- Bataille de Varey
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Bataille de Varey Informations générales Date 7 août 1325 Lieu Varey (Ain) Issue Victoire dauphinoise Commandants Guigues VIII du Viennois Édouard de Savoie modifier La bataille de Varey qui eut lieu le 7 août 1325 est la plus célèbre bataille du conflit qui opposa aux XIIIe et XIVe siècles les comtes de Savoie aux dauphins du Viennois.
Sommaire
Le contexte
Les deux petits États voisins de Savoie et du Dauphiné se sont détachés du Saint-Empire romain germanique. À l'origine simples seigneuries, chacun s'est étendu progressivement au gré des évènements (mariage, conquête, protection…) sans souci de cohérence géographique. Il n'y a pas de véritable frontière et les possessions sont enchevêtrées.
Un premier conflit oppose au milieu du XIIe siècle Guigues IV, le premier à porter le surnom de Dauphin, puis son fils Guigues V au comte Amédée III de Savoie. Mais l'autorité impériale renaissante assure une paix durable.
Une guerre de cent ans
En 1253, le comte de Savoie Pierre II marie sa fille Béatrix (ou Béatrice) au Dauphin Guigues VII et lui offre le Faucigny en dot. Son frère Philippe Ier lui succède en 1268 et veut récupérer le Faucigny qui est devenu une enclave dans ses états. C'est l'origine du conflit entre le Dauphiné et la Savoie qui va durer cent ans.
Pendant cinq décennies, les comtes successifs de Savoie affrontent les Dauphins qui ont trouvé des alliés auprès du comte et de l'évêque de Genève. C'est une période de chevauchées assez vaines, avec des prises de possessions réciproques, et entrecoupées d'arbitrages, trêves et traités imposés par le pape ou le roi de France.
En 1320, lassé de cette guerre d'usure, Amédée V de Savoie veut frapper un grand coup pendant la minorité de Guigues VIII . Les années suivantes les échauffourées se multiplient. Amédée V meurt en 1323. Son fils Édouard lui succède. Le château de Varey, puissamment fortifié au siècle précédent est en possession de la maison de Genève, mais contestée par les sires de Beaujeu. Hugues de Genève rend hommage au dauphin Guigues VII en 1323 pour ses châteaux de Varey, Brangues et Anthon. Édouard de Savoie, allié au sire de Beaujeu, décide d'investir le château de Varey.
La bataille
Ce conflit est aussi une affaire de famille comme le montre la liste des chefs combattants qui vont s'affronter en ce jour 7 août 1325.
Les protagonistes
Pour le parti savoyard :
- Édouard de Savoie a une expérience guerrière, ayant dirigé de nombreuses expéditions militaires sous les ordres de son père ou au service du roi de France.
- Guichard IV le Grand, sire de Beaujeu, allié de longue date de la maison de Savoie, et intéressé au premier chef par la prise du château de Varey.
- Jean II de Châlon, comte d'Auxerre, dont la mère est une sœur d’Édouard.
- Robert de Bourgogne, comte de Tonnerre, frère du duc régnant Eudes IV de Bourgogne.
- des vassaux suisses.
Pour le parti dauphinois :
- Guigues VIII du Viennois, le jeune dauphin n'a que 16 ans et une totale inexpérience des combats[1].
- Hugues de La Tour, seigneur de Faucigny, oncle du jeune Guigues, mais aussi beau-frère d'Édouard de Savoie par son mariage avec Marie de Savoie. Il possède également les châtellerie de Montbonnot, Montfleury et La Terrasse en Grésivaudan.
- Amédée III de Genève, héritier des comtes de Genève et aussi neveu d'Édouard
- Hugues de Genève, capitaine belliqueux de la ligue anti-savoyarde.
- Hugues de Joinville, seigneur de Gex.
- Aymar de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois, la plus puissante famille de la région dauphinoise après celle des Dauphins.
- Raymond IV de Baux, prince d'Orange, cousin par alliance de Guigues.
- Jean II de Chalon-Arlay, allié à la famille des comtes de Genève.
- le Grand Chanoine et ses mercenaires gascons.
- Guillaume de Rougemont, bailli de Monton ; Raymond de Montauban, seigneur de Montmaur.
Le siège
Le comte de Savoie réunit son ost à Bourg-en-Bresse. C'est avec une armée brillante accompagnée d'un grand nombre de machines de guerre pour battre les murailles de ce château et y lancer des pierres et des traits.
Le siège[2] commence par quelques combats près des murs du château, entre sa garnison et les assiégeants. Bientôt ceux-ci l'investissent et disposent leurs machines ou leurs engins autour des murailles. Des béliers armés de têtes de fer les ébranlent ; d'autres machines lancent d'énormes quartiers de pierre qui brisent les toits des tours et défoncent les planchers. Le commandant de la garnison du château est Guillaume, seigneur de Tournon. Après 5 ou 6 jours de siège, il obtient une trêve de dix[3] jours au terme duquel la garnison se rendra si elle n'est pas secourue. Avec l'accord des assiégeants, il envoie un messager auprès de Guigues[4].
L'armée du Dauphin venant de Crémieu, échappe aux veilleurs savoyards, double Ambronay et arrive à vue du château de Varey à la grande surprise d'Édouard.
L’affrontement
Cependant, Guigues ne profite pas de l'effet de surprise et prend le temps d'organiser son corps de bataille en trois lignes classiques de l'époque : l'avant-garde (Raymond de Baux et le Grand Chanoine) doit percer la ligne adverse; le corps central (le dauphin flanqué d'Amédée et Hugues de Genève) doit exploiter cette percée; et l'arrière-garde (Aymar de Poitiers) est chargé de poursuivre l'ennemi débandé. Le dispositif est mis en place dans la plaine des Arpilles entre le château et Saint-Jean-le-Vieux.
Il n'y a pas d'engagement préalable d'arbalétriers. Les troupes à pieds sont laissées à l'arrière. L'affrontement sera un combat courtois entre chevaliers.
Les Bourguignons, alliés de Savoie attaquent et enfoncent la première ligne delphinoise[5]
La mort de Barbançon brise l'élan des bourguignons qui sont repoussés par le corps de bataille d'Amédée et Hugues de Genève jusque dans leur campement. Finalement les savoyards sont submergés et pris de revers par la garnison du château sur leur arrière[6].
Édouard, un instant prisonnier, réussit à s'échapper et à se réfugier dans le château voisin de Pont d'Ain. La bataille s'achève par le sac du campement savoyard et le pillage des riches bagages du comte Édouard.
Les effectifs engagés de part et d'autre ne sont pas connus. Certains chroniqueurs parlent de 2 000 morts[7],[8]. Côté savoyard, Robert de Bourgogne, Jean de Chalon et Guichard de Beaujeu sont faits prisonniers et devront payer de fortes rançons.
Après la bataille
En s'enfuyant du champ de bataille, Édouard préserve ses capacités de réaction. Guigues de son côté n'exploite pas la victoire obtenue lors d'une des rares batailles rangées du conflit. Aussi dès 1326, les chevauchées entrecoupées de trêves reprennent malgré les efforts de médiation du roi de France et du pape Jean XXII.
En 1328, Savoyards et Dauphinois se retrouvent côte-à-côte dans l'ost du roi de France Philippe VI lors de la bataille de Cassel contre les Flamands. Ce compagnonage d'armes ne met pas fin à leurs querelles.
Édouard meurt le 4 novembre 1329; Guigues tombe à son tour le 23 juillet 1333 au cours du siège du château de La Perrière. La Savoie et le Dauphiné sont financièrement exsangue. Le successeur de Guigues VIII est son frère cadet Humbert II. Il songe à céder son héritage et trouve un accord en 1349 avec le roi de France. C'est le futur Charles V qui devient le nouveau Dauphin.
Ce dernier obtient une paix solide avec le comte de Savoie Amédée VI. La question des enclaves est réglée par des échanges : le Dauphiné renonce au Faucigny et à ses châtellenies en Bresse; la Savoie abandonne ses terres en Viennois. Le 5 janvier, le traité de Paris met définitivement fin en 1355 au conflit delphino-savoyard.
Sources
Varey, 7 août 1325 de Philippe Gaillard et Hervé Tardy - Historic'one Ed. 2005 ISBN 2-912994-15-2
Bibliographie
- Paradin G. Chronique de Savoie Ed. 1601
- Servion J. Gestes et Chroniques de la maison de Savoie Réed. Turin 1879
Notes et références
- Il est douteux que l'on ait laissé le commandement à un adolescent sans expérience, mais les chroniques ne font pas état de la présence ce jour de son tuteur et oncle, Henry, évêque de Metz
- la date de début du siège est imprécise; certainement le 22 ou 23 juillet 1325, mais certains auteurs la font remonter au 19 juillet
- Servion parle de 15 jours dans Gestes et chroniques de la maison de Savoie - réed. 1879 Turin
- XIVe siècle. Les hommes d'armes sont tenus de défendre une place assiégée qu'autant qu'ils puissent espérer un secours de leur prince. Au devoir de résistance, répond le devoir d'assistance de suzerain Cette pratique est courante au
- C'est là que se situe l'épisode de Brabaçon cité dans les chroniques de Paradin: Il y avait parmi les alliés des savoyards, un chevalier nommé Barbançon, sorte de géant, monté sur un cheval de grandeur prodigieuse et armé d'une massue de cuivre dont il assommait tout ce qui se présentait devant lui. Le seigneur de Baux et le Grand Chanoine se réunirent pour l'attaquer. Ce dernier tua le cheval du Barbançon qui tomba dessous, et le seigneur de Baux l'assomma avec sa propre massue de cuivre.
- Toujours selon Paradin, les savoyards furent tournés, ce qui fut cause qu'ils eurent le soleil de Midi aux yeux. A l'occasion de quoi facilement furent défaits car le soleil réverbérant sur les harnois leur éblouit les yeux
- Bayard côté delphinois. dont Humbert de Beaujeu, frère cadet de Guichard côté savoyard; et Aubert Terrail, ancêtre du chevalier
- Le chiffre de 2000 morts est douteux en un temps où la capture suivi de rançon était un rituel connu et accepté par tous les chevaliers. Il était plus rentable de faire des prisonniers que de tuer un adversaire
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