Maître de la Légende de sainte Lucie

Maître de la Légende de sainte Lucie
Marie, reine des Cieux
Marie, reine des Cieux, Washington, National Gallery of Art.
Lamentation
Triptyque de la Vierge à l'Enfant, Los Angeles, County Museum of Art.
Virgo inter virgines
Virgo inter virgines, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Le Maître de la Légende de sainte Lucie est un peintre à nom de convention actif à Bruges à la fin du xve siècle et au début du xvie siècle.

Sommaire

Histoire

C'est Friedländer[1] qui lui donna son nom d'après le tableau conservé dans l'église Saint-Jacques de Bruges représentant différents épisodes de la légende de Sainte Lucie. L'œuvre est divisée en trois scènes et est datée de 1480 par une inscription figurant sur le dais du trône du Consul dans la scène centrale[2]. Depuis lors, quelque vingt-cinq à trente-cinq œuvres lui ont été données.

Son style se caractérise par un très grand réalisme hérité de Jan van Eyck et des types de composition très proche de Hans Memling tout en trahissant une perte de la profondeur, les groupes de personnages se situant la plupart du temps à l'avant-plan sans relation avec l'espace qui les entoure. Cette perte de la spatialité est récurrente dans la peinture brugeoise de la fin du xve siècle et se retrouve notamment chez le Maître de la Légende de sainte Ursule[3]. Les influences de Dieric Bouts et de Hugo van der Goes ont également été reconnues dans son œuvre[4], [5]. Dans la plupart de ses tableaux, le Maître de la Légende de sainte Lucie fait figurer à l'arrière-plan une représentation urbaine. Bien que parfois imaginaire, il s'agit le plus souvent d'une vue de la ville de Bruges. Décrite de manière très fidèle, cette vue de la cité brugeoise a permis d'établir une chronologie de l'œuvre de l'artiste, allant d'avant 1483 à après 1501, en se basant sur la représentation des quatre différents stades de construction du beffroi surmontant les halles de la ville[6].

Le Maître de la Légende de sainte Lucie semble avoir été à la tête d'un important atelier en raison du grand nombre de copies de ses compositions ainsi que de l'importante production destinée à l'exportation pour la région hanséatique[7],[8], l'Italie et plus particulièrement l'Espagne[9].

Plusieurs propositions d'identification du Maître ont été avancées :

  1. Pour Versyp (1954), le Maître de la Légende de sainte Lucie serait le peintre brugeois Jan Fabiaen[10] (proposition soutenue par P.-G. Girault[11]).
  2. Roberts (1982) proposa d'identifier le Maître à Jan I de Hervy, actif à Bruges de 1472 à 1509[12] (hypothèse qu'elle abandonnera par la suite).
  3. Pour Janssens (2004), il s'agirait du peintre brugeois Frans Vanden Pitte, maître dans les années 1453-1456, qui mourut en 1508[13].

Catalogue

Bibliographie

  • (nl) D. de Vos, «Nieuwe toeschrijvingen aan de Meester van de Lucialegende, alias de Meester van de Rotterdamse Johannes op Patmos», Oud Holland, XC, 1976, pp. 137-161.
  • (en) M. J. Friedländer, Early Netherlandish Painting, VI, Hans Memling and Gerard David, New York, 1972.
  • (de) D. Martens, «Der Brügger Meister der Lucialegende. Bilanz der Forschungen und neue Hypothesen», Die Kunstbeziehungen Estlands mit den Niederlanden in den 15.-17. Jahrhunderten. Der Marienaltar des Meisters der Lucialegende 500 Jahre in Tallinn, Konferenz 25-26 September 1995, Tallinn, 2000, pp. 59-83.
  • (en) A. M. Roberts, The Master of the Legend of Saint Lucy : a catalogue and critical essay [Dissertation], University of Pennsylvania, 1982.
  • (fr) N. Veronee-Verhaegen, «Le Maître de la Légende de sainte Lucie : précisions sur son œuvre», Bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique, II, 1959, pp. 73-82.

Notes et références

  1. M. J. Friedländer, Meisterwerke der niederländischen Malerei des 15. und 16. Jahrhunderts auf der Ausstellung zu Brügge 1902, Munich, Verlagsanstalt Bruckmann, 1903.
  2. DIT WAS GHEDAEN INT JAER M CCCC ENDE LXXX
  3. P. Philippot, «La fin du XVe siècle et les origines d'une nouvelle conception de l'image dans la peinture des Pays-Bas», Bulletin des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, XI, 1962, pp. 3-38.
  4. H. Fierens-Gevaert, La Peinture à Bruges. Guide historique et critique, Bruxelles, Van Oest et Cie., 1922, p. 20.
  5. W. Schöne, Dieric Bouts und seine Schule, Berlin, Verlag für Kunstwissenschaft, 1938.
  6. N. Veronee-Verhaegen, «Le Maître de la Légende de sainte Lucie : précisions sur son oeuvre», Bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique, II, 1959, pp. 73-82.
  7. M. Lumiste, «Lucia-legendi meistri teos Tallinnas. Mustpeade altari autori probleemist», Kunst, 1961, II, pp. 32-42
  8. N. Veronee-Verhaegen, «Un important retable du Maître de la Légende de sainte Lucie conservé à Tallinn», Bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique, IV, 1961, pp. 142-154.
  9. A. M. Roberts, The Master of the Legend of Saint Lucy : a catalogue and critical essay [Dissertation], University of Pennsylvania, 1982.
  10. J. VERSYP, « Geschiedenis van de tapijtkunst te Brugge », Verhandelingen van de Kon. Acad. voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België, Klasse der Schone Kunsten, 1954, p. 39.
  11. P.-G. Girault, Cartonniers de tapisseries à Bruges et à Paris vers 1500 : Jan Fabiaen et Gauthier de Campes, Studies in Western Tapestry, [1], 2005.
  12. A. M. ROBERTS, The Master of the Legend of Saint Lucy : a catalogue and critical essay [Dissertation], University of Pennsylvania, 1982.
  13. A. Janssens, « De Meesters van de Lucia- en de Ursulalegende. Een poging tot identificatie », Handelingen van het Genootschap voor Geschiedenis gesticht onder de benaming « Société d’Emulation » te Brugge, 141, 3-4, 2004, pp. 278-331.

Liens externes


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