v · 11 et
25 avril 2010, afin d'élire les 386 députés de la sixième législature de l'
Assemblée nationale (
Országgyűlés). Le scrutin s'est soldé par la large victoire de la
Fidesz-Union civique hongroise (Fidesz-MPS) et la déroute du
Parti socialiste hongrois (MSzP), au pouvoir depuis
2002.
Contexte : crise politique et économique
Peu après les élections de 2006, le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány avait reconnu avoir menti sur l'état des finances publiques du pays pour se faire réélire, au cours d'une réunion à huis clos du MSzP. Ses propos se sont par la suite retrouvés sur la place publique, déclenchant d'importantes manifestations se transformant en émeutes[1] et le boycott de l'Assemblée nationale par la Fidesz-MPS.
Le gouvernement de centre-gauche, constitué du MSzP et de l'Alliance des démocrates libres (SzDsZ), avait alors fait adopter un important plan de rigueur budgétaire, dont une partie a ensuite été annulée par référendum d'initiative populaire, ce qui a conduit à la dissolution de la coalition gouvernementale[2]. Le chef du gouvernement a finalement choisi de démissionner, et a été remplacé par le ministre de l'Économie, Gordon Bajnai, un ancien entrepreneur sans étiquette désigné au moyen d'une motion de censure constructive votée par le MSzP, la SzDsZ et le Forum démocrate hongrois (MDF).
La situation économique du pays s'est brutalement détériorée sous l'effet de la crise économique mondiale. La récession s'est établie à 6% du produit intérieur brut (PIB) en 2009, le taux d'inflation dépassait les 4%, de même que celui du chômage se maintenait au-dessus de 10% de la population active, le déficit budgétaire représentant encore 7% du PIB, et la dette publique 65%[3].
Mode de scrutin
L'Assemblée nationale de Hongrie comprend trois cent quatre-vingt six députés, élus pour un mandat de quatre ans selon un mode de scrutin mixte, proportionnel et majoritaire, en deux tours et à trois niveaux différents. 176 députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, chacun dans une circonscription électorale. En outre, uniquement lors du premier tour, les électeurs votent, dans vingt circonscriptions correspondant aux dix-neuf comitat et à la capitale, Budapest, pour une liste de candidats, les 146 sièges à pourvoir étant répartis à la proportionnelle par circonscription entre les listes ayant franchi le seuil de 5% des suffrages exprimés. Enfin, les 64 élus restants sont désignés à l'issue du second tour, au niveau national, par utilisation du total national des voix n'ayant pas permis d'élire des candidats, au niveau uninominal ou départemental.
Principaux partis et chefs de file
Résultats
Premier tour
Parti |
Scrutin uninominal |
Scrutin départemental |
Total sièges |
Suffrages |
Sièges |
+/- |
Suffrages |
% |
+/- |
Sièges |
+/- |
|
Fidesz-MPS |
2 175 312 |
119 |
+91 |
2 706 292 |
52,73% |
+6,98 |
87 |
+16 |
206 |
|
MSzP |
1 088 374 |
0 |
-34 |
990 428 |
19,30% |
-26,45 |
28 |
-41 |
28 |
|
Jobbik |
836 774 |
0 |
N/A |
855 436 |
16,67% |
+16,67 |
26 |
+26 |
26 |
|
LMP |
259 220 |
0 |
N/A |
383 876 |
7,48% |
+7,48 |
5 |
+5 |
5 |
TOTAL (participation : 64,20%) |
4 359 680 |
119 |
+53 |
4 936 032 |
96,11% |
N/A |
146 |
N/A |
265 |
Second tour
Parti |
Scrutin uninominal |
Liste nationale |
Total sièges |
Suffrages |
Sièges |
+/- |
Sièges |
+/- |
|
Fidesz-MPS |
620 232 |
54 |
+14 |
3 |
-24 |
57 |
|
MSzP |
326 361 |
2 |
-62 |
29 |
+12 |
31 |
|
Jobbik |
141 415 |
0 |
N/A |
21 |
+21 |
21 |
|
LMP |
43 437 |
0 |
N/A |
11 |
+11 |
11 |
TOTAL (participation : 46,64%) |
4 359 680 |
57 |
-53 |
64 |
N/A |
121[4] |
Répartition finale
Parti |
Uninominal |
+/- |
Listes |
+/- |
Total |
+/- |
|
Fidesz-MPS |
173 |
+105 |
90 |
-6 |
263 |
+99 |
|
MSzP |
2 |
-96 |
57 |
-31 |
59 |
-127 |
|
Jobbik |
0 |
N/A |
47 |
+47 |
47 |
+47 |
|
LMP |
0 |
N/A |
16 |
+16 |
16 |
+16 |
|
Indépendants |
1 |
± |
0 |
± |
1 |
± |
TOTAL |
176 |
N/A |
210 |
N/A |
386 |
N/A |
Analyse
A l'occasion de ce scrutin, la Hongrie prend un brusque virage à droite avec l'écrasante victoire de la Fidesz-Union civique hongroise de l'ancien Premier ministre Viktor Orbán, qui dépasse la majorité des deux tiers nécessaire pour procéder à des révisions constitutionnelles. Ce sentiment est confirmé au vu du score du Mouvement pour une meilleure Hongrie, formation d'extrême-droite qui réalise une percée fulgurante et talonne le Parti socialiste hongrois. Celui-ci, malgré sa tentative de renouvellement en présentant un jeune chef de file n'étant pas impliqué dans les scandales de la majorité sortante, n'a pu éviter une terrible déroute en perdant plus des deux tiers de ses élus, payant le prix de la rigueur budgétaire, des difficultés économiques et des mensonges de Ferenc Gyurcsány. La surprise vient en revanche du parti écologiste et libéral Une autre politique est possible, qui réussit son entrée au Parlement, que quitte en revanche les libéraux de l'Alliance des démocrates libres.
Conséquences
Suite à ces élections, Viktor Orbán a de nouveau été appelé à former le gouvernement, constituant son cabinet le 29 mai. L'une de ses premières mesures a été d'octroyer le droit à un passeport et à la nationalité hongroise à la diaspora dispersée dans les pays voisins, entraînant de féroces critiques de la part du gouvernement de Slovaquie notamment. Quelques mois après le scrutin, le président de l'Assemblée, Pál Schmitt, a été facilement élu à la présidence de la République du fait de la majorité qualifiée détenue par son parti, la Fidesz.
Notes et références
Annexes
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