- Bikini (vêtement)
-
Pour les articles homonymes, voir Bikini.
Le bikini est un type de maillot de bain pour femme constitué d'un soutien-gorge très échancré et d'une culotte triangulaire réduite. Ces deux pièces sont séparées et laissent le ventre découvert (d'où son surnom de maillot de bain deux pièces).
L'élément supérieur recouvre les seins. Sa forme est comparable à celle des soutiens-gorge et il peut comporter une ou plusieurs bretelles. L'élément inférieur couvre au minimum le pubis et les fesses. Sa forme est celle des petites culottes.
Sommaire
Historique
Louis Réard inventa le bikini et le présenta pour la première fois à Paris le 5 juillet 1946 à la piscine Molitor porté par Micheline Bernardini, une célèbre danseuse nue du Casino de Paris (aucune mannequin ne voulant le porter). Il déclara avoir choisi le nom de Bikini en référence à l'atoll du même nom sur lequel, cinq jours auparavant, avait eu lieu une explosion nucléaire. Il espérait que l'effet de mode de ce nouveau produit serait comparable à celui de l'explosion qui venait d'avoir lieu[1].
Louis Réard déposa un brevet pour protéger sa création. Le maillot de bain deux pièces avait toutefois fait de timides apparitions depuis les années 1930-1940[2],[3].
En 1932, le couturier parisien Jacques Heim avait lancé « Atome », un maillot de bain deux pièces (le maillot avait la taille d'un short) qui remplaçait ainsi le maillot-gaine. Une bataille publicitaire s'engagea (avec des slogans qui marchaient tout aussi bien en français qu'en anglais) alors en 1946 entre Réard et Heim :
- « Atome, le plus petit maillot de bain du monde »
- « Le Bikini, le maillot de bain plus petit que le plus petit maillot de bain du monde »
- « Le Bikini, la première bombe an-atomique ! »
Cependant, comme le montre la fresque ci-contre, ce vêtement était déjà connu depuis l'Antiquité : les archéologues, à partir des années 1920, ont mis au jour, dans la villa de Casale en Sicile, des mosaïques représentant des femmes jouant en bikini.
Le bikini, défini comme « plus petit que le plus petit des maillots du monde », a été difficilement accepté par les autorités morales et religieuses de l'époque. Il n'obtint pas à sa création un véritable succès ; ce fut un choc culturel et le sulfureux maillot de bain fut même interdit sur certaines plages en Europe (par exemple jusqu'aux années 1970 dans les piscines allemandes).
Pour souligner à quel point le nouveau maillot comportait peu de tissu, il était vendu contenu dans une boîte d'allumettes[4].
Au début, il fut interdit (1949) en Italie, Belgique, Espagne et France.
En Espagne le bikini a été autorisé à partir de 1952, grâce à un décret signé par Pedro Zaragoza, le maire de Benidorm, et à Dom. Rodrigo Bocanegra, l'archiprêtre de Marbella, qui en discutèrent directement avec Franco, pour le convaincre que ça favoriserait le tourisme international dans les côtes espagnoles. Franco accepta et l'exemple fut suivi, peu à peu, par toute l'Espagne.
C'est à partir des années 60, avec l'apparition du bikini dans plusieurs films et, surtout, avec le boom touristique, que l'utilisation du bikini devint populaire sur toutes les plages d'Espagne, de France, d'Italie et du reste de l'Europe. Seule exception, l'Allemagne, oú il resta interdit dans les piscines jusque dans les années 1970[5],[6].
Il fallut attendre un second lancement au début des années 1960 pour qu'il devienne populaire et constitue un des plus grands phénomènes de mode[7]. En 1956, Brigitte Bardot le rendit populaire dans le film Et Dieu… créa la femme dans lequel elle le portait en toile vichy. Beaucoup de jeunes filles françaises voulurent l'imiter. Une chanson à succès lui fut même consacrée Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polka Dot Bikini de Brian Hyland, reprise en français par Dalida ainsi que par Brigitte Bardot et Richard Anthony : Itsy bitsy, petit Bikini. Les États-Unis restent frileux ; on peut lire en 1957 dans le magazine Modern Girl : « Il n'est guère nécessaire de perdre son temps à parler de ce « bikini » puisqu'il est purement inconcevable qu'une fille nantie de tact et décence ne porte un jour une telle chose. » Toutefois, la même année, le Life Magazine publie une photo où Jayne Mansfield pose en bikini. En 1962, l'actrice Ursula Andress en fait un succès mondial dans le film James Bond 007 contre Dr. No : séché, son célèbre bikini blanc fut vendu aux enchères chez Christie's en 2001 pour la somme de 41 250 livres sterling.
Variantes
Depuis la fin du XXe siècle, ce vêtement est largement entré dans les mœurs. Il est parfois supplanté par le monokini qui consiste à ne rien porter sur la partie supérieure.
Le maillot de bain brésilien consiste à utiliser comme bas du bikini un slip brésilien, c'est-à-dire une culotte à mi-chemin entre le slip et le string. Il est couramment porté en Amérique du Sud.
On parle de microkini quand la partie inférieure est un string, appelé dans ce cas string de bain. Souvent, le mot microkini signifie que la partie supérieure couvre également beaucoup moins que dans les bikinis classiques.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie et références
- Olivier Saillard. Les maillots de bain., éditions du Chêne 1998
- Pascal Ory. L'invention du bronzage., éditions Complexe, 2008
- émission "Concordance des temps" sur France Culture, 28 juin 2008. Bronzer en 1930 : la fin des ombrelles.
- http://www.ledevoir.com/2002/08/10/6847.html
- LA GRANDE HISTOIRE DU BIKINI, de Patrick Alac, éd. Parkstone: "Dès son apparition sur les plages, en 1949, le bikini est interdit par la loi : en Espagne, Italie et France, c’est la chasse aux sorcières ! En 1951, sous un flot d’injures, le journal du Vatican Osservatore Romano annonce que les Chevaliers de l’Apocalypse apparaitront sans doute en bikini. Les communistes disent que le bikini, en tant que marque de la bourgeoisie, attise la lutte des classes. Les féministes l’accusent de transformer la femme en objet de désir. Dans les piscines allemandes, le bikini reste interdit jusqu’aux années 70. Et pourtant…"
- LA FRANCE EN MAILLOT DE BAIN par Gérard De Cortanze: "Dans cette France qui s'apprêtait à vivre deux mutations majeures — la décolonisation et la modernisation — 40% de la population ne se lavait qu'une fois par mois, 75% n'utilisait jamais de brosses à dents, et les porte-jarretelles — bientôt rendus obsolètes par l'arrivée des collants — n'étaient lavés qu'une fois par an. Quant à moi, lecteur attentif de La Nation, je commençais de délaisser les éditoriaux de Michel Debré pour l'observation éblouie du bikini. Ce dernier, instrument d'une concupiscence effarée, interdit par décret sur les plages familiales, était chanté, à longueur d'antennes, par Elvis Presley et Dalida.")
- Kelly Bensimon. Le Bikini, des années 1950 à nos jours, éditions Assouline, 2006
- Portail de la mode
- Portail du monde maritime
Catégories :- Maillot de bain
- Marque générique
- Vêtement féminin
Wikimedia Foundation. 2010.