- Élisyques
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Les Élisyques (Ἐλισύκοι -ων en grec, Elesyces en latin) sont un petit peuple de la région de Narbonne, qui proviendrait de la fusion de peuples d'origine ibérique avec une population présente antérieurement qui pourrait être ligure. Les oppidums d'Ensérune, de Pech Maho (Sigean), Bassanel (Olonzac), Mailhac, la Moulinasse (Salles-d'Aude), le Moulin (Peyriac-de-Mer), Cessero (Saint-Thibéry), la Monédière (Bessan) et de Montlaurès pourraient être des places fortes des Élisyques. Leur territoire se situait approximativement au niveau des basses vallées de l'Attagus (ou Atax, l'Aude), Heledus (ou Ledus, le Lez) et Orobus (ou Orbis, l'Orb), au niveau des départements actuels de l'Aude et de l'Hérault.
Les Élisyques semblent avoir été en contact avec les peuples commerçants de la Méditerranée (Phéniciens, Grecs) auxquels ils fournissaient des produits agricoles et des ressources minières provenant de leur territoire ou de régions plus éloignées et qui étaient acheminés jusqu'à leurs places commerciales (Pech Maho).
Ce peuple n'apparaît mentionné qu'à trois reprises dans l'Antiquité. La plus ancienne mention remonte à Hécatée de Milet, qui entre la fin du VIe siècle av. J.‑C. et le début du Ve siècle av. J.‑C., dans son Périégèse (ouvrage disparu dont quelques fragments ont été compilés dans les Ethniques d'Étienne de Byzance), considère les Elesyces comme un peuple ligure[1]. Les Élisyques nous sont connus par une mention d'Hérodote, "le père de l'Histoire", qui signale que des mercenaires gaulois (Élisyques) auraient servi dans l'armée carthaginoise en 480 avant J.-C., au moment du siège d'Himère (Sicile)[2].
Dans Ora maritima, Périple[3] d'Avienus, un auteur latin bien postérieur (IVe siècle ap. J.-C.) qui reprend la Périégèse d'Hécatée de Milet dit : « Autrefois, le peuple Elisyque habitait ces lieux, et la cité de Naro[4] était la très grande capitale de leur puissance belliqueuse. Là, le fleuve Attagus[5] se précipite dans la mer. A côté se trouve le marais d’Hélicé[6]. À partir de là était Besara (Béziers) suivant le dire d'une ancienne tradition. Maintenant les fleuves Heledus (Lez) et Orobus (Orb) se glissent à travers des champs dévastés et des monceaux de ruines, indices d'une prospérité passée »[7]
Les Élisyques pourraient tirer leur nom du marais Hélicé (basse-plaine de l'Aude, étang de Capestang) qui constituait une portion non négligeable du centre de leur territoire. L'orthographe "Élysique" que l'on trouve souvent est erronée et sans doute influencée par l'attraction du mot Elysios (Ἠλύσιος, la Plaine élyséenne, les Champs élyséens) qui désignait chez les Grecs "le séjour édénique promis aux héros, aux hommes vertueux, ... placé aux confins de l'Océan [Atlantique] ... un lieu de félicité".
La région habitée par les Élisyques voit arriver des Volques, peuple celte qui se sont installés là au milieu ou à la fin du IIIe siècle av. J.‑C..
Notes et références
- Étienne de Byzance, Les Ethniques, frag. 61 : "Elisyques : ethnos des Ligures. Hécatée dans l’Europe"
- Himère, Terillos, fils de Crinippe, qui était tyran d'Himère, introduisit dans le pays, vers le même temps, une armée de Phéniciens (Φοινίκων), de Libyens (Λιβύων) , d’Ibères (Ἰβήρων), de Ligures (Λιγύων, Ligyens), d’Elisyques (Ἐλισύκων), de Sardoniens (Σαρδονίων > Sardes)) et de Kyrniens (Κυρνίων > Corses) - trente myriades d'hommes - avec leur général Amilcas, fils d'Annon, alors roi des Carchèdoniens, (Καρχηδονίων > Carthaginois)." Hérodote (H. VII, 165). Sources : vers – 480, "chassé d'
- Périple : genre littéraire antique qui décrit les étapes d’une navigation autour de la Méditerranée.
- Narbonne à travers quelques textes antiques., Mireille Courrént, Université de Perpignan sur le site de l'Université Populaire de Septimanie Dans ce texte on trouve Naro là où on attendrait Narbo. Ce serait la seule occurrence de cette graphie dans toute la littérature antique. Était-ce véritablement le premier nom de Narbonne ? Le texte d’Avienus est-il corrompu ? Ou a-t-il lui-même ainsi orthographié le nom dans une recherche d’archaïsme ? Peut-on faire de Naro le nom véritable de la ville originelle ?… En tout cas, les auteurs grecs qui ont évoqué la ville d’avant les Romains emploient la racine Narb-, et, en général, le nom Narbo-. D'après
- Aude Attagus est la prononciation « à la grecque » d’Atax, le nom latin de l’
- Capestang Hélicé est un nom grec donné à l’étang de
- Avienus, Ora Maritima, v.579-587
Liens externes
- Les Élisyques parmi les peuples de Gaule sur le site Arbre Celtique
- Ora maritima de Avienus
- Pech Maho aux VIe-Ve s. av. J.-C. Une place d'échange en territoire élisyque, Eric Gailledrat, Pierre Rouillard, Revue archéologique de Narbonnaise no 35, , pp. 401-410, 2003. Suppléments ISSN 0153-9124. Association de la revue archéologique de Narbonnaise , Montpellier
- Les peuples primitifs du Roussillon : Les Ibéro-Ligures et les Kérétanis
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