- Fausto Romitelli
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Fausto Romitelli, né le 1er février 1963 à Gorizia, dans le Frioul-Vénétie julienne et mort le 27 juin 2004 à Milan, est un compositeur italien.
Sommaire
Biographie
Fausto Romitelli (né en 1963) étudie la composition avec Franco Donatoni à Sienne et à Milan, sa ville d'adoption. Il rejoint ensuite le cours de l'IRCAM à Paris grâce à l'intervention du compositeur Hugues Dufourt, qu'il a toujours considéré comme son maître, citant pour indépassable modèle son œuvre Saturne. Il a joui d'un succès d'estime durant sa courte vie (il est mort à l'âge de 41 ans), s'est vu attribuer quelques prix de composition et de nombreuses commandes institutionnelles (IRCAM[1], Fondation Gulbenkian, Fondation Royaumont...). Son cycle pour ensemble Professor Bad Trip et ses deux dernières œuvres : Audiodrome pour grand orchestre et An Index of Metals, vidéo-opéra pour ensemble et électronique, réalisé avec le vidéaste Paolo Pachini, ont établi tardivement sa réputation de compositeur visionnaire, qui n'a cessé de s'amplifier après sa mort[1]. Il avait été parfaitement conscient de son originalité, et du pas de côté qu'il effectuait par rapport à "l'académisme moderne", dont il aimait se moquer. On lui doit une saisissante mise en contact de l'écriture spectrale (harmonies-timbres, logique de la métamorphose, développement par vagues, voir ici [2]) avec l'expression hallucinée et violente du rock psychédélique. Le brio de son écriture pour guitare électrique, son instrument fétiche - écriture de connaisseur, idiomatique, sinueuse, véritablement "électrique" - est comme la signature et l'essence de son style.
Le squelette harmonico-rythmique de ses œuvres est généralement soigneusement construit et dessiné, souvent pris en charge par un groupe “continuo” d'un nouveau genre (piano ou synthétiseur, guitare électrique, contrebasse ou basse électrique). Le trait le plus spécifique de son effort artistique aura été de combiner cette harmonie, par ailleurs très sensuelle, très "française" (qui touche à la fin de son œuvre à une sorte de tonalité libre) avec une réflexion tour à tour critique et fascinée sur la saturation de la communication technologique, et la violence de son impact. L'usage des sons amplifiés et traités électroniquement est pensé chez lui sur un mode dramatique et sur-expressif, où il ne s'agit pas de glorifier la matière sonore, mais d'en révéler des propriétés quasi-monstrueuses.
La musique de Romitelli se développe par convulsions : le plus subtil, le plus évanescent des motifs musicaux se révélera toujours, au fil d'obsédantes répétitions, habité par un ennemi intérieur, virus ou Alien, qui le possède et le tord du dedans. Aucun son n'est neutre, aucun son n'est pur, aucun son n'est innocent : une déviation toujours le guette, un destin paroxystique. Une esthétique de la répétition et du processus, comme chez Ligeti parfois, ou chez Philippe Leroux [3], mais qui va systématiquement vers le pire. Ce que confirme sa conduite de l'harmonie, qui va toujours du propre au sale.
Ainsi Romitelli a-t-il développé une dimension critique vis-à-vis de l'époque, en même temps qu'un travail en pleine pâte avec le sound de son époque. L'assigner à la catégorie du "crossover" relèverait du malentendu. Il est l'un des rares compositeurs, à ce jour, à s'être montré capable de puiser en abondance dans les sonorités du rock et de la techno[2], et à les incorporer poétiquement aux ressources de la musique d'écriture, dont il a revendiqué l'usage avec une affirmation militante.
Fausto Romitelli est mort en juin 2004 à l'hôpital de Milan, des suites d'un long cancer.
Références institutionnelles
Ses œuvres sont interprétées dans la cadre des plus grands festivals internationaux: Festival Musica de Strasbourg, Ars Musica de Bruxelles, ISCM de Francfort et Stockholm, le Festival Présence de Radio France, Saison IRCAM inter contemporain, Saison musicale du Centre Pompidou, Voix Nouvelles à Royaumont, Biennale de Venise, Festival de musique en scène de Lyon, Milano Musica Festival, Festival Time of music d’Helsinki.
Fausto Romitelli a par ailleurs collaboré avec des ensembles et orchestres tels que : [l’Itinéraire][4], Court-circuit, Ensemble Ictus, l’Ensemble intercontemporain, l’ensemble FA, 2 E2M, Musiques Nouvelles, l’orchestre Toscanini, Alter Ego, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, etc...
Plusieurs de ses œuvres furent commissionnées par le ministère français de la culture, l'État autrichien, le festival RomaEuropa, l'IRCAM…
Œuvres
Musique vocale et instrumentale
- An Index of Metals Video-opéra pour soprano, ensemble et 3 projections vidéos, 2003
- EnTrance pour soprano, ensemble et électronique, 1995
- Furit aestus pour soprano et quintette instrumental 1985
- Lost pour voix et 15 instruments 1997
- Mediterraneo II - L'azur des déserts pour mezzo-soprano et ensemble, 1992-1993
- The Poppy in the Cloud pour chœur d'enfants ou de femme et ensemble 1999
Musique concertante
- Your time is over pour violoncelle et ensemble 1993
Musique instrumentale d'ensembles
- Acid Dreams and Spanish Queens pour ensemble, 1994
- Amok Koma pour 9 instruments et électronique, 2001
- Audiodrome - Dead City Radio pour orchestre, 2002-2003
- Blood on the Floor, Painting 1986 pour 8 musiciens, 2000
- Chorus pour percussions, 2001
- Cupio Dissolvi pour 14 interprètes, 1996
- Flowing down too slow pour ensemble à cordes, percussion et échantilloneur, 2001
- Green, Yellow and Blue pour ensemble, 2003
- Kû per 14 esecutori, 1989
- Meditarraneao I - Les idoles du soleil pour ensemble, 1992
- Professor Bad Trip: Lesson I pour 8 instrumentistes et électronique, 1998
- Professor Bad Trip: Lesson II pour 10 instrumentistes, 1998-1999
- Professor Bad Trip: Lesson III pour 10 instrumentistes, 2000
- The Nameless City pour orchestre à cordes et cloche ad libitum, 1997
Musique de chambre
- Domeniche alla periferia dell'impero pour 4 instrumentistes, 1996-2000
- Have your trip pour harpe, guitare et mandoline, 1988-1989
- La Lune et les eaux pour 2 guitares, 1991
- La sabbia del tempo pour 6 instrumentistes, 1991
- Musique pour le film Ein Lichtspiel, schwarz-weiss-grau de Lászlo Moholy-Nagy pour flûte à bec contrebasse, guitare, percussion et piano, 1997
- Natura morta con fiamme pour quatuor à cordes et électronique, 1991-1992
- Nell'alto dei giorni immobili pour 6 musiciens (7 ad libitum), 1990
Musique soliste
- Dia Nykta pour flûte, 1982
- Ganimede pour alto, 1986
- Golfi d'ombra pour percussion, 1993
- Solare pour guitare, 1983
- Trash TV Trance pour guitare électrique, 2002
Discographie
- Fausto Romitelli, Cupio dissolvi, Ensemble Phoenix Basel, 1 Cd MGB, 2008, avec des œuvres de Jim Grimm, Beat Furrer, Jorge Sanchez-Chiong et Alex Buess, n° MGB 110.
- Fausto Romitelli, Audiodrome [œuvres orchestrales] : Dead City Radio. Audiodrome ; EnTrance ; Flowing Down Too Slow ; The Nameless City, Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI, direction : Peter Rundel, 1 Cd Stradivarius, 2005, STR33723.
- Fausto Romitelli, Paolo Pachini, An Index of Metals, ensemble Ictus, direction : Georges-Elie Octors, Donatienne Michel-Dansac : soprano, 1 Cd et 1 Dvd Cyprès, 2003
- Fausto Romitelli, Professor Bad Trip, Icarus Ensemble, 1 Cd (Giorgio Bernasconi, direction)
- Fausto Romitelli, Professor Bad Trip, ensemble Ictus, 1 Cd Cyprès, 2003
- Fausto Romitelli, Chorus dans « Entente préalable », Les Percussions de Strasbourg, 1Cd collectif Universal Label Una Corda - MFA 12, 2002, avec des œuvres de Jean-Pierre Drouet, Philippe Hurel, Michael Jarrell, Christian Lauba, Philippe Leroux, Michaël Levinas, François-Bernard Mâche, Martin Matalon, Marc Monnet, Gérard Pesson, Jean-Marc Singier
Voir aussi
Liens externes
- Fausto Romitelli sur le site de l'Ircam
- Fausto Romitelli sur le site de Ricordi
- Professor Bad Trip, chorégraphie interprétée et filmée
- A Short Index, un essai d'Eric Denut, sur le site d'Ictus
- Des extraits audio de "Professor Bad Trip" I, II, III, et de "An Index of Metals, sur le site d'Ictus
- La brochure du CD / DVD "An Index of Metals", avec le poème de Kenka Lekovitch et une analyse du musicologue Alessandro Arbo (en français, néerlandais, italien, anglais); sur le site d'Ictus
Notes et références
- Michaël Levinas. Editions L'Harmattan (1 septembre 2005) Le Corps Electrique. Voyage dans le son de Fausto Romitelli. Sous la direction d'Alessandro ARBO. Articles d'Alessandro ARBO, Pierre-Albert CASTANET, Danielle COHEN-LEVINAS, Éric DENUT, Marco MAZZOLINI et Pierre MICHEL, avec un avant-propos de
- Pan Sonic, dont il a obtenu les droits. Les intermezzi de An Index Of Metals, par exemple, sont tout simplement des extraits de disques du groupe finlandais
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