- Birobijan
-
Oblast autonome juif
Oblast autonome juif Еврейская автономная область (russe) ייִדישע אױטאָנאָמע געגנט (yiddish) Pays Russie Région économique Extrême-Orient District fédéral Extrême-oriental Statut politique Oblast autonome Capitale Birobidjan Chef de l'administation Nikolaï Volkov [[Liste des dirigeants des districts et sujets fédéraux de la Fédération de Russie|]] Population 190 915 hab. (2002) Superficie 36 000 km2 Densité 5,3 hab./km2 Langue(s) officielle(s) Russe, yiddish Fuseau horaire UTC+10 Code OKATO 99 Code ISO 3166 RU-YEV Hymne Site officiel www.eao.ru L'Oblast autonome juif (en russe : Евре́йская автоно́мная о́бласть, Iévreïskaïa avtonomnaïa oblast ; en yiddish: ייִדישע אױטאָנאָמע געגנט, yidishe oytonome gegnt), est un sujet de la Fédération de Russie situé en Sibérie, sur la frontière chinoise. Il est souvent nommé Birobidjan, selon sa capitale.
Cet oblast a été fondé à l’initiative de Staline en 1928, avec le yiddish comme langue officielle (ce qu'elle n'est plus actuellement). Elle a conservé le statut de terre d'accueil pour les Juifs de Russie.
Sommaire
Histoire
Après la révolution russe de 1917, la Déclaration des droits des peuples de Russie proclame « l'égalité et la souveraineté des peuples de Russie ». Les Juifs sont reconnus comme une nationalité au sein de l'URSS, mais alors que la Constitution fédérale du 31 janvier 1924 garantit un territoire à chaque nationalité soviétique, aucune région ne leur est attribuée.
À l'initiative de Joseph Staline, une « Région autonome juive » est créée en 1928, à Birobidjan à l'extrémité orientale de la Russie, à la frontière avec la Chine. Elle sera « dégradée » au rang d'oblast après la fin de l'URSS, en raison notamment du nombre réduit de Juifs vivant encore dans l'oblast au tournant du XXIe siècle. Au début, la région autonome accueille des milliers d'individus, qui devaient y organiser une certaine vie nationale juive. L'oblast a une langue officielle : le yiddish, l'hébreu étant alors une langue liturgique, interdite par le régime soviétique, hostile aux religions et donc à la religion juive.
Les raisons de la création de l'oblast sont la volonté de permettre aux Juifs soviétiques de disposer d'un territoire pour pouvoir s'y exprimer en tant que nationalité soviétique. Ce projet était conçu comme une alternative au sionisme jugé « nationaliste-bourgeois ». Mais la population juive ne sera jamais majoritaire dans cette Région Autonome qui fut une « entité » politique communiste « pour le peuple juif », à l'opposé du projet officialisé en Palestine par le mandat de la SdN de 1922, sur des bases « capitalistes » (voir histoire du sionisme). La politique des nationalités de l'URSS « prouvait » ainsi que le régime pouvait répondre aux aspirations juives sans soutenir un mouvement que le communisme soviétique réprouvait.
Plusieurs motivations sur la création de l'oblast ont été exposées, notamment par l'historien Nikolaï Bougaï dans ses nombreux articles et ouvrages sur les déplacements et la déportation des peuples d'URSS :
- Volonté de « renforcer » la zone autour du fleuve Amour, dans l'Extrême-Orient soviétique, historiquement contestée par la Chine. Et donc volonté de peupler cette région de la Sibérie.
- Volonté d'« éloigner en douceur » les intellectuels juifs du centre de la Russie, communistes ou ralliés, mais jugés peu fiables et « cosmopolites ».
Ce projet politique se poursuit après la création d'Israël en 1948 : on comptait alors 30 000 Juifs dans l'oblast. Dès la mort de Staline le 5 mars 1953, la population juive du territoire ne devait cesser de décroître, tant sous Khrouchtchev que sous Brejnev et en 1959, elle n'était plus que de 9 %, chutant même à 7 % en 1970.
Aujourd'hui
Malgré des tentatives d'aide financière sous Gorbatchev, la majorité des Juifs qui restaient dans l'oblast émigra après la chute de l'URSS en 1991. Les traces du judaïsme y sont aujourd'hui bien maigres : en 2002, il ne restait que 2 327 Juifs sur une population de 190 915 habitants, une synagogue, quelques inscriptions en yiddish, et un journal régional Birobidjanèr chtern ou étoile du Birobidjan (ביראָבידזשאנער שטערן, bjraobjdzšan‘r štaren).
Depuis 1996, l'oblast a perdu son caractère officiel d'« Oblast autonome juif ». Sa population est russe à 90 % et il reste 1,2 % de Juifs. À présent, seuls quelques vieillards discutant en yiddish sont les derniers témoins de cette histoire de l'oblast.
Voir aussi
Articles connexes
- Histoire du sionisme
- Nationalités en URSS
- L'Aliyah, nom donné à la politique d'immigration des Juifs en Israël
Liens externes
- Les revenants du Birobidjan, reproduction d'un article de Libération de 2004
- Le Birobidjan, article de la revue Regard sur l'Est, avril 2002
- Reportage sur le Birobidjan , reportage de France 24 sur le Birobidjan
Bibliographie
- Robert Weinberg, Le Birobidjan, 1928-1996 : l'histoire de l'État juif fondé par Staline, Autrement Mémoires, 2000 (ISBN 2862608823)
- Dr Patrick Braun et Jean Sanitas, Le Birobidjan, une terre juive en URSS, Robert Laffont, 1989 (ISBN 978-2221059289)
- Henri Sloves, L’État juif de l’Union soviétique, Les presses d'aujourd'hui, 1982 (ISBN 2901386040).
adapté du yiddish par l'auteur, préface de Léon Poliakov
- Portail de la Russie
- Portail de la culture juive et du judaïsme
Catégories : Histoire du sionisme | Oblast autonome de Russie | Culture yiddish | Histoire des Juifs en Union soviétique
Wikimedia Foundation. 2010.