Mario Aguerrondo

Mario Aguerrondo

Oscar Mario Aguerrondo (né le 1910 - mort le 13 septembre 1977 [1]) était un général uruguayen d'extrême-droite. Admirateur du nazisme[2], il était au centre des rumeurs de coup d'Etat, particulièrement en 1964 et 1966[3],[2]. A la fin des années 1960 et au début des années 1970, l'armée uruguayenne était, grosso modo, divisée en deux tendances principales, celle influencée par l'ultra-nationalisme d'Aguerrondo d'un côté, et de l'autre celle, libérale, du général Líber Seregni, président du Front large et candidat présidentiel aux élections de 1971[4].

Biographie

D'une famille catholique et « nationaliste » (appartenant au Parti blanco), Oscar Mario était un général anti-communiste, qui se proclamait de la tendance herreriste orthodoxe blanca. Il fut chef de la police de Montevideo entre 1959 et 1963, avec le grade de colonel. Plusieurs faits de violence contre des communistes et des juifs eurent lieu à cette époque[3]. Il était alors en contact avec la CIA, à qui il transmettait nombre d'informations [5]. En 1964, le chef de l'antenne de la CIA à Montevideo de 1963 à 1965, Ned Holdman, a décidé d'interrompre temporairement ses contacts avec lui, en raison de ses velléités putschistes[5].

En 1964, il fut nommé général, malgré le vote contraire du président blanco du Conseil national du gouvernement Washington Beltrán Mullin (es), et fonda en août 1964 la Loge des lieutenants d'Artigas (Los Tenientes de Artigas) [6], un cercle militaire clandestin d'extrême-droite [3]. Julio César Vadora, qui fut le premier tenentista à devenir général, en 1970, fut sous la dictature commandant en chef des forces armées[3].

Il se présenta sans succès à l'élection présidentielle de 1971 en tant que candidat herreriste (13,74% des voix; à peu près 1/3 des voix au sein du Parti blanco, où il était rivalisé par Wilson Ferreira Aldunate), avec comme co-listier Alberto Héber Usher. Il s'oppose notamment à la nomination, par le président colorado Juan María Bordaberry du général à la retraite Antonio Francese au ministère de la Défense, soutenant l'armée contre le président. La crise débouche sur le Pacte de Boiso Lanza du 12 février 1973, plaçant Bordaberry sous l'étroite surveillance d'un Conseil de sécurité nationale essentiellement formé de militaires. Peu de temps après l'échec de sa candidature, il quitta le Parti blanco, désillusionné et en critiquant acerbement le libéralisme[6], redevenant officiellement simple général à la retraite[6].

De 1972 à 1977, Aguerrondo présida le Centre militaire, et fut enthousiasmé quand, enfin, vint le coup d'Etat de juin 1973 qu'il appelait de ses voeux depuis déjà plusieurs années. Il présida par ailleurs la commission qui dirigea la construction de l'usine hydroélectrique de Palmar (es), inaugurée après sa mort, en 1980.

Certains secteurs de l'armée continuent, encore aujourd'hui, à honorer sa mémoire en lui rendant hommage au Cementerio del Norte (en particulier Arsenio Bargo, les généraux Manuel Fernández, Núñez, Luis Abraham et Yamandú Sequeira) [6].

Notes et références

  1. A ne pas confondre avec un autre général, Mario Aguerrondo, chef de la SID uruguayenne en 1992, retraité par la suite. Voir Casella involucra al general Aguerrondo en el caso Berríos, La Republica, 5 février 2007. Le dit Casella, inculpé dans l'affaire Eugenio Berrios (en), est d'ailleurs membre de la Loge des lieutenants d'Artigas.
  2. a et b Alain Labrousse (2009), Les Tupamaros. Des armes aux urnes, Paris, éd. du Rocher, p. 30
  3. a, b, c et d Luis Casal Beck, Los Tenientes de Artigas van a crear un movimiento nacional. La ultraderecha le declaró una 'guerra psicopolítica' al 'gobierno del mundo', Caras y Caretas (es) (dossier de presse du Ministère de la Défense de l'Uruguay, 7 septembre 2007)
  4. Oscar Bottinelli, Las extrañas relaciones entre la izquierda y los militares, Radio El Espectador, 28 avril 2006
  5. a et b Clara Aldrighi, L'antenne de Montevideo de la CIA, Brecha, 25 novembre 2005 (article traduit par El Correo, version originale disponible). L'historienne Clara Aldrighi est notamment l'auteur de trois tomes sur L’intervention des États-Unis en Uruguay (1965-1973).
  6. a, b, c et d Reivindican al general Aguerrondo y el asalto militar al poder en 1973, La Republica, 13 septembre 2007

Voir aussi


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