- Guerre de 1658 contre les Indiens caraïbes
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La Guerre de 1658 contre les Indiens caraïbes est un épisode fondateur de l'histoire de la Martinique car il s'est traduit dans les vingt ans qui ont suivi par un quasi doublement de la surface occupée par les blancs et une épuration ethnique de la population caraïbe présente sur l'ile depuis le XIIIe siècle. Elle intervient alors qu'un accord de paix avait été signé le 21 décembre 1657 à Saint-Pierre de la Martinique, après les affrontements de l'année 1654.
Les Français avaient poussé les Caraïbes restants dans la moitié nord-est de l'île, la région nommée alors Cabesterre ou Capesterre (« Terres des caps »), qui recouvre le Nord atlantique et le centre de la Martinique et comprend les communes actuelles du François, du Robert, de Trinité, du Gros-Morne, de Sainte-Marie, du Marigot, du Lorrain, de Basse-Pointe et de Macouba. Une carte d'époque montre que la moitié de la Martinique est encore aux mains des Caraïbes en 1657[1].
L'arrivée croissante de colons français a entrainé un besoin supplémentaire de terres. La fertilité de la région où vivaient encore les Caraïbes jusqu'en 1658 les attirait. Le conflit vient aussi du fait que les colons reprochaient aux Caraïbes d'accueillir des esclaves marrons, mais il est surtout lié au conflit pour la succession au poste de gouverneur de la Martinique.
En 1658, à la mort du général Jacques Dyel du Parquet, qui avait acheté l'île en 1651, Marie-Bonnard, sa veuve, entreprend des démarches pour assurer la possession de l'île à ses fils Jean-Jacques Dyel d'Esnambuc (huit ans) et Louis Dyel du Parquet (cinq ans) et se fait nommer régente, s'attirant la haine des colons normands.
Les mécontents, dirigés par Médéric Rolle sieur de Gourselas que du Parquet avait choisi comme lieutenant en 1653, forcent Mme du Parquet à expulser son bras droit M. de Maubrey vers Antigua puis l'emprisonnent, mais la cohabitation avec les Caraïbes dégénère[2].
À la suite d'une altercation, il fut convenu d'attaquer avec six cents hommes les Caraïbes qui avaient constamment occupé la Capesterre, avec la bénédiction du Père Bonin, supérieur des Jésuites, et du Père Boulongne, dominicain. Les jésuites et les dominicains convinrent que toutes les futures paroisses dans cette partie de l'île reviendraient à l'ordre de ceux qui arriveraient les premiers. Les Jésuites arrivèrent par la mer et les Dominicains par voie terrestre, et l'avantage revint à ces derniers.
Cette guerre se solda par l'expulsion de la plupart des Caraïbes de la Martinique. Beaucoup furent tués, et ceux qui survécurent furent emmenés en captivité et expulsés de l'île où ils ne revinrent jamais. Certains avaient fui vers la Dominique ou Saint-Vincent, où les Français acceptèrent de les laisser en paix. Certains parmi les derniers Caraïbes de la Martinique se suicidèrent en se jetant du haut d'un promontoire. En 1660, un nouveau traité de paix, pour l'ensemble des îles, sera signé à Basse-Terre en Guadeloupe par les Français avec les quelques autochtones restants. Après la victoire contre les Caraïbes, Médéric Rolle sieur de Gourselas fit arrêter ses lieutenants, Beausoleil, les deux frères Vigeon et de Plainville.
Plusieurs militaires qui se sont illustrés dans cette guerre dans les rangs de la milice reçurent ensuite des terres, comme par exemple Pierre Dubuc de Rivery qui fonda ensuite une dynastie de planteurs de sucre dans la région de La Trinité.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Les 13 paradis des frères de la côte (avec repères géographiques, économiques et sociaux)
- Chronologie de l'esclavage
Liens externes
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