Paulin Guichard

Paulin Guichard

Joseph Apollinaire Guichard, dit Paulin Guichard, né aux Salles (Var) le 23 juillet 1823[1].

Maréchal-ferrant aux Salles, il était le président de la société montagnarde locale, une organisation clandestine du parti républicain, qui a compté aux Salles jusqu’à 44 membres[2].

Le 2 décembre 1851, Louis Napoléon Bonaparte, Président de la République, élu au suffrage universel pour 4 ans et non rééligible, désirant se maintenir au pouvoir et rétablir l’empire, exécute un coup d’état pour supprimer les institutions de la République de 1848. Dans plusieurs régions françaises, et en particulier dans le Var, des mouvements vont naître pour défendre la République et la démocratie.

C’est le samedi 6 décembre 1851 que la nouvelle du coup d’état parvint aux Salles. Les Sallois protestèrent contre "l’assassinat de la République" en organisant une farandole sous le drapeau tricolore au son du chant révolutionnaire "La Marseillaise". Une marche sur Aups fut décidée le lundi 8 décembre, les républicains de la société de Paulin Guichard réalisant la liaison avec les communes d’Aiguines et de Bauduen. Lors du rassemblement à Bauduen, Antoine Pellegrin, un dirigeant de la société secrète républicaine d’Artignosc, insista pour faire signer au président des insurgés Sallois, Paulin Guichard, un papier le nommant commandant de cette marche sur Aups.

Bien que refusant l’honneur d’être le commandant des insurgés[3], Paulin Guichard a payé bien cher sa fidélité à la République et à la démocratie. Car l’aventure fut de très courte durée : du 8 décembre 23h (date du départ de Bauduen) au 10 décembre midi, date à laquelle les insurgés, pacifiques et non armés pour la plupart, furent vaincus à la bataille d’Aups, et victimes d’une répression sanglante[4].

Arrêté et déporté ("transporté politique") à Hadjout en Algérie (anciennement nommé Marengo), évadé un an plus tard, il semble que Paulin Guichard n’ait jamais revu son village natal.

Son acte de décès est reproduit en annexe ci-après.

En hommage à son engagement pour la défense de l’idéal républicain et de la liberté, l’école primaire de son village natal, aux Salles-sur-Verdon, s’appelle depuis 2001 « école Paulin Guichard ».

Sources

Notes

  1. Source : Etat-Civil.
  2. Sources : Archives Départementales du Var, recherches de Frédéric Négrel.
  3. Source : Frédéric Négrel, Clandestinité et réseau républicain dans le Haut-Var. La société secrète montagnarde d'Artignosc (1849-1851), http://www.1851.fr/negrel/memoire/partie_4.htm#_ftnref91
  4. Source : Conseil Général du Var, "En 1851, le Var républicain s’enflamme", 2001.

Annexe

Source : Archives Départementales du Var, extraits cités dans le Bulletin « Mémoire Vive » n°2, pages 42 et suivantes : "150e anniversaire" (ISSN 1630-3539). Document du 1er mars 1857 respectant l’orthographe originale.


Napoléon par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des français.

(…)

Le tribunal de première instance de l’arrondissement de Draguignan, Département du Var, a rendu le jugement dont la teneur suit : (…)

Le Sieur Jean Baptiste Guichard, ménager aux Salles a l’honneur de vous exposer qu’à la suite des événements de décembre mil huit cent cinquante un, Le nommé Guichard Paulin, son frère, fut transporté en Afrique. Il tomba malade peu de temps après son arrivée et fut placé en cette qualité dans l’infirmerie de Marengo. Depuis le mois de décembre mil huit cent cinquante deux, sa famille malgré toutes les démarches qu’elle a pu faire, n’a plus eu de ses nouvelles, et la personne qu’il avait en partant chargé de l’administration de ses biens n’a pas été plus heureuse. Ce silence de plus de quatre ans, joint à l’état maladif dans lequel se trouvait Paulin Guichard au moment de son départ de France, faisait pressentir qu’il était décédé, lorsque ces prévisions ont été confirmées par une lettre de Monsieur le Général Commandant la province d’Alger.

Il résulte de cette lettre ainsi que des procès-verbaux de Gendarmerie joints au dossier que Guichard s’est évadé au mois de novembre mil huit cent cinquante deux de l’infirmerie de Marengo ; que le vingt-trois mars suivant, après que bien des recherches infructueuses avaient été faites, on a découvert dans les broussailles, aux environs de Marengo, des ossements humains auprès desquels étaient encore des clés et des lambeaux de vêtements ayant appartenu à Paulin Guichard.

« Cette découverte, ajoute Monsieur le Général, ne laisse aucun doute sur la mort du transporté. Il est probable que par suite de la maladie dont il était atteint, ses jours l’ont trahi au milieu de sa fuite et qu’il a succombé à l’endroit où ses restes ont été trouvés ».

La conviction exprimée par le général est pleinement justifiée par les détails donnés dans les procès-verbaux dressés par la Gendarmerie à la date.

(…)

Attendu qu’il résulte des pièces jointes à la requête que le nommé Paulin Guichard, transporté politique, s’est évadé dans le courant du mois de novembre mil huit cent cinquante deux de l’infirmerie de Marengo ; attendu que le vingt deux mars mil huit cent cinquante trois on a trouvé dans les broussailles et à deux kilomètres environ de Marengo des ossements humains auprès desquels étaient des clés et des lambeaux de vêtements qui avaient été reconnus appartenir audit Guichard ;

(…)

Par ces motifs :

le tribunal de première instance de Draguignan (Var)

Déclare que le nommé Paulin Guichard, natif de la commune des Salles, Var, est décédé dans les environs de Marengo (Afrique) dans l’intervalle qui s’est écoulé depuis son évasion au mois de novembre mil huit cent cinquante deux jusqu’au vingt deux mars mil huit cent cinquante trois.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Paulin Guichard de Wikipédia en français (auteurs)

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