Casa Santa Marta (fondation Ignace de Loyola)

La Casa Santa Marta a été fondée par Ignace de Loyola en 1543 à Rome pour accueillir des personnes prostituées et leur permettre de sortir de la prostitution. Cette initiative novatrice qui laissait un certain choix aux personnes prostituées tout en visant à faire disparaître la prostitution peut être considérée comme un précurseur de l'abolitionnisme.

Fondation

Dans la Rome du XVIe siècle, en proie à la misère et à la famine suite au sac de Rome, de nombreuses femmes sont prostituées. Jusqu'alors, la politique vis-à-vis des personnes prostituées était soit prohibitionniste, c'est-à-dire que les personnes prostituées étaient criminalisées, soit réglementariste, c'est-à-dire qu'on organisait la prostitution pour qu'elle n'ait lieu que dans des lieux prédéfinis. De toutes les manières, les seules alternatives qui étaient proposées aux femmes voulant sortir de la prostitution étaient les couvents des "Madeleines" qui consistaient en un enfermement et une culpabilisation des femmes^[1]. Ignace de Loyola s'est scandalisé de cette situation et mobilisa un groupe de riches "bienfaiteurs" pour l'aider à fonder la "Maison Sainte Marthe". Il obtient le soutien du pape Paul III sous la forme d'une bulle du 15 février 1542, l'encourageant "à arracher les femmes prostituées à leur vie honteuse et licencieuse pour vivre de façon pudique et continente.

Règlements et fonctionnement

L'association des bienfaiteurs est supervisé par un cardinal, qui agit comme protecteur de la fondation. Deux présidents assistés d'une secrétaire et d'un trésorier gèrent au quotidien l'association. La Casa Santa Marta proprement dite a été construite grâce aux dons des bienfaiteurs prêt de Gèsu, à Rome. Elle est dirigée par une supérieure. Chaque personnes prostituées désirant entrer dans la maison Sainte Marthe, doit répondre à un questionnaire rédigé par Ignace de Loyola, où elle indique sa situation personnelle et ses souhaits quand à sa nouvelle vie^[2]. Elle peut envisager de retourner auprès de son mari si elle était marié. Si elle est célibataire, elle peut soit se marier (ce qui représente une innovation par rapport aux maisons semblables) ou devenir religieuse. Dans l'un et l'autre cas, elles doivent prendre une décision libre, et non "désespérée". Elles suivent une retraite prêchée par Ignace lui-même pour discerner. Pour faire connaître la Maison Sainte Marthe auprès des personnes prostituées, Ignace ira lui-même à leur rencontre dans les rues de Rome.

Crises et abandon de la mission de réinsertion =

Dès 1546, Ignace doit défendre sa fondation à plusieurs reprise. Barbaran, un Franciscain, dénonce l'ambition d'Ignace: "il prétend débarrasser Rome de toutes les femmes abultères!"^[1]. Le pape donner raison à Ignace contre Barbaran. Puis c'est maître Mathias, maître des postes pontificales, privé des revenus d'une courtisane dont il était le proxénète, qui use de la diffamation, laissant croire que la Casa Santa Marta servait à fournir un harem particulier aux premiers Jésuites. Ignace lui intentera un procès qu'il gagnera. Enfin, une de ses premières donatrices, Isabelle Roser, jalouse de n'être pas acceptée dans la récente Compagnie de Jésus en tant que femme, accuse Ignace d'extorsion. Elle sera aussi condamnée.

Malgré la pugnacité d'Ignace pour défendre sa fondation, et quoiqu'elle ait réussi dans une certaine mesure à réinsérer environ une centaine de personnes prostituées en quelques années, la Casa Santa Marta abandonnera sa mission première après qu'Ignace aura passé le relaie en 1548. Elle deviendra un couvent de religieuse sans plus de lien avec la réinsertion des personnes prostituées.

Voir aussi

Articles connexes

• Ignace de Loyola
• Abolitionnisme

Liens externes

• Article du Ignace de Loyola et les courtisanes Prostitution et Société 1991

Notes et références

• Portail de la sexualité et de la sexologie