Léon Gaignebet

Léon Gaignebet


LEON GAIGNEBET


Léon Gaignebet


Léon Gaignebet est en 1938 à Damas (Syrie). Après un séjour au Japon, un long voyage en Orient et son service militaire, il entre dans latelier de Perret-Herbé en 1956 aux Beaux-Arts, et devient architecte DPLG en 1967. Il préfère pourtant se définir comme artiste car le terme d’« architecte » dans le sens quon lui prête aujourdhui se révèle trop restrictif alors quil renvoyait auparavant au savoir faire dun maître dœuvre capable de superviser et dexécuter une œuvre artistique de premier ordre, et den assimiler toutes les pratiques. Les bâtiments quil construit convoquent une technicité innovante tant au niveau des matériaux que des calculs dingénierie. Partisan dune distinction radicale entre structure et décor, il associe à la construction un assemblage de peintures, de sculptures et déléments décoratifs, dont beaucoup sont signés de lartiste. Larchitecte sollicite donc tous les arts plastiques. Son œuvre à la limite de la temporalité saffiche néanmoins pérenne.

La "Maison folle", façade est


De 1962 à 1964, durant son séjour au Japon, il bénéficie dune bourse dans le cadre dun échange entre les Beaux-Arts et lUniversité de Tokyo et devient assistant du Professeur Masuda. Parallèlement, il sinitie auprès de Maître Tokuriki à la gravure sur bois. Séduit par cette technique, lune des rares à avoir conservé un caractère populaire assez tardivement dans notre histoire, il reste fasciné par son étonnante richesse graphique. Cest celle quil pratique le plus volontiers aujourdhui dans son atelier dArc-et-Senans.

Vue de la Maison Folle de Tel Aviv
"La Maison Folle", façade ouest

Il travaille dabord au Japon, puis de 1966 à 1981 à Genève il réalise quelques bâtiments modestes jusquaux moindres détails. Larchitecture intérieure dun appartement privé dans le quartier de Champel devient grâce à la patience d'un client ce que lon peut considérer comme son premier manifeste darchitecture. Ensuite, il partage son temps entre la France et Israël il édifie de 1981 à 1985 sa réalisation la plus aboutie, mêlant invention technique et fantaisie formelle : La Maison folle[1]. Non en hommage à Le Corbusier dont il ne se réclame pas, mais plutôt comme un clin dœil aux façades extrêmement ornementées qui offrent un contraste heureux avec les constructions voisines. Aimant citer lœuvre de Guimard quil admire, il en propose, à travers sa pratique, un renouvellement et une évolution. Il y expérimente des innovations techniques : structures porteuses et façade monolithe en ferrociment, coques de façade préfabriquées en GRC sur moules en sable, murs jardins. Sa façon originale de concevoir une architecture totale remet en cause la fonction de larchitecte dans la cité.

Sa relecture des œuvres architecturales du passé sentrecroise donc avec une interprétation théorique et une observation attentive de la géographie et de lHistoire. Ainsi la théorie du mathématicien Mandelbrot sur les fractals qu'il a découverte en 1973 devient une mine dinspiration quil exploite et dont il joue avec humour, en pratiquant des effets dagrandissement et de réduction déchelles. Les façades de la Maison folle, à lOuest et à lEst, réfléchissent les éléments topographiques qui leur sont respectifs tout en conceptualisant les recherches du célèbre chercheur par une exploration sur les limites[2].

Libre, favorable en architecture à une forme danarchisme raisonné, Léon Gaignebet refuse le joug du Bauhaus, fruit dune importation malheureuse qui marque fortement la ville de Tel-Aviv[3]. Ce style, aussi inapproprié à ses yeux - qu'il l'était à Geddes l'urbaniste fondateur - au patrimoine architectural de la région, bride en effet la création. Le Bauhaus intègre et représente un ensemble de contraintes formelles et idéologiques qui ne sauraient convenir ni à la tradition méditerranéenne ni aux formes orientales du baroque.

Léon Gaignebet est cependant avant tout un homme de chantier. Son œuvre architecturale ne peut se limiter à une simple définition dintentions et au projet; d son choix de limiter le nombre de ses réalisations. La structure et son décor, lintérieur et lextérieur, restent à ses yeux dégale importance. Cest pourquoi il conçoit, à chaque fois quil le peut, lintégralité de la conception et de lexécution de lœuvre. Elle est réfléchie puis évolue comme un ensemble cohérent; du plan aux façades du mobilier et au décor ainsi qu'aux aux menus objets qui accompagnent le quotidien. Ce tout est alors orné de fresques ou de sculptures murales qui nécessitent souvent des mois, voire des années de travail. Cest pourquoi ses commanditaires se découvrent, parfois, aussi un peu mécènes.

Détail de la table Jérusalem
La table Jérusalem
lit escamotable
Lit escamotable

Le mobilier quil conçoit peut être métaphore, allégorie ou bien symbole. Il puise sa réflexion dans la Nature mais aussi dans les mythologies méditerranéennes dont la Bible. Citons la « Table Jérusalem » (2004), et quelques réalisations dune ligne de « meubles philosophiques » dans les années 90, ou encore la ligne Punk des années 70 constituée déléments récupérés et dont il façonne la forme, à partir de celles existantes du matériau.

Il a accumulé au cours des années des centaines de peintures et de gravures quil na jamais pris le temps dexposer, toujours occupé à construire et à décorer. Il a cependant réalisé quelques grandes expositions thématiques, mêlant peintures, dessins, gravures, et sculptures : Gravure et irréalité (1974), Tel-Aviv on the sea (1989) sur un projet utopique de développement dune ville maritime, Alte Zachen et Tel Zevel (1992) sur les problèmes des déchets et du recyclage, Lancelot du lac (1992), Revoir Racine (1999), Reliques imaginaires (2002), Démangeaisons architecturales, etc.

Toutes ces compositions artistiques de lartiste ont été présentées lors de manifestations culturelles, colloques, conférences internationales, à Paris, Genève, Tel-Aviv, Haïfa.

Il vit maintenant entre Paris et Arc-et-Senans il poursuit son œuvre graphique, et écrit pour son plaisir de la poésie.

Ouvrage

Georges Bertin, Michel-Vital Le Bossé et Léon Gaignebet, Promenades en Normandie avec Lancelot du Lac, CinémAction-Corlet, 1988, 143 p. (ISBN 9782854804140) 

Références

  1. (en)Gloria Deutsch, « The Crazy House » sur The Jerusalem Post. Mis en ligne le 15 mars 2006, consulté le 25 octobre 2011
  2. (en)Crazy houses. Consulté le 25 octobre 2011
  3. (he)Dictature du Bauhaus. Consulté le 25 octobre 2011


Liens externes

(he) Hayarkon St Henya. Consulté le 25 octobre 2011



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