- Salière de Cellini
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La salière de Cellini (appelée la Saliera à Vienne, d'après le mot italien pour salière) est une sculpture en or massif reposant sur une base d'ébène ornée d'un décor en émail, exécutée entre 1539 et 1543 par Benvenuto Cellini pour le roi François Ier. Elle a été surnommée la « Mona Lisa des sculptures », en référence à la Joconde[1].
Les salières étaient un ornement destiné aux tables des riches pour recevoir le sel, précieux condiment. Celle de Cellini est montée sur un bloc d’ébène de forme ovale. Deux figures sculptées en or s'y font face. D'un côté, Cybèle, déesse de la terre, est assise sur un animal allégorique. Sa main gauche repose sur un temple, destiné à recevoir le poivre. De l'autre, Neptune, dieu de la mer, lui fait face. Il est porté par des chevaux de mer à la crinière d’or, conformément à la mythologie. Il tient un trident auprès d’une barque, conçue pour recevoir le sel. Le socle lui-même est décoré de figures émaillées. Elles symbolisent les quatre saisons, sous la forme des vents dominants, et les quatre étapes d’une journée : l’aurore, le jour, le crépuscule et la nuit. Les positions des figures sont également chargées d'évocations symboliques. La courbe des jambes de Cybèle fait allusion aux montagnes et aux plaines. Les jambes de Cybèle et de Neptune s'entrecroisent, allusion au mélange de la terre et de la mer d'où naît le sel. Quatre petites boules d’ivoire sont encastrées sous le socle pour faire rouler la salière sur une table. Elle mesure 26 centimètres de haut pour 33,5 de long.
Offerte par le roi de France Charles IX à l'archiduc Ferdinand de Tyrol à l’occasion de son mariage avec Élisabeth d’Autriche, elle entre ainsi dans les collections d'art des Habsbourg ; elle est conservée au château d'Ambras, puis transférée au Kunsthistorisches Museum de Vienne au cours du XIXe siècle. La paternité de l'œuvre est alors perdue, jusqu'à ce qu’un historien, Julius Schlosser, vers 1900, identifie la Salière par la description faite par Cellini dans son Traité de l’orfèvrerie.
Elle a été volée dans la nuit du 10 au 11 mai 2003, avant d'être retrouvée en bon état dans une caisse de plomb enfouie dans un bois, près de Zwettl, à 90 kilomètres au nord de Vienne, en janvier 2006 ; le voleur s'est rendu après la diffusion par la police d'images prises par des caméras de sécurité, qui avaient permis de l'identifier[2]. La salière de Cellini est actuellement assurée pour une valeur d'environ soixante millions d'euros.
Notes
- « On a volé la 'Mona Lisa des sculptures' », unesco.org.
- (en) « For Stolen Saltcellar, a Cellphone Is Golden », The New York Times du 26 janvier 2006.
Voir aussi
Bibliographie
- Hervé Grandsart, « La salière de Benvenuto Cellini », Revue de la Société française de promotion artistique, n° 639, 2006
- Traité sur la sculpture et la manière de travailler l'or, Florence, 1568, traduit en français par E. Piot, 1843
- I Trattati dell’ Oreficeria e della Scultura di Benvenuto Cellini, publiés par M. Carlo Milanesi. Florence 1857.
Catégories :- Objet en or
- Sculpture de la Renaissance
- Œuvre conservée au Kunsthistorisches Museum
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