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Baubo
Dans la tradition orphique de la mythologie grecque, Baubo (en grec ancien Βαυϐώ / Baubố est une figure féminine liée aux mystères d'Éleusis et à l'histoire de Déméter et Coré.
Sommaire
Mythe
La scène prend place alors que Perséphone a été enlevée par Hadès. Déméter, sa mère, la cherche par toute la Terre. À Éleusis, elle est accueillie par Baubo. Plongée dans son chagrin, elle refuse le cycéon (mixture d'orge et d'herbes) qu'on lui offre. Baubo retrousse alors son péplos et, « découvrant ses parties, les montre à la déesse »[1]. Le jeune Iacchos, qui se trouve là, agite la main sous le sein de Baubo. Réjouie par le spectacle, Déméter accepte finalement la boisson.
Le récit provient du fragment d'un hymne orphique[2] préservé par Clément d'Alexandrie dans son Protreptique[1] et, sous une forme différente et probablement corrompue[3], par Arnobe dans sa traduction latine du texte de Clément[4]. Il trouve son parallèle dans l’Hymne homérique à Déméter où une certaine Iambé, dans des circonstances similaires, fait rire la déesse par des plaisanteries grossières[5].
Ces deux récits correspondent à un rituel précis des mystères d'Éleusis, les Γεφυρισμοί / Gephurismoí, littéralement les « railleries grossières »[6]. Quand les mystes en procession atteignent le pont à la frontière entre Athènes et Éleusis, à la tombée de la nuit, des figures masquées les accueillent par des plaisanteries et des gestes obscènes[6]. Dès que les premières étoiles apparaissent, à l'instar de Déméter chez Baubo, les mystes rompent le jeûne[6]. On a également suggéré que le rituel de l'exposition indécente (ἀνάσυρμα / anásurma) remontait originellement aux Thesmophories, festivités en l'honneur de Déméter[7].
Le nom de Baubo est un doublet de celui de Iambé ; il se rattache vraisemblablement au verbe βαυϐάω / baubáô, « dormir, endormir »[8]. Il évoque donc naturellement une nourrice ; le mot désigne également le sexe féminin[8].
Représentations artistiques
On appelle des « Baubos » des figurines en terre cuite représentant une femme exposant son sexe.
Notes
- ↑ a et b Clément d'Alexandrie, Exhortation aux Grecs (Protreptique) [lire en ligne] (II, 20-21). Traduction de Claude Mondésert.
- ↑ Frag. 52 Kern.
- ↑ M. Marcovich, « Demeter, Baubo, Iacchus, and a Redactor », Vigiliæ Christianæ, vol. 40, no3 (septembre 1986), p. 294-301.
- ↑ Contre les Gentils, V, 25-26.
- ↑ Hymnes homériques [détail des éditions] [lire en ligne] à Déméter, vers 198-205.
- ↑ a , b et c (en) Walter Burkert (trad. John Raffan), Greek Religion [« Griechische Religion des archaischen und klassichen Epoche »], Blackwell, Oxford, 1985 (éd. orig. 1977) (ISBN 978-0-631-15624-6), p. 287.
- ↑ Graf, p. 170 et suivantes.
- ↑ a et b Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klincksieck, Paris, 1999 (édition mise à jour) (ISBN 2-252-03277-4) à l'article « βαυϐάω ».
Voir aussi
Bibliographie
- G. Devereux, Baubô, la vulve mythique, J.-C. Godefroy, Paris, 1983.
- (de) F. Graf, Eleusis und die orphische Dichtung Athens in vorhellenisticher Zeit, Berlin, De Gruyter, 1974.
- M. Orlender, « Aspect de Baubô », in Revue de l'histoire des religions, no 202 (1985), p. 3-55.
Liens externes
- Tobie Nathan, « Baubô » in Psychanalyse païenne, éd. Odile Jacob.
- Salomon Reinach, Le rire rituel, Cultes, Mythes et Religions, t. IV, Éd. E. Leroux, 1912.
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