- Siège de Buda (1686)
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Siège de Buda (1686)
Siège autrichien de Buda par Frans GeffelsInformations générales Date 1686 Lieu Budapest Issue Victoire décisive des Habsbourg d'Autriche Belligérants Saint-Empire
République des Deux Nations
République de VeniseEmpire ottoman Commandants Charles V de Lorraine Abdourrahman Abdi Pacha Forces en présence 34 000 hommes, 200 canons 10 000 hommes Pertes ? 3000 hommes Guerre austro-turque (1683-1699) modifier Le siège de Buda de 1686 est un épisode de la campagne de Hongrie qui opposa la Sainte Ligue et l’Empire ottoman. Après un demi-échec sanglant devant la ville en 1684, la Sainte Ligue mobilisa deux ans plus tard une armée gigantesque et s'empara de Buda après un long siège.
À l'issue de l'échec du second siège de Vienne entrepris par les Turcs en 1683, et qui marque la reprise de la Guerre austro-turque (1683-1699), les Habsbourg avaient lancé une vaste contre-offensive pour conquérir la Hongrie et sa capitale, Buda.
Sommaire
Formation de la Sainte Ligue
Lors du Siège de Buda (1541), la capitale de Hongrie était tombée aux mains des Turcs et au cours des 145 années qui suivirent, elle fut gouvernée par les Ottomans. Mais lorsque les Turcs furent défaits devant Vienne en 1683, l’empereur Léopold Ier jugea opportun des contre-attaquer plus à l'est. Avec l'appui du pape Innocent XI, il forma le 5 mars 1684 une Sainte Ligue contre la grande puissance musulmane, unissant sous sa bannière le roi Sobieski de Pologne et la République de Venise.
Le premier siège en 1684
Au printemps 1684, une armée d'environ 38 000 hommes, commandée par Charles V de Lorraine, marcha sur Buda pour la libérer des Turcs.
Après avoir franchi le Danube à Esztergom le 13 juin, la tête de l'armée impériale, commandée par Maximilien von Starhemberg et le général de cavalerie Louis-Guillaume de Bade-Bade atteignirent le château de Visegrád le 15 juin.
Le 16 juin, la ville d'Esztergom, malgré ses fortifications, fut prise en un éclair par l’armée impériale, après que ses grandes portes eurent été détruites par des tirs de canon. Le gros des occupants fut massacré et la ville mise à sac. Quelques combattants turcs parvinrent à se retrancher dans le château surplombant la ville, mais après 36 heures de siège ils capitulèrent.
Le 27 juin, à Vác, l’armée impériale tomba sur un imposant corps d'armée turc fort de 17 000 hommes. Alors que les Turcs s'étaient retranchés sur une position favorable, Charles V fit donner du canon et partit à l’assaut. Le centre de l'armée impériale, mené par Maximilien von Starhemberg, mit l'ennemi en fuite après un bref combat. Vác tomba aux mains des Autrichiens le soir même.
Le 30 juin, le gros de l’armée impériale entrait dans la cité de Pest, que les Turcs avaient incendiée en la quittant. Repassant le Danube à Vác, les Autrichiens mirent le siège devant Buda, tenue par 10 000 défenseurs Turcs. L’armée impériale, forte de 34 000 hommes, entreprit le bombardement de la forteresse avec 200 canons le 14 juillet 1684, date anniversaire du début du siège de Vienne. L’honneur de conduire le siège était confié au maréchal von Starhemberg, le défenseur héroïque de Vienne.
Le 19 juillet, l’armée impériale envahit la partie basse de la ville de Buda, mais, faute d'un contingent suffisant pour l'occuper, le maréchal von Starhemberg ordonna d'incendier les maisons. Au cours des mois de juillet et d'août, l’armée impériale multiplia les assauts contre la citadelle, mais fut chaque fois repoussée. Au début du mois de septembre, un général autrichien signalait à l’état-major que le nombre de combattants valides avait fondu à 12 500 hommes, et que le moral des troupes était au plus bas. Le 11 septembre, un corps d'armée de réserve atteignit Buda, et on organisa la relève.
Mais le 22 septembre, une armée de secours ottomane se présenta à son tour, et donna immédiatement l'assaut contre les assiégeants. Au fil des assauts, rendus encore plus meurtriers par les tirs de la garnison assiégée, l’armée impériale perdit l'espoir. Le maréchal von Starhemberg était grièvement blessé et avait perdu la confiance de la troupe : il fut relevé de son commandement. Pour comble de malheur, le mois d'octobre fut marquée par des pluies incessantes, ce qui accéléra la décision de repli. Ainsi le 30 octobre l’armée autrichienne leva le camp après 109 jours de siège. Elle avait été décimée pour plusieurs raisons : multiples escarmouches, dysenterie, épidémie de fièvre, des tranchées mal dessinées, et divers mécomptes tactiques. Le capitaine Paul Joseph von Starhemberg et ses alliés chrétiens déploraient au total la perte de 23 000 hommes.
Le second siège en 1686
En 1686, deux années après le siège avorté de Buda, la Couronne d'Autriche lança une nouvelle campagne d'invasion. Cette fois, l'armée de la Sainte Ligue était deux fois plus nombreuse, avec 74 000 hommes de toutes nationalités, des artilleurs et des officiers en grand nombre.
À la mi-juin 1686, le siège de Buda reprenait. L’armée de relève ottomane se présenta au milieu du mois d'août, mais son commandant, Abdourrahman Abdi Pacha, renonça à une attaque de front et rallia le 2 septembre 1686 la Generalsturm (le donjon) de la citadelle. Le Prince Eugène et ses dragons ne furent pas des conquérants de Buda, mais ils couvraient l'arrière-garde autrichienne contre l'armée de secours turque.
Après 143 années d'occupation turque, la ville tomba enfin. Une fois dans les murs, les vainqueurs se déchaînèrent contre les « païens ». La crainte des ottomans, alimentée par les récits d'atrocités contre les civils et les positions religieuses de l'Église de Rome, était une peur profondément ancrée dans la conscience européenne de l'époque :
- « Buda fut prise et abandonnée au pillage. Les soldats commirent de tels excès contre les Turcs, dont la longue et patiente résistance avait coûté la vie à un nombre incroyable de leurs camarades, qu'il n'eurent d'égard ni à l'âge ni au sexe. L'Électeur de Bavière et le duc de Lorraine, choqués en apprenant le nombre d'hommes tués et de femmes violées, donnèrent des ordres pour mettre un terme au massacre, et sauvèrent la vie à plus de 2 000 Turcs[1]. »
Plus de 3 000 Turcs trouvèrent la mort au cours de la mise à sac, et les violences frappèrent non seulement les Musulmans, mais aussi les Juifs de Buda (considérés comme des collaborateurs et partisans des Musulmans). On suppose qu'en l'espace des trois jours qui suivirent la reconquête de la ville, la communauté juive de Buda fut anéantie.
Conséquences
Conséquence de la conquête de Buda et de la victoire de Mohács (1687), le parlement hongrois, réuni à Presbourg en novembre 1687, reconnut la souveraineté héréditaire des Habsbourg sur la couronne de Hongrie, renonçant à tout recours futur. En outre, ce parlement se proposa de couronner lui-même roi de Hongrie le prince héritier Habsbourg du vivant même de son père. C'est ainsi que le 9 décembre 1687 Joseph, le fils de l’empereur Léopold, âgé seulement de 9 ans, fut sacré avec la couronne de saint Étienne. La Hongrie, devenue un fief héréditaire Habsbourg, vit finalement dès le mois de juin 1688 la création d'une « commission pour l'établissement de la monarchie de Hongrie », destinée à promouvoir dans le pays un fort mouvement monarchiste, favorable à l’absolutisme et au mercantilisme viennois.
Notes et références
- Ernst Trost, Prinz Eugen von Savoyen, Vienne - Munich, 1985, p. 56 : Ofen wurde eingenommen und der Plünderung preisgegeben. Die Soldaten begingen dabei tausenderlei Exzesse gegen die Türken, wegen ihres langen und hartnäckigen Widerstandes, der eine erstaunliche Menge ihrer Kameraden das Leben gekostet hatte, aufgebracht, sehen sie weder auf Alter noch Geschlecht. Der Kurfürst von Bayern und der Herzog von Lothringen, durch das Seufzen der Männer die man umbrachte, und der Weiber, die vergewaltigt wurden, gerührt, erteilten so gute Ordres, daß dem Niedermetzeln Einhalt geschah und noch über 2000 Türken das Leben gerettet wurde... D'après
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Buda (1686) » (voir la liste des auteurs)
- Thomas Winkelbauer (dir.), Österreichische Geschichte 1522 - 1699, Vienne, 2004, « Ständefreiheit und Fürstenmacht. Länder und Untertanen des Hauses Habsburg im konfessionellen Zeitalter (1re partie) », p. 166
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