- Biocentrisme
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Le biocentrisme (grec : βίος, bio, "vie"; et κέντρον, kentron, "centre") est un courant de l'éthique environnementale, pensée pour l'essentiel d'origine norvégienne. Arne Naess peut être considéré comme le tenant de ce courant qui est introduit en France par Catherine Larrère (Du bon usage de la nature, 1997). Aux États-Unis, il est représenté, entre autres, par Paul Taylor.
À distinguer du "mouvement biocentrique", mouvement culturel et pédagogique créé par Rolando Toro Araneda en Amérique latine autour de la Biodanza.
Sommaire
Concepts
Le biocentrisme comme courant écologique
Associé en France à la deep ecology ou écologie profonde, le biocentrisme généralise l'approche kantienne à tous les êtres vivants. Ces derniers doivent être considérés comme des fins en soi, c'est-à-dire comme possédant une valeur intrinsèque qui leur donne droit au respect.
Chez Kant, seul l'homme peut être considéré comme une fin en soi parce qu'il est raisonnable, conscient et capable d'être source de valeurs (il s'attribue lui-même une valeur tout en en conférant à d'autres). Mais il est possible d'objecter que les enfants et les fous ne sont ni libres ni raisonnables et que nous les considérons tout de même comme des personnes morales. Il serait donc possible, pour étendre la valeur intrinsèque au vivant en général, de remarquer que celle-ci pourrait être indépendante du fait de posséder une conscience. Il suffirait juste de se valoriser soi-même comme fin ultime et d'attribuer une valeur positive ou négative aux autres choses.
C'est cette idée que développe Holmes Rolston III.
Selon lui, tous les êtres vivants peuvent être des fins en soi parce qu'ils :
- développent des stratégies qui leur permettent de se valoriser eux-mêmes, de se maintenir dans l'existence sans autre but que cette existence elle-même. Il existe donc un vouloir-vivre universel qui incite au respect[1]
- sont capables d'attribuer des valeurs positives ou négatives aux choses, de leur conférer une valeur, ainsi la plante aime le soleil[2]
La protection du vivant peut s’enchevêtrer, ce qui ne veut pas dire se dissoudre ou s'associer, dans le théocentrisme (les religions) mais à ce jour aucun courant religieux ne se réclame du biocentrisme.
Fondé sur les concepts d’interactivité, de référentiel et de média, caractérisé par la coévolution et la complexité, générant de nouvelles constantes telles que le refus de toute discrimination, le nouveau rapport à l’animal, la culture du Vivant, l’interactivité des sexes, la démocratie participative, l’agrobiologie, les biocarburants, les énergies renouvelables, le biocentrisme fait de l’être humain un membre responsable et réconciliateur de la Communauté humaine et non humaine du Vivant.
Le biocentrisme repose sur des bases telles que l’écologie, l'éthologie et la bionomie et renonce au dualisme et à toute discrimination. Il valorise le "vivant" et tout " être vivant sensible, humain et non humain". Il est revendiqué par de nombreuses associations de Protection Animale et par certains auteurs en France comme Gérard CHAROLLOIS ou Jean-Claude HUBERT.
La critique la plus courante qui est faite au biocentrisme concerne la hiérarchie des normes : si tous les vivants sont importants, un homme affamé doit-il renoncer à manger un serpent s'il est la seule nourriture disponible ? Les partisans du biocentrisme répondent que l'être humain est aussi un vivant et que cette situation extrême est un cas de dilemme extrêmement rare et que les politiques publiques devraient œuvrer à éviter ce genre de situation dans laquelle aucun des deux choix n'est acceptable[réf. nécessaire].
Le mouvement biocentrique comme mouvement pédagogique
Le biocentrisme ainsi défini doit être totalement distingué du mouvement biocentrique créé par l'anthropologue chilien Rolando Toro Araneda dans les années 1960 en Amérique latine et aujourd'hui répandu dans le monde entier à travers la pratique de la Biodanza et du mouvement pour une éducation biocentrique dans les institutions, les universités ou encore les entreprises[3].
Ce mouvement aux multiples origines philosophiques propose un nouveau paradigme pour les sciences humaines, la philosophie et toute la culture, sur la base d'un respect de la sacralité de la vie qui naît dans l'expérience de la vivencia, le sentiment intensément émouvant de se sentir vivant dans un monde vivant. Selon ce paradigme appelé principe biocentrique et proposé comme une intuition universelle que chacun peut ressentir indépendamment de sa culture, l'univers existe parce que la vie existe et les humains sont invités à agir à partir de leur affectivité pour promouvoir les valeurs universelles de la vie sans se référer à aucune idéologie et dans le respect de la science. La Biodanza est une méthode pédagogique pour entrer en vivencia et développer sa conscience éthique dans le respect de la vie par le moyen de la danse, de la musique et de situations de rencontre en groupe qui se donnent pour une "poétique de la rencontre humaine" et une "pédagogie de l'art de vivre"[3]
Elle est aujourd'hui enseignée dans de nombreuses universités et une cinquantaine d'écoles de Biodanza comme mouvement culturel émergent dans une quarantaine de pays à travers le monde. Elle est organisée par l'International Biocentric Foundation et est à présent dirigée par l'argentin Raul Terren après le décès de Rolando Toro en 2010. Elle compte plus de cent mille acteurs et tend à se développer de plus en plus, répondant à un besoin de l'humanité de renouer avec les forces de la Vie.
Notes et références
- Pour une philosophie du respect de la vie, voir Albert Schweitzer dans Civilisation et éthique (1923)
- Holmes Rolston III, Concerning Natural Value, 1994.
- "Biodanza", Rolando Toro, Éditions le vivier et coregane, 2006
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Liens externes
- (fr) Définition du Biocentrisme dans le lexique de Solidarité Socialiste
- (fr) pour une définition du mouvement biocentrique créé par Rolando Toro Araneda
Catégorie :- Courant de l'environnementalisme
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