- Stratégie militaire
-
La signification de l'expression stratégie militaire est dérivée primitivement du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie « conduire » , et par suite de l'Italien «strategia» .
C'est l'art de coordonner -au plus haut niveau de décision- l'action de l'ensemble des forces militaires de la Nation pour conduire une guerre, gérer une crise ou préserver la paix.
Selon Charles de Gaulle « La stratégie est de la compétence du gouvernement et de celle du haut-commandement des forces armées. »Sommaire
Différence entre échelon politique, stratégique et tactique
Il appartient à l'échelon politique de :
- faire le choix de la paix ou de la guerre
- fixer les grandes orientations
- autoriser les ressources à mettre en œuvre par les militaires (sur le champ de bataille) et/ou les diplomates (dans des négociations)
Il appartient à l'échelon stratégique de mener les réflexions, de prendre les décisions de haut niveau et de long terme en vue de gagner la guerre, c'est-à-dire de planifier et de coordonner l'action des forces militaires d'un pays en organisant les actions défensives ou offensives pertinentes.
Il revient à l'échelon tactique, en cohérence avec la stratégie générale, de cibler les enjeux plus locaux et limités dans le temps dans le but de gagner la bataille du terrain.
Différence entre niveau stratégique, opérationnel et tactique
Les militaires combinent à leur tour sur trois niveaux leurs moyens et ressources en fonction des contingences :
- le niveau stratégique généralement politico-militaire, où s'opère un dialogue itératif au plus haut niveau de l'État entre responsables politiques, diplomatiques et militaires ;
- le niveau opérationnel, où les décisions sont prises entre haut-commandement militaire et le commandant d'un théâtre d'opération ;
- le niveau tactique, où l'action est articulée et pilotée localement par chaque commandant d'unité engagé dans une action particulière.
Définition et mise en oeuvre de la stratégie
La mise en œuvre de la stratégie consiste à définir et conduire des actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Au niveau opérationnel elle se décline en plans d'actions par domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs utilisables en cas d'évènements changeant fortement la situation.
L'établissement d'une stratégie exige :
- d'une part, l'estimation de probabilités de réalisation des éventualités susceptibles d'être retenues ;
- d'autre part, l'adoption d'une règle ou d'un indicateur de préférence permettant de classer les résultats escomptés par la mise en œuvre de différents scénarios.
La stratégie militaire se présente sous deux formes : le niveau d'organisation et le mode de conduite.
Article détaillé : Niveau d'organisation et mode de conduite en stratégie militaire.L’enveloppement stratégique consiste à attaquer au niveau supérieur des règles de conduite plutôt que d’affronter directement les forces vives.
Article détaillé : Enveloppement stratégique.Pour s'opposer à un envahisseur et protéger une fortification ou d'une ville, la stratégie à adopter relève d'une défense.
Article détaillé : Défense stratégique.(en) Strategic defence
On entend par forces stratégiques, les forces, qui mettent en œuvre la dissuasion nucléaire, dotées d'armes nucléaires stratégiques (emploi politique), délivrées par des bombardiers stratégiques ou des missiles balistiques stratégiques.
Théorie des contextes
Dans la hiérarchie des niveaux de contrainte ou de dépendance de la Théorie des contextes d’Anthony Wilden, le niveau politique est celui du choix entre la paix et la guerre et de l’attribution des ressources à la paix ou la guerre. Alors, la politique oriente, délimite et organise les stratégies militaire et diplomatique pour réaliser les buts de guerre ou paix. La stratégie, à son tour, oriente, délimite et organise les batailles dans lesquelles se trouvent des combats tactiques.
Le maréchal Rommel volait de victoires tactiques en victoires tactiques vers la défaite stratégique de la bataille d’Afrique du Nord (par manque d'effectifs : 160 chars allemands contre 600 britanniques pour la bataille de Médine).
La défaite de l’Axe en Afrique du Nord a conduit directement aux débarquements en Sicile et en Italie, annonciateurs du débarquement en Normandie du commencement de la fin pour l’Axe. Une stratégie sans politique est la perte d’une guerre, comme la Première Guerre d’Indochine d’Indépendance du Viêt Nam et la Deuxième Guerre d’Indochine de réunification du Viêt Nam ou Guerre du Viêt Nam. Ces guerres ont été conduites dans la hiérarchie de contrainte ou de dépendance, de la politique à la stratégie jusqu’aux combats tactiques à l’intérieur d’une bataille choisie et organisée par une stratégie militaire. http://www.erudit.org/revue/ei/1986/v17/n3/702047ar.pdf
Stratèges militaires
- Sun Zi (ou Sun Tsu) : stratège chinois qui vivait à l'époque des Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C.). Œuvre : L'Art de la guerre. Il analyse la guerre comme un acte central pour l'État, dont la paix dicte le sens. Pour Sun Tsu, l'habileté suprême est de vaincre sans combattre. To subdue without fighting (traduction anglaise du USMC Brig. General Samulel B. Griffith - référence à l'UNESCO). Les versions françaises viennent de ce texte et souffrent d'un contresens fondamental vis-à-vis de la philosophie confucéenne de la guerre chez Sun Tzu. To subdue vient de l'ancien français soduire, signifiant à la fois « séduire » et « soudoyer » (voir Webster's Collegiate Dictionary et Encyclopedia Britannica). http://classiques.uqac.ca/classiques/granet_marcel/granet_marcel.html
Pour Sun Tzu, la guerre est l'art de la tromperie (War is the art of deception). Napoléon ne respectera jamais le précepte de Sun Tsu de « construire des ponts d'or à l'ennemi en fuite », préférant au contraire les cannonner copieusement à ce moment-là afin de les éliminer des batailles futures (source : Guerre et paix).
- Antoine de Jomini : ce général d'origine suisse participa à de nombreuses campagnes dans la Grande Armée, puis devint général en chef dans l'Armée russe; il était un des meilleurs stratèges et penseurs militaires de son époque[réf. nécessaire]. En 1806, il avait déjà compris comment l'Empereur ferait pour abattre l'Armée autrichienne, pratiquement au détail près. Il est l'un des rares généraux de l'époque à avoir saisi l'essence même des opérations militaires, sans les rattacher à la période ou aux techniques.
Au XXIe siècle, sa pensée inspire notamment l'armée américaine. Son obsession pour les lignes d'opération et les lignes stratégiques est cependant la cause d'un certain vieillissement de son œuvre.
- Carl von Clausewitz : général prussien (1780- 1831). Œuvre De la guerre. Tirant les leçons des guerres de la Révolution et de l'Empire, il est le théoricien de la guerre totale, même si celle-ci, dans son œuvre, est présentée plus comme un concept (celui de « la montée aux extrêmes ») que comme une réalité effective. Un contemporain de Jomini, mais dont les conceptions stratégiques et philosophiques transcendent à beaucoup d'égards son époque. Pour Clausewitz, la guerre est avant tout la continuation de la politique par d'autres moyens. Sun Tzu et Clausewitz sont considérés au XXIe siècle par la plupart des experts comme les deux plus grands théoriciens de la stratégie.
- Võ Nguyên Giáp : la guerre est à la fois politique, psychologique et militaire dans la Guerre psychologique dont la Première Guerre d'Indochine est le modèle et le prototype.
- Alfred Mahan : Cet officier de marine a écrit plusieurs ouvrages sur la stratégie maritime, qui ont si fortement inspiré les militaires américains qu'ils ont ensuite axé une grande part de leur stratégie sur ses écrits. Certains pensent[Qui ?] que leur opération pour prendre le canal de Panama fut déclenchée notamment grâce aux révélations de Mahan. C'est un disciple de Jomini, qui a traduit pour les questions maritimes les principes de L'Art de la guerre.
- Raoul Castex : officier de marine français
- Liddell Hart : théoricien anglais des formations de blindés mises en œuvre par Heinz Guderian durant le Blitzkrieg. Charles de Gaulle avait également écrit un ouvrage (Vers l'armée de métier) où il recommandait le même système d'attaques de blindés accompagnés d'une couverture aérienne, et qui ne sera pas pris en considération.
- Mikhaïl Toukhatchevski : théoricien militaire qui contribua à définir les opérations en profondeur pour l'Armée rouge.
Articles connexes
- Liste d'instituts d'études stratégiques
- Culture stratégique
- Politique
- Géostratégie
- Plan > Plan de guerre
- Feuille de route
- Situation géostratégique (mêle géostratégie et Histoire)
- Géoéconomie
- Tactique
- Intelligence économique
- Morris Janowitz
- Jihad
Bibliographie
- B. H. Liddell Hart : Stratégie, Librairie académique Perrin, Paris, 1998, (ISBN 2-262-01373-X)
- Sun Zi : L'Art de la guerre, Collection Champs, Flammarion, 1992, (ISBN 2-08-081058-8)
- Carl von Clausewitz : Campagne de 1814, Éditions Ivréa, Paris, 1993, (ISBN 2-85184-189-0)
- Carl von Clausewitz : Campagne de 1815 en France, Éditions Ivréa, Paris, 1993, (ISBN 2-85184-190-4)
Catégories :- Glossaire militaire
- Défense et sécurité
- Art de la guerre
Wikimedia Foundation. 2010.