- Équation de Tsiolkovski
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L'équation de Tsiolkovski est l'équation fondamentale de l'astronautique reliant l'accroissement de vitesse au cours d'une phase de propulsion d'un astronef doté d'un moteur à réaction au rapport de ses masses initiales et finales.
On la doit à Constantin Tsiolkovski et, indépendamment, à Hermann Oberth.
Énoncé
L'équation de Tsiolkovski s'écrit :
où :
- Δv est la variation de vitesse entre le début et la fin de la phase propulsée considérée ;
- ve est la vitesse d'éjection des gaz ;
- mi est la masse totale de l'astronef au début de la phase propulsée (i pour initial) ;
- mf est la masse totale de l'astronef à l'issue de la phase propulsée (f pour final), exprimée dans la même unité que mi ;
- ln est la fonction logarithme népérien.
Cette équation est établie en intégrant l'équation de conservation de la quantité de mouvement entre le début et la fin de la phase propulsée sous les hypothèses suivantes :
- l'étude du mouvement est faite dans un référentiel d'inertie ;
- l'astronef n'est soumis qu'à la force de poussée fournie par ses moteurs, aucune autre action extérieure (gravité, efforts aérodynamiques) n'est prise en compte ;
- la vitesse d'éjection des gaz est constante.
Il est souvent dit que pour trouver cette équation, il faut que le débit massique d'ergol soit constant pendant la phase de propulsion mais ce n'est pas obligatoire, même si cela simplifie le travail d'intégration dans un premier temps.
L'équation est valable aussi bien lors d'une phase d'accélération (la poussée est dans la direction de la vitesse, Δv est positif : c'est un accroissement de vitesse) ou de décélération (la poussée est de direction opposée à la vitesse, Δv est négatif : c'est une réduction de vitesse).
La différence entre la masse initiale mi et la masse finale mf correspond à la masse que la fusée a éjectée durant sa propulsion ; on appelle cette masse éjectée la "masse d'appui" ("d'appui" parce que c'est la masse sur laquelle la fusée s'est appuyée pour se propulser).
La projection de masse d'appui est d'ailleurs la seule façon de se déplacer dans l'espace (même la propulsion à voile solaire se fait par modification de la quantité de mouvements du vent solaire).
Pour les fusées thermo-chimiques (Ariane, Soyouz, Navette, etc.), la masse d'appui est la masse des ergols (poudre, ou dioxygène et dihydrogène) et cette masse d'appui est également source d'énergie chimique : C'est donc la masse d'appui elle-même qui contient l'énergie qui servira à sa propre éjection.
Ce n'est plus le cas pour les moteurs ioniques (qui représentent sans doute l'avenir de la conquête spatiale). Ceux-ci sont régis tout pareillement par l'équation de Tsiolkovski, mais leur masse d'appui est constitué d'un gaz neutre (du xénon) ; c'est la très forte vitesse d'éjection de cette masse d'appui qui rend ces moteurs très économes en masse d'appui (il leur faut cependant une source d'énergie pour réaliser l'éjection). À ce titre, le fonctionnement des moteurs ioniques est comparable à celui des fusées à eau dans lesquelles l'eau n'est utilisée que pour sa masse (l'énergie résidant dans l'air comprimé).
Dans le cas où la phase propulsée est réalisée aux moyens de plusieurs étages fonctionnant successivement, la même équation de Tsiolkovski peut être utilisée pour le vol de chaque étage. On peut ainsi montrer l'intérêt de telles fusées à plusieurs étages. Voir l'exemple dans la section suivante.
Malgré l'apparente simplicité de cette équation et des hypothèses qui la sous-tendent, elle constitue une approximation utile au calcul des manœuvres de changement d'orbite, ces manœuvres étant qualifiées d'impulsionnelles, c’est-à-dire effectuées en un temps suffisamment bref pour que les hypothèses de l'équation de Tsiolkovski restent approximativement valables. Ainsi, pour effectuer une manœuvre requérant une variation de vitesse Δv à l'aide d'un propulseur caractérisé par une vitesse d'éjection des gaz ve et un débit massique d'ergol q, l'équation de Tsiolkovski renseigne sur le temps d'allumage du moteur :
m0 étant la masse de l'astronef préalablement à la manœuvre.
Exemple
L'exemple qui suit a pour objet de montrer l'intérêt des fusées à plusieurs étages.
Soit une fusée à deux étages ayant les caractéristiques suivantes :
- La masse d'ergols embarqués par chaque étage (premier étage : 100 tonnes ; deuxième étage : 20 tonnes) représente 10 fois sa masse à vide.
- La vitesse d'éjection des gaz est de 4000 m/s.
et supposons qu'elle emporte une charge utile de 2 t. Résumons ces données dans un tableau :
Étage Masse d'ergols
(tonnes)Masse à vide
(tonnes)Masse totale
(tonnes)Vitesse d'éjection des gaz
(mètres par seconde)Premier étage Deuxième étage Charge utile Total fusée
On peut alors mener les calculs d'incréments de vitesse, comme suit, en employant deux fois l'équation de Tsiolkovski, aux étapes 3 et 6 :Étapes de calcul Formules Masses
(tonnes)Vitesses
(mètres par seconde)1 Masse à l'allumage du premier étage 2 Masse à l'extinction du premier étage 3 Incrément de vitesse du premier étage 4 Masse à l'allumage du second étage 5 Masse à l'extinction du second étage 6 Incrément de vitesse du deuxième étage 7 Vitesse finale
Par comparaison, une fusée comportant un seul étage avec la même quantité totale d'ergols (120 t) et la même masse à vide totale (12 t) imprimerait à une charge utile de même masse (2 t) une vitesse environ 30 % inférieure :Étapes de calcul Formules Masses
(tonnes)Vitesse
(mètres par seconde)1 Masse à l'allumage de l'étage (unique) 2 Masse à l'extinction de l'étage 3 Vitesse finale Pertes par pesanteur
Les calculs ont été effectués dans l'hypothèse d'une absence de pesanteur (manœuvres en orbite). Lorsque cette gravité agit, un terme simple doit être ajouté à l'équation de Tsiolkovski. Celle-ci devient :
g étant l'accélération locale de la pesanteur et T la durée de la propulsion (qui est également le temps durant lequel cette pesanteur agit). Le terme gT est appelé perte par pesanteur.
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