- Olivier ou le Secret
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Olivier ou le Secret est un roman épistolaire rédigé entre 1821 et 1822, et revu vers 1832, par Claire de Duras.
Le sujet aborde principalement la question de l’impuissance masculine.
Sommaire
Une supercherie
Comme le rappelle le stendhalien Henri Martineau dans sa préface à Armance en 1943[1] : « Mme de Duras n’imprima jamais cette nouvelle, mais elle l’avait lue à quelques amis ». Des indiscrétions en firent durant une saison la fable des milieux littéraires et mondains, à tel point qu’un certain Henri de Latouche en conçut l’idée d’une fort piquante mystification. Il n’est guère connu aujourd’hui que pour avoir établi la première édition d’André Chénier et pour avoir peut-être inspiré ses plus beaux vers à la plaintive Desbordes-Valmore. Il passait alors pour un conteur des plus distingués et pour un redoutable causeur. Il se hâta de bâtir un petit roman sur la donnée spécieuse de Claire de Duras et il l’intitula tout naturellement Olivier. Le livre parut chez Urbain Canel dans les derniers jours de 1825 ou au début de 1826, sans nom d’auteur. Le Journal de la Librairie l’annonçait le 28 janvier 1826, mais le Mercure du XIXe siècle, dans son dernier numéro de 1825, le présentait déjà par une note telle qu’on put croire que c’était là le nouvel ouvrage, fameux avant même que d’avoir vu le jour, et dont les salons s’inquiétaient tant, de Claire de Duras. Comme les précédents romans de Claire de Duras, Ourika et Édouard, le roman de Latouche ne portait pas de nom d’auteur. Il avait en outre le même éditeur, la même présentation, le même format ; il arborait, à leur imitation, une épigraphe empruntée à la littérature étrangère et l’annonce que sa publication était faite au profit d’un établissement de charité. Tant de soins égarèrent les lecteurs dans le sens voulu par l’adroit faussaire. Le scandale fut énorme. Mais bientôt, soupçonné à bon droit de la supercherie, Latouche dut publier dans la presse une lettre où il affirmait sur l’honneur qu’Olivier n’était point de lui mais qu’il en connaissait l’auteur, et que ce n’était pas celui d’Édouard et d’Ourika.
En ce qui concerne également une possible filiation entre ce récit et l'Armance de Stendhal, elle reste donc théorique mais s’inspire bien des « rumeurs de salons » comme le dit le sous-titre du roman stendhalien : selon sa correspondance, Stendhal n’a jamais eu accès au manuscrit de Claire de Duras mais, étant en amitié avec ce Latouche, il se serait inspiré du sujet et aurait activement participer à la supercherie. C’est Prosper Mérimée qui demandera à Stendhal de renoncer à prénommer Olivier le personnage masculin dans Armance[2].
Enfin, Claire de Duras emprunte son titre, selon le critique Pierre Martino (1880-1953), à Olivier un roman de Caroline von Pichler publié anonymement en 1802, traduit librement de l’allemand en 1823 par Isabelle de Montolieu où le héros, Olivier de Hautefort, défiguré par la petite vérole, s’attirait, de la part de la jeune fille qu’il aimait, cette cruelle réplique : « Rendez-vous justice, Monsieur, pouvez-vous jamais inspirer l’amour ? » Cette phrase, répétée sur le frontispice de l’ouvrage, aurait aussi bien pu, détournée légèrement de son sens, servir d’épigraphe au livre de la duchesse, comme ensuite à celui de Stendhal.
Une découverte contemporaine
Quoi qu’il en soit, le véritable récit fut publié pour la première fois, en 1971, chez José Corti avec une introduction de Denise Virieux qui fait le point sur toute cette affaire.
Références
- Editions Libris, Bruxelles, p. II-III
- Ce sera Octave.
Sources
- Jean-Pierre Saidah, « Secret, énigme et structure dans Olivier, ou le secret », Dominique Rabaté [dir.], Dire le secret, Modernités, no 14, Presses universitaires de Bordeaux, 2001.
Catégories :- Roman français
- Roman paru en 1971
- Féminisme
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