- Hervé de Reims
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Hervé, aristocrate neustrien et conseiller politique né vers 860, a accédé à la dignité d'évêque métropolite de Reims après une carrière guerrière et surtout diplomatique de premier plan. L'archevêque Hervé de Reims est mort sur son siège épiscopal à Reims le 2 juillet 922.
Sommaire
Un grand diplomate royal
Issu d'une riche famille neustrienne, Hervé épouse d'abord les querelles de son temps. Ardent promoteur de la défense des rivages que mène avec efficacité les ducs de France, il sert la famille robertienne. La quarantaine approchant, cet aristocrate lettré et instruit glisse insensiblement vers des fonctions de représentation diplomatique et de défense de l'espace public et religieux en voie de fusion inextricable malgré les accaparements des temps carolingiens. Signe de son intérêt politique et religieux, il correspond avec le pape.
Le service du diplomate devient incontournable auprès de ses protecteurs robertiens. Il est conseiller attitré et chancelier du roi Eudes, élu légalement roi de Francie en 894 par l'assemblée des grands de Neustrie. Mais ce dernier duc de France en spoliant l'héritier déjà proclamé Charles le Simple échappe difficilement au qualificatif d'usurpateur du trône. Comprenant la précoce intelligence de Charles III, Hervé est le principal artisan de l'accord de réconciliation entre Eudes et le jeune souverain carolingien. Les négociations âpres avec l'arbitrage chrétien de Foulques le Vénérable, métropolite de Reims, durent de 896 à 997.
Eudes reconnaît Charles le Simple comme son digne successeur et Charles admet la légitimité du mandat du roi électif. Les deux administrations royales concurrentes fusionnent et, à la mort du roi Eudes, fidèle à sa parole sur son lit de mort en 898, Hervé est nommé conseiller du roi Charles.
Archevêque de Reims
L'harmonie et le respect religieux de l'accord de succession laissent entrevoir à Charles le Simple les qualités de prélat de son compagnon et conseiller Hervé. Au faîte de sa puissance, le jeune souverain le propose en héritier à son chancelier Foulques le Vénérable, métropolitain de Reims. Hervé est nommé archevêque de Reims en 900 après l'assassinat de Foulques. Aussitôt il réunit et préside un concile provincial afin de promouvoir une réforme du clergé et entraver la dilapidation des biens d'églises au profit des puissants et au détriment du menu peuple de fidèles. L'archevêque mène une active politique d'évangélisation aux frontières de l'imperium francorum.
Mais les incessants troubles aux frontières et surtout la pénétration des Normands à l'ouest, des Hongrois à l'est, des Sarrazins au Sud rendent illusoire la paix chrétienne en Francie. Hervé réunit en 909 un second concile provincial afin de déterminer des mesures d'urgences de protection des églises et de leurs biens thésaurisés si vulnérables.
Un maître de la politique négociée
Ce gouvernement religieux, remarqué du souverain Charles le Simple en difficulté sur tous les fronts, vaut un retour du conseiller Hervé au premier plan. Disposant d'une solide expérience diplomatique et battant le rappel de son équipe de négociateurs dévouée, il est nommé archichancellier de Charles III en 910. La sécurité du royaume, objet de sa mission, est devenue cruciale. Hervé se fait le principal artisan d'une négociation avec les Hommes du Nord qui accumulent un énorme potentiel de nuisance sur le commerce fluvial, de l'embouchure des fleuves à la plus modeste rivière navigable. Il a compris, malgré un discours alarmiste des chrétiens spoliés, que tous les Northmanni ne sont pas des pirates ou des marchands avides de proies et de butins. Des maîtres de guerre et des entrepreneurs épris de valeurs et d'honneurs recherchent une forme de respectabilité.
Son équipe diplomatique négocie le traité de Saint-Clair sur Epte en 911, installant le géant normand Rollon à la tête d'un duché des rivages à l'embouchure de la Seine. Hervé n'oublie pas ses fonctions religieuses et organise l'évangélisation de la future Normandie au cours de négociations avec le dux Rollon. Cet accord religieux prévoit tacitement une extension du domaine de Rollon, créant ipso facto une marche vers l'ouest normand et le Cotentin dissident.
Retraite et disgrâce
Hervé accablé par les années retrouve sa lourde tâche archiépiscopale, archichancelier sans mission et sans pouvoir, décrié et vilipendé par les conseillers courtisans de Charles le Simple qui préfère l'oublier. Le souverain carolingien est d'ailleurs irrésistiblement attiré par la Lotharingie : il prise fort le retour nostalgique au pays de ses ancêtres. Il délaisse de plus en plus l'incertain Occident de la Francie, en proie à d'intenses ou de vétilleuses querelles entre petites dynasties princières locales pour le coeur de la Francie qu'il croit paisible.
Mais le souverain accorde une faveur excessive à son chancelier Haganon qui propose de rétablir sans scrupule un illusoire pouvoir impériale, alors que les fonctions régaliennes fondamentales tombent en poussière sous les pillages et exactions nordiques ou hongroises en Lotharingie. Il ne parvient qu'à soulèver une violente insurrection aristocratique. L'archevêque Hervé revêt son costume de guerre, lève le ban de guerre et alerte ses alliés, convoque une armée et vient au secours de son souverain menacé.
Le vieil Hervé condamne sans ambage la politique excessive de Haganon auquel Charles garde une confiance démesurée. Une longue brouille naît de l'explication franche des deux adultes. Hervé est révoqué en 922 de son titre honorifique d'archichancelier. Désormais les successeurs métropolitains d'Hervé, renseignés sur l'attitude royale, ne viendront plus au secours du souverain.
Bibliographie sommaire
- Article sur Hervé, Dictionnaire d'histoire médiévale, sous la direction de Jean Favier. [information biographique]
- Le traité de Sainte-Clair-sur-Epte (§32), in Archives de la France, tome 1, Fayard, 1994.
- Robert Parisot, Recherche sur l'histoire de la lotharingie carolingienne, Nancy, 1919.
Notes et références
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