- Willy Pelletier
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Willy Pelletier est un sociologue français né le 12 juin 1961. Petit-fils du résistant du même nom assassiné par la Gestapo, il est depuis 1998 coordinateur général de la Fondation Copernic, lancée pour « remettre à l'endroit ce que le libéralisme fait tourner à l'envers ».
Il enseigne à l'Université de Picardie et fait partie du Groupe d’Analyse Politique de l’université Paris Ouest Nanterre.
Sommaire
Engagements
Venu du socialisme libertaire, tendance Proudhon et César de Paepe, membre du groupe Benoît Broutchoux de la Fédération Anarchiste, il co-fonde et co-anime de 1986 à 1990, la revue Les Œillets Rouges. Cahiers de réflexions anarchistes, puis participe à la direction, chez Les Verts, du courant libertaire Ecologie sociale jusqu'en 1997. Il reviendra en sociologue sur cet engagement dans plusieurs articles[1].
De 1995 à 1996, après la « pétition Bourdieu » avec Jacques Kergoat, W. Pelletier est de ceux qui entendent continuer le mouvement et qui montent, en décembre 1996, « Les États Généraux du Mouvement Social ».
Refusant de voir Les Verts participer au gouvernement de Lionel Jospin, qu'il estime trop libéral, il rejoint un an plus tard la Ligue Communiste Révolutionnaire avec une partie de la gauche des Verts. Il sera membre de son Bureau Politique de 1998 à 2006. Il participe alors avec Daniel Bensaïd, Philippe Corcuff et Lilian Mathieu, à la Société Pour la Résistance à l’Air du Temps puis au lancement, en 2001, de la revue Contretemps.
En 1998, continuant Politique-La Revue où ils étaient au comité de rédaction, avec l'historien Jacques Kergoat, il participe à la mise en place de la Fondation Copernic, dont il assure la coordination générale depuis lors.
Travaux
Willy Pelletier a, de 1990 à 1996, animé avec, entre autres, Claude Grignon, Stéphane Beaud, Bernard Lahire, Bernard Lacroix, Florence Weber, la revue de sociologie critique Critiques Sociales. Il y publie notamment deux articles qui s'en prennent, sur des objets divers, à la pente misérabiliste d'une certaine sociologie[2]. Travaillant par ailleurs sur les «créations institutionnelles», il étudie la mise en place des régimes politiques dans La crise de mai 1877. La construction de la place et de la compétence présidentielle[3].
Il analyse les fluctuations des régimes d'indemnisation du chômage dans L'indemnisation du chômage, une peau de chagrin[4] puis dans La nouvelle convention d'assurance-chômage : de la formation au formatage des demandeurs d'emploi[5] (co-écrit avec Didier Gélot et Catherine Lévy). On trouve une prolongation plus complète de ces analyses dans l'ouvrage de la Fondation Copernic de 2003 auquel il participe : Pour un Grenelle de l'Unedic (co-écrit avec Claire Villiers et Didier Gélot).
La canonisation libérale de Tocqueville
Dans La canonisation libérale de Tocqueville, écrit avec Claire Le Strat, Willy Pelletier s'était employé à montrer « comment "Tocqueville" n'existe pas indépendamment des interprétations qui lui confèrent des significations historiquement fort variables ». L'ouvrage prend l'aspect d'une archéologie du sens commun désormais assigné à Tocqueville, finalement promu par Raymond Aron, sociologue démocrate et libérale, au terme d'une importation dans le champ intellectuel français, de la définition de "Tocqueville" en cours dans les années 1950 aux États-Unis.
Sociologie de la création du "sens" d'un auteur devenu fétiche parmi les libéraux, « le principal apport de l'ouvrage est de montrer qu'un "texte" n'existe qu'autant qu'il est "parlé" », qu'autant que, s'en saisissant, ses interprètes sans cesse y projettent leur propre présent, les enjeux liés à leur présent, à leur trajectoire et à leur position dans les espaces d'activité intellectuelle d'où ils tirent leur investissement sur tel ou tel "auteur".
L'État démantelé
Dans L'État démantelé : enquête sur une contre-révolution silencieuse, une enquête collective développée sur plusieurs années et co-dirigée avec Laurent Bonelli, les divers auteurs s'emploient à démontrer comment, depuis 2007, se trouve accéléré un double processus : d'une part, une compression du périmètre des services publics (vendus à la découpe au privé ou restructurés par réduction du personnel et des budgets alloués), et d'autre part, un renforcement d'une véritable caporalisation de l'action publique (un renforcement du pouvoirs des managers d'État qui, comme jamais, contrôlent et brusquent les agents des services publics). Cette révolution silencieuse prend forme avec l'arrivée en cabinets ministériels d'une nouvelle élite, d'une noblesse d'État libérale, plus qu'auparavant formée aux recettes du privé, socialisée à celles-ci parce qu’elle cumule ENA et passage en Business School, et qui circule entre postes de direction dans l'État et postes de direction dans les entreprises du CAC 40, les banques, les assurances.
L'ouvrage analyse les transformations à l'œuvre dans de très nombreux secteurs d'État : privatisations au ministère de la défense, politique du chiffre au ministère de l'Intérieur, compressions dans l'Éducation Nationale, la Culture, au ministère de l'agriculture, création de nouvelles structures publiques régies comme des entreprises (Pôle Emploi, etc..)
Publications
- La canonisation libérale de Tocqueville, en collaboration avec Claire Le Strat, Syllepse, 2006.
- État démantelé. Enquête sur une contre-révolution silencieuse, en collaboration avec Laurent Bonelli, Éditions La Découverte, 2010.
Notes et références
- Jean-Marie Harribey et Michael Löwy (dir), Capital contre Nature, Paris, PUF, 2003) « Positions sociales et effets d’institutionnalisation chez Les Verts » (Contretemps, no 4, avril 2002) ; « Sociale nature. Représentations de l’écologie et usages sociaux des environnements » (dans
- en 1991, « Description d'une militance et ethnocentrisme : l'implicite normatif du témoignage d'Anne Tristan » (Critiques sociales, no 2, décembre 1991, Racisme et racisme de classe) ; et en 1996, « Questionnaire et promotions de soi - Quelques hypothèses autour d'un Merci » (Critiques sociales, no 8-9, juin 1996, Usages sociaux de l'entretien sociologique)
- (dans Bernard Lacroix et Jacques Lagroye (dir), Le Président de la République. Usages et Genèses d'une institution, 1992, FNSP)
- dans Les Temps Modernes, novembre 1987, Chômages et chômeurs
- Droit social, No.6, juin 2002
Catégories :- Sociologue français du XXe siècle
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