Manoir de la Bérardière

Manoir de la Bérardière
Manoir de la Bérardière
Image illustrative de l'article Manoir de la Bérardière
Le château de la Bérardière, par Charles Léandre, Pastel, 1905
Type Manoir
Début construction XVIe siècle et XVIIe siècle
Propriétaire initial Jehan Roussel
Destination initiale Habitation
Propriétaire actuel Famille Roulleaux-Dugage
Destination actuelle Propriété privée
Protection  Inscrit MH (1974, manoir)
 Inscrit MH (1995, parc)
Coordonnées 48° 39′ 06″ N 0° 38′ 48″ W / 48.651553, -0.6467548° 39′ 06″ Nord
       0° 38′ 48″ Ouest
/ 48.651553, -0.64675
  
Pays Drapeau de France France
Anciennes provinces de France Normandie
Département Orne
Commune Saint-Bômer-les-Forges

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Manoir de la Bérardière

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Manoir de la Bérardière

Le manoir de la Bérardière, situé sur le territoire de la commune de Saint-Bômer-les-Forges, dans l’Orne, sur la route de Tinchebray à Domfront est un manoir de la fin du XVIIe siècle (1695), construit, à l’emplacement de constructions antérieures, pour Jacques de Roussel, avocat, lieutenant à Domfront, avec un bâtiment principal, une cour d’honneur et deux pavillons d’entrée. Une Association des Amis de la Bérardière, créée en 2008, a pour objectifs de sauvegarder le domaine, de veiller à son entretien et de le mettre en valeur par l'organisation de manifestations culturelles.

Sommaire

Histoire

En 1461, l'arrière-fief de la Bérardière[1] entra dans la famille Roussel par le mariage de Jehan Roussel, écuyer, originaire de Chérencé-le-Roussel[2], dans la Manche, avec Augustine Hallé de Jumilly, dame de la Bérardière[3]. Selon d'autres sources[4], c'est en 1398 que la Bérardière passa dans la famille Roussel, par un échange de cette terre contre celle de la Bouvérière, appartenant à Perrette Fourré qu'avait épousé Jehan Roussel, écuyer.

Les Roussel n'ont jamais été anoblis mais possédaient des charges anoblissantes, qu'ils ne pouvaient, en principe, transmettre à leurs descendants ou à leurs collatéraux[5]. La charge la plus souvent exercée par les Roussel est celle d'avocat. Ils se rattachaient ainsi à la noblesse de robe. Même si quelques Roussel cultivaient eux-mêmes leurs terres, nombre d'entre eux se sont toutefois illustrés dans la magistrature, l’Église ou la science[6]. On peut citer, entre autres, Henri-François-Anne de Roussel, professeur de médecine à l'Université de Caen[7] et Jean-Henry Roussel de la Bérardière, professeur de droit dans la même université.

En 1695, Jacques de Roussel, avocat, lieutenant en l'élection de Domfront[8], fit construire le manoir tel qu’on le connaît aujourd’hui. Outre la Bérardière, les Roussel possèdaient de nombreuses terres à Saint-Bômer-les-Forges: la Bouverière, la Benoistière, la Prairie, la Maigrère, la Rainfrère, Montpatry, etc[6]. Ils ajoutaient le nom de leur terre à leur nom de famille afin de se distinguer les uns des autres, bien qu'ils fussent tous cousins[9]. Sous la Révolution, la Bérardière joua un rôle important dans la chouannerie normande. Le général Guidal[10], qui commandait le département de l'Orne, y rencontra le baron de Commarque, colonel de la division de Flers (1799-1800) dans l'Armée catholique et royale de Normandie, lequel résidait alors à la Bérardière et y tenait son état-major. Louis de Frotté y vint régulièrement à la même époque[11].

En 1801, Jean-Henry Roussel de la Bérardière meurt à la Bérardière. En 1802, sa fille[12], Marie-Rose, épouse H. Bidard de la Thiérière. Leur fils, Georges, lègue le domaine à son cousin, M. Emile Bidard-Huberdière[13]. Les artistes peintres s'intéressèrent également au manoir. En 1908, à l'invitation du Docteur Bidard, Gaston La Touche et Charles Léandre se rendirent à la Bérardière[14]. Un pastel sur toile de Léandre, daté de 1905, s'intitule Le Château de la Bérardière[15]. En 1910[16] ou 1911[17], Émile Bidard-Huberdière lègua la Bérardière à Georges Henri Roulleaux-Dugage, évitant ainsi le morcellement du domaine et sa probable mise en vente [18][19].

Le manoir est inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 3 mai 1974 et le parc par arrêté du 15 novembre 1995[20]. Il se visite uniquement sur rendez-vous. Quant au parc, il se visite librement le dimanche. Les Journées européennes du patrimoine sont parfois l’occasion d’une ouverture exceptionnelle, comme ce fut le cas en 2009[21]. Le 14 mai 2011, le manoir participe au Festival Pierres en Lumières, organisé par le conseil général de l'Orne[22].

Description

Un jardin à la française, clos de mur, avec un petit escalier de pierre et portes, jouxte le bâtiment central. A l’angle du jardin se dresse un imposant pavillon carré, dit « Pavillon des Archives », aménagé en bibliothèque[20]. Il est flanqué d’une tourelle élancée de style Renaissance, datant de la fin du XVe siècle. Un escalier extérieur permet d'accéder, au premier étage, à une pièce unique, comportant une belle cheminée en granit. La bibliothèque contient le chartrier de la Bérardière, dont certaines archives datent du XVe siècle, ainsi que des ouvrages rares[23]. A l’angle opposé, une petite chapelle, construite en 1745 et consacrée l'année suivante, est dédiée à Saint François-Xavier. Elle abrite un autel de style Louis XIV en bois sculpté et doré, ainsi que des stalles en chêne. Deux vitraux sont disposés de chaque côté[24].

Le bâtiment central, rectangulaire, est construit en granit[25]. L'entrée, après avoir monté quelques marches, donne sur un grand escalier en bois avec marches en briques. Des boiseries décorées, surmontées de peintures en camaïeu[26], remontant à la moitié du XVIIIe siècle, ornent la salle-à-manger et le bureau[20]. A gauche s'ouvre un salon Louis XV, suivi d'un salon Louis XVI dont les boiseries sont décorées de scènes de chasse. L'étage contient de nombreuses chambres, dont une ornée de boiseries Louis XIV avec un grand lit à baldaquin. On peut voir un portrait de Jean-Henry Roussel de la Bérardière, ainsi que de nombreux dessins au crayon en deux couleurs que ce dernier exécuta entre 1794 et 1798, représentant ses amis ou ses voisins. On remarque aussi des tapisseries des Gobelins des XVIe siècle, XVIIe siècle, et XVIIIe siècle et un portrait de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, ancêtre des propriétaires actuels[27].

Au-dessus d’une toiture d’ardoise se dressent deux monumentales cheminées ornées des « boules de noblesse »[25]. L’entrée, dans le prolongement d’une longue avenue boisée, se compose d’une cour d’honneur encadrée par deux pavillons à tourelles avec meurtrières, rappelant le caractère défensif de l'habitation initiale. Autour de la grande avenue bordée d'arbres séculaires, ont été aménagées, au XVIIIe siècle, des promenades sur de larges talus[28], dont on a pu souligner l'intérêt ethnologique[20]. Le bois a complètement disparu après la tempête de 1999, mais il a été replanté dans le même esprit[29]. Un portail réunit les deux pavillons, se composant d’une porte charretière et de deux portes piétonnières. Au-dessus de l’une de ces portes piétonnières (porte gauche) a été sculpté le blason des Roussel qui se lit ainsi : D’argent, de cœur de gueules, entouré de trois trèfles de sinople, posés 2 en chef et 1 en pointe[30]. Les Roussel ont en fait repris le blason des Hallé de Jumilly, en y ajoutant le cœur de gueules au XVIIe siècle[3]. Les dépendances, après avoir subi quelques transformations au XXe siècle, datent du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle[31].

En 1919, à l’initiative de la famille Roulleaux-Dugage, des modifications sont apportées : une tour polygonale est construite au centre de la façade arrière, ainsi qu’une aile en retour, dans le même style que le manoir[32]. Des écuries, dans le style vieux-normand, ont également été construites[33].

Galerie

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Notes et références

  1. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.58
  2. Auguste Surville, "Histoire féodale de Saint-Bômer", dans Le Pays Bas-Normand, janvier-février-mars 1911, n°1, Flers, p.10
  3. a et b Association des Amis de la Bérardière
  4. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.60
  5. Auguste Surville, "Histoire féodale de Saint-Bômer", dans Le Pays Bas-Normand, janvier-février-mars 1911, n°1, Flers, p.10
  6. a et b Ibidem, p.9
  7. Ibidem, p.15
  8. Généalogie des Roussel de la Bérardière.
  9. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.60
  10. Général de brigade Emmanuel Maximilien Joseph Guidal.
  11. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.60
  12. Selon d'autres sources, il s'agirait de la fille de Henri-François-Anne de Roussel, Jean-Henry Roussel de la Bérardière étant mort sans descendance. Voir Généalogie des Roussel.
  13. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.61
  14. F. Schlack de la Faverie, "Un joyeux repas : préambule d'une Histoire triste", dans Le Pays bas-normand, n°3, juillet/août/septembre, 1908, pp.226-234
  15. Musée de Vire: http://circo-vire.etab.ac-caen.fr/IMG/pdf/Les_oeuvres_de_lExposition.pdf
  16. Association des Amis de la Bérardière
  17. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.61
  18. Association des Amis de la Bérardière.
  19. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.61
  20. a, b, c et d Manoir de la Bérardière, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  21. http://rouldug.com/AmisdelaB/node/2
  22. http://rouldug.com/AmisdelaB/node/24
  23. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.58 et p.60
  24. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.60
  25. a et b Ibidem, p.63
  26. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.58
  27. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.58-59
  28. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.60
  29. Association des Amis de la Bérardière.
  30. Auguste Surville, op.cit., p.9
  31. Philippe Déterville, Manoirs & Châteaux de l'Orne, Editions des Falaises, Fécamp, 2002, p.63
  32. Philippe Déterville, op.cit., p.63
  33. Bulletin de la Société historique de l'Orne, tome XLIII, 1er Bulletin, janvier 1924, p.59

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Lien externe


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