- Racine sémitique
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Dans les langues sémitiques, telles que l'arabe et l'hébreu, la racine est une unité lexicale minimale composée exclusivement de consonnes. Elle est le plus souvent trilittère[1], c'est-à-dire composée de « trois lettres ». Par « lettre », on entend ici « consonne », selon l'usage dominant dans les alphabets sémitiques : il s'agit d'abjads, où les voyelles ne sont pas toujours écrites.
Plus rarement, les langues sémitiques utilisent des racines à deux (bilittères) ou quatre (quadrilittères) consonnes.
La majorité des racines proviennent d'un verbe. C'est à partir de ces racines verbales que se forment les substantifs, les adjectifs, les adverbes, les termes de la même famille sémantique...
Sommaire
En langue arabe
Par exemple, en arabe sur la racine k-t-b (ﻛﺘﺐ) « écrire », on peut former ces mots par intercalation de voyelles et ajout d'affixes:
- des dérivés verbaux :
- kataba (كتب): « écrire » ;
- ʼi-kta-ta-ba (اكتتب): « copier »
- des dérivés nominaux :
- kitāb (كتاب) : « livre » ;
- kātib (ﻛﺎتب) : « écrivain » ;
- ma-ktaba-h (مكتبة) : « bibliothèque » ;
- mi-ktāb (مكتاب) : « machine à écrire » ;
- des formes fléchies :
- ya-ktubu (يكتب) : « il écrit » ;
- kutub (كتب) : « (des) livres ».
Codification en hébreu
Les anciens grammairiens juifs[2] ont adopté une nomenclature particulière pour décrire les racines trilittères. Ils ont pris pour base, conventionnellement, le verbe פעל (pa'al), qui signifie « faire », « fabriquer ». La première lettre de ce verbe est un פ (pé) ; la deuxième, un ע (ayin) ; la troisième, un ל (lamed). Ce sont ces trois lettres qui servent à « nommer » celles des autres verbes.
Selon cette convention, la première lettre de n'importe quelle racine trilittère est désignée par la lettre « pé ». Ensuite on indique la véritable première lettre de la racine. Par exemple, une racine dont la première lettre est un aleph s'appelle un « pé-aleph ». Une racine dont la première lettre est un noun s'appelle un « pé-noun ». Et ainsi de suite.
Suivant le même principe, la deuxième lettre d'une racine trilittère se nomme « ayin ». Par exemple, une racine dont la deuxième lettre est un samekh s'appellera donc un « ayin-samekh ».
La troisième lettre d'une racine trilittère se nomme « lamed ». Par exemple, une racine dont la troisième lettre est un bet s'appellera donc un « lamed-bet ».
Le verbe כתב (katab, qui signifie « écrire ») se compose des trois lettres kaf, tav et bet. C'est donc un « pé-kaf », un « ayin-tav » et un « lamed-bet ». Le verbe עמד (amad, qui signifie « être debout ») se compose des trois lettres ayin, mem et dalet. C'est donc un « pé-ayin », un « ayin-mem » et un « lamed-dalet ».
Cette codification a pour but de simplifier la désignation des différents types de verbes trilittères. En effet, la langue hébraïque ne possède pas à proprement parler de types de conjugaison différents : la conjugaison est identique pour tous les verbes (à de rares exceptions près comme le verbe « être ») mais elle diffère selon d'éventuelles mutations consonantiques. On relève ainsi un certain nombre de verbes particuliers : ceux à « pé » guttural, à « ayin » guttural ou à « lamed » guttural, les « pé-noun », les « ayin-ayin », les « pé-yud », les « ayin-waw », les « lamed-aleph », les « lamed-hé »...
Notes
- Jean Touzard, Grammaire hébraïque abrégée, Gabalda, 1977, p. 24.
- Cf. Touzard, op. cit.
Voir aussi
- des dérivés verbaux :
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