- Initiative populaire « Retour à la démocratie directe »
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Initiative populaire fédérale Retour à la démocratie directe Déposée le : 23 juillet 1946 Déposée par : la ligue vaudoise Contre projet : non Votée le : 11 septembre 1949 Participation : 42,52 % Résultat : acceptée[NB 1] Par le peuple : oui (par 50,7 %) Par les cantons : oui (par 11 3/2)[NB 2] L'initiative populaire fédérale « Retour à la démocratie directe » est une initiative populaire suisse, approuvée par le peuple et les cantons le 11 septembre 1949.
Sommaire
Contenu
L'initiative propose de supprimer l'article 89, alinéa 3 de la Constitution fédérale définissant une « clause d'urgence » et de la remplacer par un article 89bis qui précise que les arrêtés fédéraux peuvent, au besoin, entrer en vigueur dès leur approbation par une majorité des deux chambres du parlement. Toutefois, dans le cas où un tel arrêté est attaqué par référendum populaire ou dans le cas d'un arrêté dérogeant à la Constitution, sa validité expire après une année et ne peut être renouvelé s'il n'est pas soumis à votation pendant cette période.
Le texte complet de l'initiative peut être consulté sur le site de la Chancellerie fédérale[1].
Déroulement
Contexte historique
La « clause d'urgence » est présente dans la Constitution dès 1874. Elle permet, dans certains cas exigeant une intervention rapide des autorités, d'exclure le référendum permettant ainsi de les faire entrer immédiatement en vigueur, sans avoir à attendre la période de 100 jours pendant lesquels un référendum peut être déposé[2].
Entre les années 1930 et les années 1940, le gouvernement fédéral recourt très fréquemment, bien que sans réelle nécessité, aux arrêtés urgents, empêchant ainsi le recours populaire au référendum[NB 3] ; ces décisions sont motivées, en particulier jusqu’en 1936, par une politique d'équilibre budgétaire et d'économies[3].
Une première initiative, présentée par le parti communiste et proposant de supprimer cette possibilité, est rejetée en votation populaire le 20 février 1938[4]. Quelques jours avant cette votation, une seconde initiative sur le même sujet est déposée le mouvement des lignes directrices ; celle-ci fut cependant retirée en 1939 en faveur d'un contre-projet qui, bien qu'accepté en votation, s'avère inefficace[5].
Enfin, le 7 avril 1938, une troisième initiative sur ce thème, appelée « Initiative populaire 'concernant la réglementation constitutionnelle du droit d'urgence' » est déposée par l'union des indépendants. Elle est cependant retirée deux ans plus tard, son objectif ayant été rempli par l'adoption d'une règle à ce sujet par le Parlement[6]
Récolte des signatures et dépôt de l'initiative
La récolte des 50 000 signatures nécessaires par la ligue vaudoise a débuté le 1er janvier 1946. Le 23 juillet 1946, l'initiative a été déposée à la chancellerie fédérale qui l'a déclarée valide le 3 septembre 1946[7].
Discussions et recommandations des autorités
Le parlement[8] et le Conseil fédéral[9] recommandent le rejet de cette initiative. Dans son message, le Conseil fédéral indique avoir étudié la possibilité de proposer, comme contre-projet, de limiter la durée des arrêtés fédéraux urgents à trois ans maximum. Cependant, il précise y avoir renoncé en raison de la situation juridique difficile que ce statut apporterait. Sur l'objet de l'initiative en lui-même, le Conseil fédéral indique que la durée prévue d'une année pour soumettre un article à la votation est, selon lui, « trop court pour permettre de procéder à une révision constitutionnelle normale ».
À titre d'exemple, le gouvernement cite dans son rapport le cas du programme financier de 1936 approuvé par un arrêté fédéral urgent et qui aurait nécessité la révision de 5 articles constitutionnels, 23 lois fédérales, 4 arrêtés fédéraux ainsi que les statuts de 2 caisses d'assurances.
Votation
Soumise à la votation le septembre, l'initiative est acceptée par 11 3/2 cantons[NB 2] et par 50,7 % des suffrages exprimés[10]. Le tableau ci-dessous détaille les résultats par cantons[11] :
Le résultat de cette initiative est le plus serré jamais enregistré jusqu'en 2009 au moins pour une initiative acceptée par le peuple.
Effets
Le 27 juillet 1946, soit quatre jours seulement après le dépôt de cette initiative, une autre initiative populaire appelée Pour le retour à la démocratie directe traitant du même sujet et soutenue par le même comité est présentée à la Chancellerie fédérale, demandant de régler, par une mesure transitoire, le cas des arrêtés urgents pris avant l'adoption de cette initiative. Cette nouvelle proposition sera toutefois retirée en raison d'un contre-projet indirect proposé par le parlement[12].
Lors de la révision de la Constitution fédérale en 1999, la notion d'arrêté fédéral urgent disparait pour être renommée en « Législation d’urgence » dont la définition et les règles, définies dans l'article 165 de la Constitution, sont en tout point pareils[13].
Notes
- article 139 de la Constitution, une initiative proposée sous la forme d'un projet rédigé doit être accepté à la fois par la majorité du peuple et par la majorité des cantons. Dans le cas d'une initiative rédigée en termes généraux, seul le vote du peuple est nécessaire. Selon l'
- Le premier chiffre indique le nombre de cantons, le second le nombre de cantons comptant pour moitié. Par exemple, 19 6/2 se lit « 19 cantons et 6 cantons comptant pour moitié ».
- 1874 : toute loi fédérale ou arrêté fédéral non-urgent est soumise au vote populaire si la demande en est faite par 30 000 citoyens ou 8 cantons. Le droit de referendum est introduit en Suisse par la constitution fédérale de
Références et sources
- Texte de l'initiative populaire fédérale sur Chancellerie fédérale. Consulté le 14 décembre 2009
- Clause d'urgence » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du 15 juillet 2005 Michel Hottelier, «
- Renat Künzi, « Un «Jeudi noir» encore dans toutes les mémoires », dans swissinfo, 27 octobre 2003 [texte intégral]
- Initiative populaire 'contre la clause d'urgence et pour la sauvegarde des droits démocratiques populaires (référendum facultatif)' sur Chancellerie fédérale. Consulté le 15 décembre 2009
- XIXe et XXe siècles : Développement continu de la démocratie » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du 16 octobre 2006 Georg Kreis, «
- Initiative populaire 'concernant la réglementation constitutionnelle du droit d'urgence' sur Chancellerie fédérale. Consulté le 15 décembre 2009
- Initiative populaire 'Retour à la démocratie directe' sur Chancellerie fédérale. Consulté le 16 décembre 2009
- « Objet parlementaire » (8 février 1949) de la Feuille fédérale référence FF 1949 I 337
- « Message du Conseil fédéral » (27 février 1948) de la Feuille fédérale référence FF 1948 I 1038
- Votation no 148 Tableau récapitulatif sur Chancellerie fédérale. Consulté le 16 décembre 2009
- Votation no 148 - Résultats dans les cantons sur Chancellerie fédérale. Consulté le 14 décembre 2009
- Initiative populaire 'pour le retour à la démocratie directe' sur Chancellerie fédérale. Consulté le 15 décembre 2009
- Constitution fédérale, RS 101, art. 165.
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