- Les Pailles rompues
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Les Pailles rompues est une comédie en un acte et en vers de Jules Verne, écrite en 1850, avec la probable collaboration d'Alexandre Dumas fils. Elle fut jouée, pour la première fois, le 12 juin 1850 au Théâtre-Historique.
Sommaire
Argument
Henriette est mariée à D'Esbard, un homme avare et plus âgé qu'elle. Ce dernier tient à ce qu'elle quitte Paris, mais elle refuse, tant qu'elle n'aura pas obtenu de lui un collier de diamants. Elle lui lance un défi, et tous deux décident de jouer aux "Pailles rompues"[1].
Personnages
- D'Esbard, avare, jaloux, gros, vieux. Se dispute toujours avec sa femme. Devra offrir à sa femme une parure de grande valeur s'il perd le pari.
- Frontin, serviteur des d'Esbard. Refuse d'épouser Marinette sauf s'il perd le pari.
- Raoul d'Elmont, aime Henriette, cousin de celle-ci, délicat, doux, timide.
- Henriette d'Esbard, cousine de Raoul d'Elmont. Aime son mari pour son argent... mais en réalité Raoul. Lance le pari pour recevoir une parure.
- Marinette, veut épouser Frontin. Servante d'Henriette. Elle n'épousera Frontin que si elle gagne le pari.
- Un Suisse. Lie les mains de Frontin pour qu'il ne reçoive rien de Marinette.
Représentations
La pièce eut quatorze représentations du 12 au 25 juin 1850. Par la suite, elle fut reprise au Gymnase de 1853 à 1857 et fut jouée quarante-cinq fois, puis à nouveau en 1871-1872, où elle tint la scène pour quarante nouvelles représentations[2]. La pièce fut également reprise au Théâtre Graslin à Nantes, le 7 novembre 1850.
Verne et Dumas fils
C'est grâce à Alexandre Dumas fils que Verne put faire jouer cette pièce au Théâtre Historique. En cette occasion, il lui dédicace le texte imprimé. Dans une lettre de 1889[3], Jules Verne reconnait l'apport de Dumas à la pièce:
« J'ajouterai qu'il y a dans Les Pailles rompues de très jolies choses, et, si je me permets de le dire, c'est qu'elles sont de Dumas fils! »
L'amitié de Verne et de Dumas fils remonte donc assez loin dans la vie de l'auteur. D'ailleurs, dans un entretien accordé à Robert H. Sherard en janvier 1894, l'auteur des Voyages Extraordinaires déclare:
« Mais celui auquel je dois la plus grande dette de gratitude et d'affection, c'est Alexandre Dumas fils que j'ai rencontré pour la première fois à vingt et un ans. On est presque tout de suite devenus amis. Il fut le premier à m'encourager. Je dirais même qu'il fut mon premier protecteur. Je ne le vois plus maintenant, mais, tant que je vivrai, je n'oublierai jamais sa gentillesse ni ce que je lui dois. Il m'a présenté à son père; il a travaillé en collaboration avec moi. Nous avons écrit ensemble une pièce intitulée Les Pailles rompues, qui a été jouée au Gymnase et une comédie en trois actes Onze jours de siège, qui a été jouée au Théâtre du Vaudeville ». [4]
En 1885, lorsque Verne rédige Mathias Sandorf, il dédie son roman à «la mémoire d'Alexandre Dumas». Dumas fils lui répond:
« Cher ami,
Je suis très touché de la bonne pensée que vous avez eue de me dédier Mathias Sandorf, dont je vais commencer la lecture dès mon retour, vendredi ou samedi. Vous avez eu raison, dans votre dédicace, d'associer la mémoire du père à l'amitié du fils. Personne n'eût été plus charmé que l'auteur de Monte-Cristo par la lecture de vos fantaisies lumineuses, originales, entraînantes. Il y a entre vous et lui une parenté littéraire si évidente que, littérairement parlant, vous êtes plus son fils que moi. Je vous aime depuis si longtemps, qu'il me va très bien d'être votre frère.
Je vous remercie de votre persévérante affection, et je vous assure une fois de plus et bien chaudement de la mienne. »La correspondance entre les deux hommes[5] nous fait douter malgré tout que Verne n'ait pas eu une arrière pensée. En effet, l'auteur de La Dame aux camélias peut lui servir d'atout pour entrer à l'Académie française, idée dont Verne s'est entiché. Cette correspondance fait état des pressions que l'écrivain exerce sur son ami. D'autant plus qu'Émile Zola en fait autant de son côté avec le même Dumas fils. Mais ni Verne, ni Zola ne rentreront jamais dans la célèbre Maison.
À la mort de Dumas, le 27 novembre 1895, Verne écrit à son éditeur: «Je suis très affecté de la mort de Dumas, qui m'aimait et que j'aimais bien.»[6]
Éditions
- Éditions Beck, avec le concours de Charles Maisonneuve, à qui Jules Verne la dédicace. 1850[7].
- Nouvelle édition dans la Revue Jules Verne 11. 2001.
Notes et références
- Rompre la paille est un jeu dans lequel les deux adversaires ne doivent recevoir aucun objet offert par l'autre. Le premier qui reçoit l'objet a perdu et doit se soumettre aux désirs de son concurrent.
- Alexandre Tarrieu. Revue Jules Verne 11. 2001.
- Lettre parue dans Europe n° 613, mai 1980.
- Daniel Compère et Jean-Michel Margot. Éditions Slatkine. 1998. Les deux auteurs font remarquer que, en ce qui concerne Onze jours de siège, la participation de Dumas fils n'a jamais été évoquée. Entretien avec Robert H. Sherard, paru dans le Mc Clure's Magazine n° 2 (janvier 1894). Voir Entretiens avec Jules Verne - 1873-1905, réunis et commentés par
- Cette correspondance est recueillie dans le n° 94 du Bulletin de la Société Jules Verne. 2ème trimestre 1990. Elle est d'autant plus intéressante que c'est la seule que Verne entretint avec un collègue romancier.
- Lettre à Louis-Jules Hetzel du 28 novembre 1895. Correspondance de Jules et Michel Verne avec Louis-Jules Hetzel. Tome I. Slatkine. 2004.
- Il s'agit du premier texte publié de Jules Verne
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