Bataille de Montréjeau

Bataille de Montréjeau

La bataille de Montréjeau a lieu du 19 août au 20 août 1799 (ou 3 Fructidor an VII) et oppose les insurgés royalistes Légion St Barthélémy[1] aux troupes républicaines. De nombreux réfractaires au service national avaient été réorganisé en maquis par un binôme Consituté du jeune Comte Jules de Paolo (24 ans) et du général révolutionnaire, rallié depuis 3 ans aux royalistes, le général Antoine Rougé

Les insurgés avaient pour objectif de prendre Toulouse le 5 août. Mais prévenus par une trahison une faible garnison réussit à les repousser pendant trois jours[2]. Ne voyant pas venir un soulèvement de Bordeaux, les royalistes n'ont réussi que quelques coups de main à Carbonne, au chateau de la Terrasse et Saint Martory et décident de se replier vers Saint Gaudens et l'Espagne.

L'issue de la babtaile de Montréjeau sera victorieuse pour l'armée régulière menée par les adjudants généraux Vicose et Marie Étienne de Barbot, ainsi que le général Commes, chargé de la 10° région militaire et Guillaume Pégot qui dispersent les royalistes. Une colonne (menée par Commes et Vicose) venant de Toulouse attaque les royalistes d'abord au nord de la ville, avant que leur retraite soit finalement coupée par une colonne venue de l'Ouest, de Lannemezan, et qui est dirigée par Barbot [3].

Sommaire

La bataille

Préssé par l'armée de la République, les royalistes avaient quitté Saint-Gaudens le 29 Thermidor (15 août), pour se regrouper, à la nuit tombante à Montréjeau, où ils avaient envoyé des émissaires la veille. Vers 23 heures, ils y auraient disposé de 3000 hommes, essentiellement des paysans, peu aguerris, et 7 pièces d'artillerie. Ils établirent leur État-major dans l'hôtel de Lassus-Camon[3].

Prévenu par les généraux Commes et Vicose qui se sont positionné à Saint-Gaudens, le Général Barbot fait mouvement jusqu'au Naouatés, à deux kilomètres à l'ouest de Montréjeau, avec 1100 soldats essentiellement des chasseurs des montagnes venant des hautes-pyrénées, et cent deux gendarmes à pied, mobilisés pour l'occasion. Il dispose de deux pièces de quatre[3].

Au matin, après un échange de tirs, l'artillerie à plus grande portée et plus efficacement servie par les républicains, a détruit deux pièces d'artillerie royalistes.

Une heure plus tard, la cavalerie républicaine de Vicose attaque par la côte d'ausson, et des escarmouches sanglantes ont lieu un peu partout au nord et à l'est de la ville où les troupes républicaines se sont déployées.

Les gendarmes à cheval du capitaine Micas chargent et les chasseurs à cheval du 14° du chef d'escadron Lafargue et du général Barthier font d'abord diversion et prennent le centre ville, où les insurgés sont postés aux fenêtres et tirent sur les attaquants. La cavalerie royaliste menée par Rougé se bat pendant un temps avant de fuir en apercevant les baïonnettes de la colonne vicose, venant d'atteindre le sommet de la côte de Capdeville.

Talonnée par la cavalerie républicaine, la cavalerie royaliste (dont le Général Antoine Rougé et M. de Paulo qui commandent l'armée royale) s'échappent, franchissent le pont et passent en Espagne par Mazères, Tibiran St Bertrand Cierp et Luchon.

Le général Barbot prévenu a mené l'attaque principale coordonnée et prend les royalistes à revers en occupant le quartier du plan et le pont sur la Garonne. Les volontaires de la Neste débouchent par le chemin de Mazères, au bas de Capelé et tombent sur les fuyards à pied[3].


Une décharge de mousqueterie royaliste sème un instant la panique parmi les troupes de la République, la situation est rétablie, et deux coups de canon à mitraille jettent le désordre dans les rangs royalistes ; certains se retirent vers l'actuel lac de Montréjeau vers le confluent Garonne-Neste. L'essentiel des troupes à pied et les paysans faiblement armés passent la Garonne à gué ou au pont en grand désordre. Beaucoup se noient (ceci semble assez curieux, car la Garonne en basses eaux au mois d'août dans cet endroit est parfaitement guéable) et sont massacrés là où ils se cachent (environ 300 morts).

Cette bataille marque la fin de l'insurrection royaliste dans le sud du département. Deux mille paysans royalistes ont désertés et se sont évaporés dans la région et n'ont pratiquement plus fait parler d'eux. 200 prisonniers ont été faits en ville et dans le quartier du pont. Tous les canons et leur matériel a été saisi. Conduits en prison à Toulouse, ils sont jugés et onze d'entre eux sont fusillés, deux déportés, neuf emprisonnés et dix acquittés. Less deux conseils de guerre trainèrent les pieds jusqu'à l'amnistie qui sera décidée par le premier consul[4].

On croit d'abord (Vicose) que le comte de Paulo est tué dans les combats en cherchant à s'échapper, en fait Barbot, son ancien condisciple, l'aurait sciemment laissé s'échapper, ce qui nuiera à sa carrière.

Le général Barthier avec les gendarmes à cheval et un escadron de chasseurs poursuivra les chefs royalistes dont la plupart aura réussi à s'échapper par Luchon ou saint-Béat

L'adjudant général Chaussey chef des troupes ariègeoises annonça le terme de la bataille :

« Citoyens, vive la République ! victoire complète !
L'ennemi est battu complètement par les troupes commandées par l'adjudant général Barbot : 1 500 scélérats, au moins, ont mordu la poussière. 500 prisonniers sont déjà ici, et il en arrive à force, à chaque instant. J'arrive en ce moment de Montréjeau. La route est jonchée de cadavres. L'ennemi est en fuite et on ignore la route qu'il a prise. Je compte que dans peu, cette armée de brigands royalistes n'existera plus. Ils avaient ce matin 10 pièces de canon : 8 sont tombés au pouvoir des républicains. La République triomphera, et dans peu de jours, nous n'aurons plus à courir après cette bande de royalistes, ennemis de l'Humanité.
Vive la République et ça ira ! Salut et fraternité. »

Les forces en présence étaient à peu près égales, les républicains avaient été surpris dans les combats de la Terrasse, à Carbonne (68 morts républicains) et à Saint-Martory. Toutefois, le professionnalisme des troupes républicaines a eu raison des troupes royalistes, composées majoritairement de paysans armés et de quelques dizaines de cavaliers issus de la petite noblesse locale. Par ailleurs, la faiblesse en artillerie des royalistes et l'inexpérience de leurs artilleurs ne leur permirent pas d'exploiter avec succès la supériorité que leur donnait la position de camp retranché de la bourgade [5].

Concernant les pertes des deux camps, les républicains parlent d'une douzaine de morts dans leurs rangs contre 1 000 à 1 500 victimes dans le camp des rebelles. Cette disproportion semble curieuse, on aurait pu avoir une idée plus précise en consultant les registres municipaux : en effet la présence de milliers de cadavres dans la ville au mois d'août a dû nécessiter des mesures municipales d'urgence ; hélas, ces archives des délibérations du conseil municipal se sont perdues lors de l'incendie de la halle mairie le 24 décembre 1944.

Il est dommage enfin que rien ne vienne rappeler dans la ville de Montréjeau cet événement historique.

Notes et référence

  1. La 2° légion de la garde nationale de Toulouse, dite "Saint Barthélémy", ou "légion noire", plutôt royaliste, avait été dissoute place du Capitole le 19 avril 1791, son colonel Daspe avait été arrété en l'an II et guillotiné in Colloque de Renne Présenté par François Lebrun et Roger Dupuy et tout particulièrement le chapitre de Jacques Godechot "la contre révolution dans le midi toulousain" dans le recueil du colloque Les résistances à la révolution, éd. Imago 1987 (ISBN 2-902702-36-1)
  2. Colloque de Renne Présenté par François Lebrun et Roger Dupuy et tout particulièrement le chapitre de Jacques Godechot "la contre révolution dans le midi toulousain" dans le recueil du colloque Les résistances à la révolution, éd. Imago 1987 (ISBN 2-902702-36-1)
  3. a, b, c et d Baron Marc de Lassus Montréjeau, rééd. Lacour 2002 (ISBN 2-84149-186-2)
  4. * Colloque de Renne Présenté par François Lebrun et Roger Dupuy et tout particulièrement le chapitre de Jacques Godechot "la contre révolution dans le midi toulousain" dans le recueil du colloque Les résistances à la révolution, éd. Imago 1987 (ISBN 2-902702-36-1)
  5. Une des pièces d'artillerie de l'armée royale, un fauconneau en bronze fondu en 1589, est encore visible au premier étage de la mairie de Saint-Lys (31). Vu son faible calibre, sa portée pratique ne lui permettait pas de s'opposer aux pièces de campagne de 4 des armées de la République et ne pouvait que tirer qu'à mitraille jusqu'à 150 mètres.

Bibliographie

  • Baron Marc de Lassus Montréjeau, rééd. Lacour 2002 (ISBN 2-84149-186-2)
  • Colloque de Renne Présenté par François Lebrun et Roger Dupuy et tout particulièrement le chapitre de Jacques Godechot "la contre révolution dans le midi toulousain" dans le recueil du colloque Les résistances à la révolution, éd. Imago 1987 (ISBN 2-902702-36-1)


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