Robert Hubert

Robert Hubert
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Détail dun tableau de 1666 représentant le Grand incendie de Londres (artiste inconnu).

Robert Hubert, vers 1640 à Rouen et exécuté le 28 septembre 1666 à Tyburn, est un horloger français injustement condamné après avoir faussement avoué avoir déclenché le grand incendie de Londres[1]. Il ne se trouvait même pas en Angleterre au moment de lincendie.

Sommaire

Incendie

Entre les 2 et 5 septembre 1666, vers les quatre cinquièmes de la ville de Londres avaient été détruits dans un incendie majeur qui sétait déclaré dans Pudding Lane.

Hubert avoua dabord avoir allumé un feu à Westminster. Cependant, cette histoire savéra insatisfaisante, et il changea sa version lorsquil apprit que le feu navait jamais atteint Westminster[2]. Ayant apparemment appris que lincendie sétait déclaré dans Pudding Lane, dans la maison du boulanger Thomas Farynor[3], Hubert affirma alors avoir lancé une grenade incendiaire de fabrication artisanale par la fenêtre ouverte de la boulangerie Farynor[4]. La boulangerie Farynor navait pas de fenêtres. Apparemment, le motif avoué de Hubert, qui prétendait avoir agi avec des complices, qui avaient saboté les efforts visant à éteindre le feu en fermant les robinets deau, était quil était un espion français[5], et un agent du pape.

Aveux

Vue de Pudding Lane, site du départ de feu.

Les aveux dHubert nont jamais paru convaincants, et la raison nest pas seulement à en rechercher dans la modification rétroactive de son histoire pour concorder avec les faits. Celui-ci ne se trouvait même pas à Londres au moment du départ de feu. En fait, il navait même pas encore posé le pied en Angleterre, il nest arrivé que deux jours après le début de lincendie[6]. La présence dHubert hors du pays au moment du départ de feu ne fait aucun doute, comme latteste le témoignage, des années plus tard, dun capitaine du vaisseau suédois Den Jungfrun av Stockholm[7], selon lequel il avait personnellement débarqué à terre Hubert deux jours après le déclenchement de lincendie[8]. Nayant jamais vu la boulangerie Farynor, Hubert ne pouvait pas non plus savoir quelle navait pas de fenêtres. De plus, il souffrait dun handicap jugé si grave quil laurait rendu incapable de jeter la soi-disant grenade[9].

Les aveux dHubert ont souvent été attribués à sa simplicité desprit, à une incapacité mentale à comprendre ce quil faisait réellement, à une sorte de tendance à avouer nimporte quoi. Une source affirme, cependant, que ses aveux ont été forcés « probablement par une forme extrême de torture[10]. »

Comme le laisse entendre The London Gazette, certains mettent la catastrophe sur le compte du hasard :

« [...] Nonobstant le soupçon, la forme de combustion suivant tout du long une succession, et ensuite soufflé dans tout son chemin par de fortes ailes, nous porte à conclure que lensemble est leffet dun malheureux hasard, ou pour mieux dire, de la lourde main de Dieu sur nous pour nos péchés [...][11] »

En dépit des nombreuses lacunes évidentes et des invraisemblances dans les aveux dHubert, il y avait besoin dun bouc émissaire, besoin apparemment si élevé que le roi lui-même fut soupçonné de lavoir fomenté pour punir le peuple de Londres pour lexécution de son père[12]. Le nationalisme était exalté car lAngleterre était, à lépoque, en guerre avec de nombreuses nations, ce qui rendait leurs ressortissants – français, espagnols, néerlandais et irlandais – automatiquement suspects[13]. Les Français étaient tout particulièrement vulnérables, comme le montre lassassinat dun Français dont les balles de tennis furent prises pour des « boules de feu[12] ». Comme le suggère The London Gazette, sa qualité détranger et de Français faisait dHubert un suspect de choix :

« [...] Des étrangers, néerlandais et français, ont été arrêtés, lors de lincendie, sous la suspicion quils y ont contribué par malice, qui sont tous emprisonnés, et des informations prêtes à faire une [...] enquête rigoureuse[11] »

Les catholiques constituaient également des suspects de choix, et les accusations contre eux étaient si prononcées que, de 1668 à 1830, le Monument au Grand incendie de Londres porta, avec de brèves interruptions, les mots :

« [...] Le terrible incendie de cette ville ; commencé et continué par la trahison et la méchanceté de la faction papiste, mais la frénésie papale, qui a forgé de telles horreurs, nest pas encore éteinte[14]. »

Procès

Le tribunal dOld Bailey.

Hubert, qui présentait les caractéristiques du coupable idéal, fut jugé et condamné au tribunal dOld Bailey.

En dépit des contradictions des aveux dHubert ainsi que de lopinion publique, la famille Farynor, dans la boulangerie de laquelle lincendie avait commencé, était naturellement sous pression. Il leur fallait démontrer que leurs fours avait été correctement aspergés et trois membres de la famille siégeaient dans jury[15]. Thomas Farynor déclara quaprès minuit, il était :

« passé par chaque pièce et navait trouvé de feu que dans une cheminée, la salle était pavée de briques, lequel feu jai diligemment ratissé en braises [...] ni fenêtre ni porte nayant pu laissé le vent les déranger et que ce feu était absolument contrôlé [...][13] »

Peu de membres du jury lors du procès croyaient Hubert réellement coupable. Un récit contemporain prétend que Hubert nétait « accusé que sur ses propres aveux, que ni les juges ni personne de présent à son procès ne le croyait coupable, mais quil était un pauvre hère agité, fatigué de la vie, et qui avait choisi de la quitter de cette façon[16]. » Le jury déclara quil navait pas « la crainte de Dieu devant les yeux, mais quil [était] et entrainé par linstigation du diable »[17].

Après la pendaison dHubert à Tyburn[18], une foule de Londoniens mit son corps en pièces alors quon le remettait à la Société des barbiers-chirurgiens pour procéder à sa dissection[19].

On espérait que « les rumeurs de complots et de conspirations pourraient mourir avec lui[12] ». En 1667, une fois passé le besoin de boucs émissaires, le feu fut officiellement attribué à « la main de Dieu, un grand vent et une saison très sèche[13] » Une source attribue laccident à une étincelle tombée sur une botte de paille dans la boulangerie Farynor[20], et beaucoup pensent que létincelle venait du four de la boulangerie Farynor[21].

Notes

  1. (en) James Leasor, The plague and the fire, House of Stratus, 2001 (ISBN 0755100409) [lire en ligne], p. 235 .
  2. (en) About.com, consulté le 3 septembre 2006. The Great Fire of London 1666: Hunting For A Scapegoat.] « ...at first he said hed started it in Westminster, which the fire never even got near... ».
  3. Ou Farriner.
  4. (en) The Register.co.uk, consulté le 3 septembre 2006. What is a Confessing Sam?] « Hubert confessed to having started the fire by throwing a crude fire grenade through an open bakery window. »
  5. (en) The Great Fire of London, 1666 « ... he claimed to have had accomplices had stopped the water cocks for the water supply of London so that the fire could not be fought effectively (during the fire the reservoirs of water kept in the city for such an eventuality were strangely dry). Hubert (who claimed he was an agent for the French) ... ».
  6. (en) The Register.co.uk, consulté le 3 septembre 2006.] « ...Hubert, a sailor, had not arrived in England until two days after the fire started... ».
  7. (en) The Dreadful Judgement: The True Story of the Great Fire of London 1666 « ... a few years later the master of the Maid of Stockholm testified that the young man, who was bound for Rouen, was on board his ship when the fire broke out. »
  8. (en) THE GREAT FIRE OF LONDON In That Apocalyptic Year, 1666. By Neil Hanson. « Many years later a Swedish ships captain testified that he had landed the watchmaker ashore two days after the fire had started. »
  9. (en) The Register.co.uk, consulté le 3 septembre 2006.] « [he] was never near the bakery where the fire started, and was so badly crippled that throwing anything was beyond him. If that were not enough, the bakery had no windows. »
  10. (en) THE GREAT FIRE OF LONDON In That Apocalyptic Year, 1666. By Neil Hanson. « [he] was coerced into confessing (probably by an extreme form of torture) to having hurled a homemade chemical fireball into the bakery. »
  11. a et b Wikipedia, consulté le 3 septembre 2006. London-gazette.gif.
  12. a, b et c The Dreadful Judgement: The True Story of the Great Fire of London 1666
  13. a, b et c Investigate The Great Fire of London
  14. (en) About.com , consulté le 3 septembre 2006. The Great Fire of London 1666: Hunting For A Scapegoat. « Catholics remained the favoured villain [...] the inscription remained until 1830. »
  15. (en) About.com, consulté le 3 septembre 2006. The Great Fire of London 1666: Hunting For A Scapegoat.] « ...the group judging him contained three members of the Farriner family. They vehemently denied any wrongdoing and claimed to have doused the ovens properly... ».
  16. (en) A look at major and minor historical events around the clock such as the Great London Fire at one o'clock in the morning..
  17. (en) A look at major and minor historical events around the clock such as the Great London Fire at one o'clock in the morning. « The Old Bailey jury, however, found that, « not having the fear of God before his eyes, but moved and led away by the instigation of the devil, » Hubert had deliberately started the fire. »
  18. Investigate The Great Fire of London, Museum of London. Consulté le 8 avril 2009.
  19. (en) The Dreadful Judgement: The True Story of the Great Fire of London 1666 Neil Hanson « The manner in which the Londoners who watched the execution of Hubert tore his body to pieces as it was about to be handed to the beadle of the Worshipful Company of Barber Surgeons for dissection bears witness to the hatred that the fire had aroused. »
  20. (en) Simon Winchester, « When London Started Over », dans The New York Times, 22 septembre 2002 [texte intégral] 
  21. (en) The Great Fire of London, 1666 « …and everyone blames the open door of Farriners oven. »

Sources


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Robert Hubert de Wikipédia en français (auteurs)

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