- Guerre de Cologne
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La Guerre de Cologne est un conflit qui ravagea l'Électorat de Cologne entre 1583 et 1588 dans un contexte de tensions religieuses qui affectaient alors le Saint-Empire romain germanique, en marge de la révolte des Pays-Bas et des guerres de religion en France.
La Paix d'Augsbourg qui avait mis fin aux conflits en Allemagne entre les États catholiques et luthériens reposait sur l'application du principe cujus regio, ejus religio, le prince ayant pouvoir d'imposer sa propre religion à ses sujets. Toutefois Charles Quint imposa une clause reservatum ecclesiasticum pour les principautés ecclésiastiques selon laquelle un Prince-évêque ou un Prince-abbé optant pour la Réforme, devait renoncer à son siège et être remplacé par un catholique. C'est cette clause, contestée par les protestants qui est à l'origine de la guerre de Cologne.
Sommaire
Les causes
La principauté archiépiscopale de Cologne est un État du Saint-Empire romain germanique. L'archevêque de Cologne est donc un seigneur temporel et depuis 1356, il est l'un des princes-électeurs et participe donc à l'élection de l'Empereur.
Salentin von Isenburg, élu en 1567 démissionne en 1577. Le Chapitre de la Cathédrale de Cologne doit se prononcer entre deux candidats en lice : Gerhard Truchsess de Waldbourg, neveu du cardinal Otto Truchsess von Waldburg et Ernest de Bavière, fils du duc de Bavière Albert V, donc de la puissante Maison de Wittelsbach. C'est Gerhard qui fut élu à deux voix près. Il décide, bien qu'il ne s'agissait pas d'une obligation, de se faire ordonner prêtre en mars 1578. Quelque temps après, Gerhard engage une liaison amoureuse avec une chanoinesse Agnes von Mansfeld-Eisleben. Voulant se marier sans perdre l'Électorat, Gebhard embrasse la Réforme en 1582 et épouse Agnès[1].
Ce choix viole la règle de la « réservation ecclésiastique » établie par la paix d'Augsbourg, qui voulait que les princes ecclésiastiques du Saint-Empire démissionnent en cas de conversion au protestantisme. Au lieu de quoi, Waldbourg entreprend se transformer sa principauté ecclésiastique en principauté civile (duché). Mais cette affaire cause un grand émoi dans le Saint-Empire romain germanique et au-delà. En effet la fonction de Prince-Électeur basculait ainsi dans les rangs protestants, ce qui pouvait changer le rapport de force lors de futures élections impériales. Le pape Grégoire XIII l'excommunie et le Chapitre de la Cathédrale élit un nouveau prélat dans la personne d'Ernest de Bavière.
Les faits
Dans les premiers mois, le conflit tourne à l'avantage de Gebhard grâce à l'appui des troupe de l'Électeur palatin Louis VI, calviniste comme lui. Mais la mort de ce dernier en 1583, et la prise de la forteresse de Godesburg par les alliés d'Ernest retournent la situation. Gebhard doit se réfugier à Delf auprès du prince d'Orange (1584) et demande l'aide du roi d'Angleterre. Pour éliminer définitivement Gebhard, Ernest fait appel au duc de Parme, Alexandre Farnèse qui commande les troupes espagnoles dans les Pays-Bas.
La guerre de Cologne est une guerre de siège. L'évènement essentiel est la prise de Neuss par Farnèse en juillet 1586 qui conduit à la main-mise sur l'ensemble de l'Électorat au cours des deux années suivantes. Gebhard se réfugie alors à Strasbourg.
Les conséquences
Après la défaite de Gebhard, Ernest assume seul la charge d'Électeur de Cologne. A sa mort en 1612, c'est son neveu Ferdinand de Bavière qui lui succède et le siège restera dans la maison des Wittelsbach jusqu'en 1761. La victoire du parti catholique consolida la Contre-réforme dans la partie nord-est du territoire du Saint-Empire, et particulièrement auprès des épiscopats de Münster, Paderborn, Osnabrück et Minden situés à la frontière des territoires protestants. De leur côté, les espagnols conservèrent des têtes de pont sur le Rhin pour sécuriser la route des troupes venant du Milanais pour combattre la révolte des Pays-Bas.
Notes et références
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