- Parabole du semeur
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Fresque transylvanienne
La parabole du semeur est une parabole évangélique racontée dans les trois Évangiles synoptiques: Matthieu XIII, 1-23; Marc IV, 1-20, Luc VIII, 4-15; ainsi que dans l'Évangile apocryphe selon Thomas.
Le semeur, qui représente Jésus, jette les graines dont certaines tombent sur le bord du chemin, sur les roches et dans des buissons d'épines, et la semence est donc perdue; en revanche lorsqu'elles tombent dans de la bonne terre, elles produisent du fruit jusqu'au centuple.
Sommaire
Textes
- Version selon saint Matthieu[1]:
3 « Voici, disait-il[2], que le semeur est sorti pour semer. Et comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux, étant venus, ont tout mangé. D'autres sont tombés sur des endroits pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre, et aussitôt ils ont levé, parce qu'ils n'avaient pas de profondeur de terre: mais, le soleil s'étant levé, ils ont été brûlés, et faute de racine, ils se sont desséchés. D'autres sont tombés sur les épines, et les épines ont monté et les ont étouffés. Mais d'autres sont tombés sur de la bonne terre, et ils ont donné du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. Entende, qui a des oreilles !
10 Et, s'avançant, les disciples lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Et, répondant, il dit : « Parce qu'à vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, mais à ceux-là ce n'a pas été donné. Car quiconque a, on lui donnera et il aura en surabondance, mais quiconque n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé. Voilà pourquoi je leur parle en paraboles : parce qu'ils voient sans voir et qu'ils entendent sans entendre. Et pour eux s'accomplit la promesse d'Isaïe qui dit : Vous serez tout oreilles et ne comprendrez pas, vous regarderez de tous vos yeux et vous ne verrez pas, car le cœur de ce peuple s'est épaissi, ils sont devenus durs d'oreille, ils ont fermé les yeux, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, n'entendent de leurs oreilles, ne comprennent avec leur cœur, et qu'ils ne se convertissent. Et je les aurais guéris ! Mais vous, heureux vos yeux, parce qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles entendent ! Car en vérité je vous dis que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ils ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ils ne l'ont pas entendu !
18 Vous donc, écoutez la parabole du semeur. Chaque fois qu'un homme entend la Parole du Royaume sans la comprendre, arrive le Mauvais qui emporte ce qui a été semé dans son cœur; c'est celui qui a reçu la semence au bord du chemin. Celui qui a reçu la semence sur les endroits pierreux, c'est celui qui entend la Parole et aussitôt la reçoit avec joie, mais il n'a pas de racine en lui-même, il est, au contraire, l'homme d'un moment; survienne une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt il trébuche. Celui qui a reçu la semence dans les épines, c'est celui qui entend la parole, et le souci du monde et la duperie de la richesse étouffent la Parole, qui devient stérile. Et celui qui a reçu la semence sur la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et la comprend : et celui-là porte du fruit et produit l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. » »
Interprétations
Van Gogh Le semeur au soleil couchant- Liberté chrétienne: selon saint Jean Chrysostome[3], Jésus est venu sur terre pour en être le laboureur, pour rendre la terre fertile en la cultivant avec soin et semer sa parole. La terre représente donc les âmes où le semeur (Jésus) lance la semence sans distinguer le pauvre du riche, le savant de l'ignorant, l'âme ardente de celle qui est paresseuse. Saint Jean Chrysostome répond aussi à ceux qui s'étonnent de ce qu'un semeur jette ses graines ailleurs que dans de la bonne terre, car cela prouve que les changements sont possibles. Il ne faut pas comparer la semence matérielle, mais la comparer à la Parole divine qui apporte la conversion: si les changements « ne sont point arrivés dans toutes les âmes, ce n'est point la faute du laboureur, mais de ceux qui n'ont pas voulu se changer. Il a accompli avec un soin entier ce qui dépendait de lui. » Cette parabole illustre donc pour le Grec la nécessité du changement et de la responsabilité. En effet la parabole ne dit pas que la semence s'est desséchée à cause du trop grand soleil (c'est-à-dire l'exposition à la tentation au mal), mais parce qu'elle n'a pas de racine. De même pour la semence tombée dans les buissons d'épines, la faute ne revient pas aux buissons (qui symbolisent la vie mondaine et l'attrait des richesses), mais à celui qui les laisse croître. Si on coupe les tiges des buissons, on peut s'en servir utilement et laisser la bonne terre s'installer. C'est ainsi que Jésus ne parle pas des richesses en général, mais de la « duperie » des richesses. Et l'auteur d'ajouter: « N'accusons point les choses en elles-mêmes, mais l'abus que nous en faisons et la corruption de notre esprit. » Il estime donc que cette parabole marque trois étapes de l'évolution spirituelle, la bonne terre étant promise à tous, si l'on renonce à l'« esclavage » des plaisirs, pour l'exercice de la vertu, seul gage de la liberté. L'auteur termine en citant comme exemple les excès de la goinfrerie.
Bibliographie
Jean Chrysostome, Commentaire sur l'Évangile selon saint Matthieu, in « Œuvres complètes » traduction de M. Jeannin, Bar-Le-Duc, Éditions Guérin, 1865
Liens externes
Notes et références
- Traduction du chanoine Osty, Éditions Siloé, 1966
- L'évangéliste cite Jésus
- Jean Chrysostome, Œuvres complètes, tomes VII et VIII, op. cité
Catégorie :- Parabole du Nouveau Testament
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