Cave (architecture)

Cave d'une maison de la Renaissance à Langres

Une cave est un local, une pièce, un ensemble de pièces ou un étage situé au sous-sol d’une construction.- donc partiellement ou totalement en dessous du niveau du sol.

Caractéristiques

La caractéristique principale d’une cave et de se situer au moins en partie (cas des terrains en pente) sous le niveau du sol. La cave se distingue ainsi du cellier, qui n’est pas situé sous le niveau du sol. On distingue également la cave du vide sanitaire, de faible ou très faible hauteur de plafond, destiné à isoler le bâtiment du sol, mais qui peut « servir de cave » sans en être vraiment une.

Une cave est souvent accessible depuis l’intérieur de l’édifice sous lequel elle se situe, mais peut également l’être à partir de l’extérieur de cet édifice. Dans certains châteaux occidentaux, on trouve des caves dont le seul accès se faisait par une ouverture dans la voûte ; on y descendait par une échelle ou une corde. Elles étaient en général destinées à entreposer des vivres. Dans quelques rares cas, elles pouvaient être utilisées comme cachots. Dans les rares cas où elles étaient destinées à des prisonniers, il s’agit alors d’oubliettes.

Une cave est une cavité créée par l’homme et se distingue ainsi d’une grotte. Située sous une construction, elle se distingue d’un tunnel.

On appelle cryptes les salles situées sous le niveau du sol des églises chrétiennes, souvent utilisées comme sépulcres.

On trouve des caves surtout dans les pays occidentaux, à l’exception de la Grande Bretagne, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Dans certaines régions, on trouve des caves aux caractéristiques particulières possédant une nom spécifique, comme les cluzeaux (ou cluseaux) souterrains du nord occitan qui servaient de refuge^[1].

Une cave peut disposer d’un soupirail – ou de plusieurs - pour lui fournir un peu de lumière et, parfois, d’air.

On utilise aussi le terme « cave » pour la quantité et le choix de vins dont dispose un individu, un café, un restaurant. On dira ainsi qu’un restaurant a « une très bonne cave ».

Utilisations

Une cave a en général la propriété de conserver une température fraîche, mais sans gel, et une hygrométrie relativement constante tout au long de l’année, et peut donc être utilisée pour le stockage d’aliments ou de boissons, notamment de vins, de bières et de spiritueux. En Europe, c’est souvent le cas pour les caves de logements individuels, mais également pour les entreprises vinicoles^[2], certaines fromageries (caves de Roquefort, etc.), certaines champignonnières^[3], etc.

Mais la cave d’un logement peut être (et est souvent) utilisée pour stocker des meubles et des objets divers, mais non pour abriter un véhicule utilisé ; il s’agirait alors d’un garage en sous-sol ou d’un garage souterrain.

Les caves ont aussi servi d’abri à la population en cas de bombardement, notamment en Europe pendant la deuxième guerre mondiale ou dans l’ancienne Yougoslavie dans les années 1980, ou en cas de tornade (notamment aux États-Unis)

Caves et vins

Dans les régions de vignobles, le lieu où le vigneron conserve le vin s’appellera cave (cave à vin) s’il se situe en partie ou en totalité en dessous du niveau du sol ; sinon, il s’agira d’un cellier. Cave et cellier se distinguent du chai, lieu où de déroule la vinification. En pratique, la distinction entre cave, cellier et chai n’est pas toujours claire. Dans certaines régions, le cellier est parfois appelé chai alors que le lieu qui sert à la fois de chai et de cellier est appelé cave…^[4].

De nos jours, on appelle cave à vin soit une cave où est entreposé du vin, soit un meuble réfrigéré qui reproduit les conditions de température de d’hygrométrie d'une cave.

On utilise parfois le terme caveau pour une petite cave à vin, mais ce terme est généralement utilisé pour une sépulture ou pour certain cafés théâtres (Caveau de la République) ou clubs de jazz (Caveau de la Huchette).

Archéologie européenne

Sauf dans de rares exceptions, les bâtiments de la Rome antique n’étaient pas construits sur caves^[5] ; mais les thermes et les villas les plus riches possédaient des systèmes de chauffage souterrains (hypocaustes).

Par contre, la cabane celte comportait une partie souterraine, où on conservait les provisions et on pouvait même se réfugier durant les grands froids. De même, les maisons gauloises possédaient souvent des caves profondes^[6]. Par exemple, les maisons gallo- romaines d'Alésia étaient bâties sur caves soigneusement aménagées^[7].

Au Moyen Âge, en France, l’existence de caves était généralisée dans les zones urbaines^[8]. Certains archéologues, comme Jean-Denis Clabaut, essaient ainsi de connaître la configuration et l’évolution de la ville médiévale à travers l’observation des caves anciennes^[9].

Au-delà de l'architecture

Pour les psychologues, la cave est beaucoup plus qu’un simple élément d’architecture. La cave est aussi, avec le grenier, le lieu où on trouve des cartons usagés, des bouteilles vides, des instruments de cuisine d’un autre âge, des chaussures moisies, toutes sortes d’objets plus ou moins cassés, plus ou moins inutiles, que l’on garde sans trop savoir pourquoi. C’est un lieu secret, dont on ne parle pas, qui conserve des souvenirs, un lien avec le passé, le secret de sa personnalité intime. C’est aussi un lieu où les enfants peuvent rêver et pénétrer un peu les secrets de leurs parents, tout en se faisant un peu peur - il y a peu, c’était l’endroit où on menaçait de les envoyer s’ils n’étaient pas sages^[10]. Pour Gaston Bachelard, « la maison signifie l’être intérieur ; ses étages, sa cave, son grenier symbolisent divers états de l’âme. La cave correspond à l’inconscient, le grenier à l’élévation spirituelle » ^[11].

Notes

Bibliographie

• Bachelard, Gaston (1954). « La poétique de l’espace », Collection Quadrige – Grands textes, PUF, Paris: 1954, 214 pp. rééd. 2004. ISBN : 978-2130544449.

• Clabaut, Jean-Denis « Les caves médiévales de Lille ». Collection Histoire et Civilisations, Presses universitaires du septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2001, 222 pp.

• Clabaut, Jean-Denis « Les caves des demeures médiévales de Lille et Douai : étude et enseignement sur l'habitat ». Pp. 157-171.in Garrigou Grandchamp, Pierre (dir.), La maison au Moyen Âge, Revue archéologique du Centre de la France, Tome 45-46, Angoulême, 2006-2007.

• Clabaut, Jean-Denis « Les caves, le négoce et les marchands de vin à Lille et Douai au Moyen Âge ». Histoire Urbaine [Revue éditée par la Société Française d’Histoire Urbaine], n° 16, juillet 2006, pp. 39-52.

• Clabaut, Jean-Denis « Les caves de Douai : la construction civile au Moyen Âge ». Collection « Histoire et Civilisations », Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2007, [312 ou] 332 pp.

• Cumont, Franz (1919). « Comment la Belgique fut romanisée ». Pp. 77-182 in Annales de la Société royale d'archéologie de Bruxelles - Tome 28, 1914-1919, Vromant & C°, imprimeurs-éditeurs, Bruxelles, 1919, iv + 344 pp. (p.116).

• Grimaud, Henry. « Les caves Vaslins à Chinon ». Bulletin de la Société archéologique de Touraine, Tours, 1921-1923, tome XXII, pp. 108-111.

• Jusselin, Maurice. « Miscouard, à Lèves, dit "les Caves Gauloises" ». Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, tome XVIII, 1947-1951, pp. 1-14.

• Korosec-Serfaty, Perla (1986). “Le rat de cave. A Light in the Cellar”. Landscape, Vol. 29, No; 2, 1986, pp. 10-14.

• Mengal, Paul (2007). « L’âme de la cave au grenier. Les topologies de l’âme et l’origine de l’inconscient ». Revue des Littératures de l’Union Européenne, n°. 6, 2007 [« L'émergence de l'inconscient dans la littérature européenne »], pp. 1-12.

• Pesez, Jean-Marie (1996) « Cave, cellier et maison vigneronne au Moyen Âge ». Bulletin du Centre Pierre Léon d’histoire économique et sociale, No. 3-4, 1996, pp. 11-15.

• Serfaty-Garzon, Perla (2003). « La cave et le grenier ». Pp. 58-59 in Segaud, Marion ; Brun, Jacques et Driant, Jean-Claude (sous la direction de) « Dictionnaire critique de l’habita et du logement ». Paris, Editions Armand Colin, 2003. Disponible également ici.

• Toutain, Jules « Les fouilles de la Société des sciences historiques et naturelles de Semur sur le Mont Auxois en 1909 ». Académie des inscriptions et belles-lettres, Comptes-rendus des séances, Vol. 54, No. 2, 1910, pp. 139-151.

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