- Porte Miégeville
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La porte Miégeville de la basilique Saint-Sernin de Toulouse se situe au sud de sa nef, et elle est tournée vers la rue du Taur, qui conduit au centre de la ville, “miéjo vilo” en occitan [1] , où se réunissaient les membres du chapitre, l’actuel Hôtel de Ville, situé place du Capitole.
Henri Pradalier suppose que ce portail aurait été sculpté la fin du XIe siècle et Marcel Durliat date l’œuvre du premier quart du XII siècles [2]. Délimité par son arc plein-cintre, le tympan représente l’Ascension du Christ, soutenu par six anges. Le linteau nous montre les douze apôtres, y compris Saint Pierre et Saint Paul qui sont reconnaissables par leurs caractéristiques physiques et un attribut habituels. Les apôtres ont leurs têtes tournées vers le haut, fixant le Christ comme fascinés par l’évènement miraculeux. Le même espace contient aussi, latéralement, deux personnages ailés et coiffés d’un bonnet phrygien, présentant des manuscrits (anges avec les Écritures?). Les consoles qui soutiennent le linteau sont décorées, à gauche par le roi David avec son instrument de musique, et à droite par deux personnages, coiffées comme ceux du linteau par des bonnets phrygiens. Ces derniers, ainsi que le roi David sont accompagnés de lions (les « démons de l’Hérésie” ?) [3].
Laissant de côté l’iconographie des quatre chapiteaux [4]. , nous allons nous pencher brièvement sur deux personnages placés de chaque côté du tympan, dont les dimensions dépassent celle du Christ. A droite, Saint Pierre, identifié comme tel sur son nimbe. Curieusement, il n’a pas de barbe ni de calvitie comme les représentations habituelles, mais il est imberbe et a l’ apparence d’un jeune homme. Au-dessus de sa tête, deux anges. Ses pieds s’appuient sur deux lions et se trouvent au-dessus d’un relief montrant Simon le magicien, identifié comme tel par une inscription gravée à côté de sa tête. Il se fait accompagner par deux diables ailés. Le personnage de gauche est identifié comme étant Saint Jacques, possiblement le Majeur [5].. Au-dessus de lui, deux hommes accroupis face a face (Hermogène le magicien et son disciple Philète? [6], et au-dessous, un groupe constitué par un homme barbu entouré de deux femmes qui montent des lions (Abraham avec Sarah et Agar?) [7].
Les sculptures de ce portail, en particulier du tympan, se distinguent des reliefs romans contemporains, plus figés et lourds, par une dynamique et une légèreté accentuée par les plis semi-cirulaires des tuniques [8]. Son programme iconographique, dont certains aspects nous échappent encore, est en parfaite adéquation avec une “ascension” du fidèle à l’espace sacré de l’église, sous le regard bienveillant de saint Pierre et saint Jacques.
Références et notes
- http://claude.barrere.pagesperso-orange.fr/toulouse/cernin.htm Saint-Cernin (sic),
- http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_64/resu64fr.htm La description des difféerentes figures de ce portail est basée sur les illustrations de cet article Olivier Testard, La porte Miégeville de Saint-Sernin de Toulouse : proposition d’analyse iconographique, Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France., t. LXIII (2003), p. 27,
- Marcel DURLIAT, La sculpture romane sur la route de Saint-Jacques, de Conques à Compostelle, Dax, CEHAG, 1990 , p. 405
- Olivier Testard, article cité, pp. 36-39
- Olivier Testard, article cité, pp. 46-49
- M. Durliat, op. cit, p. 408
- Olivier Testard, article cité, p. 50
- Caractéristiques du maître Esteban, qui a sculpté la porte des Orfèvres ( Platerias) à Saint Jacques de Compostelle et qui aurait travaillé à Toulouse jusqu’à la fin de sa vie. Gómez Moreno, María Elena (1947). Mil Joyas del Arte Español, Piezas selectas, Monumentos magistrales: Tomo primero Antigüedad y Edad Media. Barcelona, Instituto Gallach, p.122, cit par es.wikipedia.org/wiki/Maestro_Esteban
Bibliographie
Olivier Testard, La porte Miégeville de Saint-Sernin de Toulouse : proposition d’analyse iconographique, Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France., t. LXIII (2003), pp. 25-61, www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/.../t.../testard
Marcel DURLIAT, Saint-Sernin de Toulouse, Toulouse,Éché, 1986
Marcel DURLIAT, La sculpture romane sur la route de Saint-Jacques, de Conques à Compostelle, Dax, CEHAG, 1990
Thomas LYMAN, "Le style comme symbole chez les sculpteurs romans : essai d’interprétation de quelques inventions thématiques à la porte Miégeville de Saint-Sernin" , Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 12, 1981, p. 161-180.
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