp dans les années 50.
- Kłodnica (Oderhafen), le E537 à Stara Kużnia (Althammer). Tous ces bataillons de travail dépendaient du Stalag VIII-B Lamsdorf. Les camps de prisonniers de guerre Anglais BAB (Bau und Arbeitsbataillonen) étaient localisés à Kędzierzyn pour les BAB 20 et BAB 40, et à Blachownia pour les BAB 21 et BAB 48. Ils comprenaient environ 1200 prisonniers. Les bataillons de travail E714 et E793 étaient situés à Blachownia, le bataillon de travail E794 était lui situé à Bierawa (Reigerfeld) sur le site de Blechhammer sud. D'autres bataillons de travail étaient localisés à proximité; le E153 à Cosel, le E155 à
- Le camp Bahnhofslager était mitoyen du camp Judenlager. Ils étaient donc situés sur le même site mais séparés par le camp de SS situé au milieu.
- L'organisation Schmelt était dirigée par le SS-Oberführer Albrecht Schmelt et employait au départ la main d'œuvre juive de Haute-Silésie orientale. En 1943, l'organisation Schmelt dirigeait 50 000 travailleurs forcés juifs dans 160 camps de travail.
- Un interne français travaillant dans le cadre du STO au Betriebkrankenhaus distant de 300 mètres du camp des juifs, alors inaccessible aux autres prisonniers des autres camps, rapporte avoir vu entre le milieu des années 1943 et 1944 un groupe d'enfants en pyjamas rayés venant du Judenlager et escortés par un soldat allemand se dirigeant vers l'usine.
- Otto Brossmann (né le 01/02/1889 à Brawin en Tchécoslovaquie) a été condamné à mort après la guerre mais sa condamnation a été commuée en prison à vie. Il est mort le 28/11/1957.
- Kurt Klipp (né le 19/09/1907) est mort du typhus en mai 1945.
- nuit de cristal. L’ancien cimetière Juif qui avait été saccagé pendant la guerre est aujourd’hui abandonné dans une forêt sur le territoire de la commune de Dębowa non loin du village de Renska Wieś, au sud de Kędzierzyn-Koźle. Avant la guerre, il existait une communauté juive à Cosel qui a disparu. La synagogue a été détruite en 1938 durant la
- Simone Veil est passée par Gleiwitz au cours de la marche de la mort depuis Bobrek.
Bibliographie
- Jules Fainzang, Mémoire de déportation. L’Harmattan (2002) (ISBN 2-7475-3393-X)
- Marcel Dejean, Avoir vingt ans dans les camps nazis. Éditions Mémoires d’Hommes (ISBN 2-84367-014-4) p69-p106.
- Témoignage d'Herman Idelovici, Automne 42, vidéogramme, CRDP de Nice.
Liens externes
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