- La Grève (Ayn Rand)
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Cet article concerne le roman d'Ayn Rand publié en 1957. Pour le film américain dont la sortie est prévue en 2011, voir Atlas Shrugged (film).
La Grève ou La Révolte d'Atlas (titre original en anglais : Atlas Shrugged, littéralement : Atlas haussa les épaules) est le plus important roman de la philosophe et romancière américaine Ayn Rand. Il a été publié en 1957 aux États-Unis. Elle y développe sa pensée critique de la démocratie sociale interventionniste en envisageant ce que deviendrait le monde si ceux qui le font avancer, les « hommes de l'esprit », décidaient de se retirer : en l'absence de ceux qui supportent le monde (tel le légendaire titan grec Atlas), la société s'écroule.
Il n'y a longtemps eu aucune traduction en français pendant 54 ans, hormis celle, quasiment inutilisable, réalisée par les éditions suisses Jeheber en 1958 et dont il ne figurait que quelques exemplaires dans de rares bibliothèques. En novembre 2009, une traduction, pirate, a été diffusée sur internet. En 2011, une traduction française sort en librairie, sous le titre de La Grève[1].
Sommaire
Présentation
D'après l'auteure elle-même, Atlas Shrugged a pour thème « le rôle de l'esprit humain dans la société ». Il décrit ce qui se passe lorsque la violence de l'État empêche l'esprit de fonctionner, soit directement, soit en poussant les « hommes de l'esprit », les créateurs de richesse, à refuser de servir une société qui trouve normal de les traiter comme des esclaves. L'intrigue met donc en scène des « hommes de l'esprit » (scientifiques indépendants, entrepreneurs honnêtes, artistes individualistes, travailleurs consciencieux) qui disparaissent mystérieusement, provoquant crises et catastrophes. Celui qui les entraîne dans cette « grève », dans ce retrait, est John Galt, héros randien type, à la fois entrepreneur, philosophe et grand savant inventeur.
Le morceau de bravoure du roman est le long discours de John Galt (plusieurs dizaines de pages) dans lequel il explique le sens de son combat.
Thématiques abordées
L'entrepreneur
À travers les portraits d'entrepreneurs, Ayn Rand met en exergue leur importance et le rôle destructeur joué par la jalousie à leur encontre : l'Equalization of opportunity Bill par exemple.
La peur du progrès scientifique
À travers l'exemple du Rearden Metal, produit capable de remplacer l'acier ordinaire avec des qualités physiques supérieures, c'est la thématique de la peur du progrès dans son ensemble qui est abordée. Poussés par les industriels qui vont pâtir de cette nouvelle concurrence, les autorités et la population poussent à l'application d'un « principe de précaution » avant l'heure, qui n'est en fait que la défense d'intérêts particuliers au prétexte du bien public : on n'a rien pu prouver contre ce Rearden Metal excepté ses qualités physiques extraordinaires, mais la peur de la nouveauté et la façon dont, entre autres, les autorités présumées scientifiques jouent avec cette peur réussissent à le discréditer.
Personnages
Voir l'article : Liste des personnages de La Grève.Attention, certaines descriptions constituent des "spoiler" du scénario.
Dagny Taggart
Dagny Taggart est la Vice-President in Charge of Operations de Taggart Transcontinental. C'est elle qui dirige la compagnie dans les faits. En effet, elle est la sœur de Jim Taggart, le président de Taggart Transcontinental, mais elle est en réalité la seule qui sache prendre les bonnes décisions. Son parcours est celui du lecteur explorant la philosophie de John Galt. Au cours du roman, elle entretient des relations amoureuses avec trois hommes de compétence : Francisco d'Anconia, Hank Rearden et John Galt.
John Galt
Scientifique employé dans une usine de fabrication de moteurs, il invente un nouveau type de moteur. Refusant le plan visant à faire primer le besoin sur la compétence dans la rémunération individuelle, il démissionne et laisse son moteur à l'abandon. Par la suite, il arrêtera le moteur du monde en incitant les hommes de l'esprit à se retirer pour ne plus être exploités.
Hank Rearden
Hank Rearden est le créateur du Rearden Metal et le président de Rearden Steel. Marié à Lilian Rearden, il devient finalement l'amant de Dagny Taggart. À travers ce personnage, Ayn Rand fait avancer progressivement le lecteur dans l'intrigue, tous deux découvrant au fur et à mesure la vérité sur la disparition mystérieuse des hommes de l'esprit. Il permet aussi à l'auteur de développer sa théorie du sexe et de l'amour.
Francisco d'Anconia
Il s'agit de l'un des personnages les plus importants du roman. Il est l'héritier d'une des compagnies de cuivre les plus importantes de la planète, ainsi qu'un ami d'enfance, et le premier amour, de Dagny Taggart. Francisco commence à travailler très jeune afin de gagner de l'expérience et d'apprendre tout ce qu'il peut des affaires des mines. Il étudie à la Patrick Henry University en même temps que John Galt et Ragnar Danneskjöld, en étant l'élève de Robert Stadler et Hugh Akston, et commence alors à travailler dans une fonderie de cuivre, tout en investissant à la Bourse de New-York. Il commence à travailler pour d'Anconia Copper comme assistant surintendant d'une mine dans le Montana, puis est rapidement promu à la tête du bureau de New York. Il prend le commandement de d'Anconia Copper à l'âge de 23 ans, après la mort de son père. A l'âge de 26 ans, d'Anconia rejoint secrètement, accompagné de Ragnar Danneskjold, le cercle des grévistes fondé par John Galt, et commence à détruire d'Anconia Copper afin que les pillards et le gouvernement ne le corrompent. Il adopte alors, comme couverture, l'image d'un playboy sans intérêt. Il était l'ami d'enfance d'Eddie Willers et Dagny Taggart, avec qui il passait ses vacances d'été, et devint plus tard l'amant de Dagny. Le plus gros sacrifice fut donc pour lui de laisser tomber Dagny, car il savait qu'elle n'était pas prête à renoncer à Taggart Transcontinental. Il reste profondément amoureux d'elle jusqu'à la fin du livre, tout en restant ami avec ses deux autres amants, Hank Rearden et finalement John Galt. Son nom complet est Francisco Domingo Carlos Andres Sebastián d'Anconia.
Autour du livre
- Selon une étude de la bibliothèque du Congrès américain et du Book of the month club menée dans les années 1990, ce livre est aux États-Unis le livre le plus influent sur les sondés, après la Bible[2].
- « WhoIsJohnGalt » est un code dans le jeu vidéo Warcraft III. Ce code accélère la recherche technologique.
- On retrouve des références à Atlas Shrugged dans de nombreuses œuvres, allant de South Park à Beverly Hills 90210, en passant par le jeu vidéo BioShock, qui est une des plus importantes œuvres à se pencher sur la philosophie de Ayn Rand.
Adaptation cinématographique
Pour plus de détails voir l'article : Atlas Shrugged: Part I.Une adaptation cinématographique est sortie au cinéma aux États-Unis le 17 avril 2011[3].
Extraits
- « Quels que soient les points sur lesquels ils s’opposaient par ailleurs, tous vos moralistes se sont retrouvés sous l’étendard de la lutte contre l’intelligence et la raison humaines. Ce sont elles que leurs systèmes cherchaient à détruire. Désormais vous avez le choix de mourir ou d’apprendre que ce qui va contre la raison va contre la vie. »[réf. nécessaire]
- « La source des droits de l’homme n’est pas la loi de Dieu ni la loi du congrès, mais la loi de l’identité. Toute chose est ce qu’elle est, et l’homme est un homme. Les droits sont les conditions d’existence nécessitées par la nature de l’homme afin que celui-ci vive décemment. Dès lors que l’homme doit vivre sur terre, il a le droit de se servir de sa conscience rationnelle, il a le droit d’agir librement d’après son propre jugement. Il a le droit de travailler conformément à ses propres valeurs et de disposer du produit de son travail. Si ce qu’il veut c’est vivre sur terre, il a le droit de vivre comme un être rationnel : la nature même lui interdit l’irrationalité. » {IIIème partie, ch. 7}
- « Vous vous demandez ce qui ne va pas dans le monde ? C’est que vous assistez aujourd’hui à l’explosion de la croyance dans le non causé et l’immérité. Tous vos gangs de mystiques de l’esprit et de mystiques du muscle se disputent farouchement le pouvoir de vous gouverner, en grognant que l’amour est la solution à tous vos problèmes spirituels et que le fouet est la solution à tous vos problèmes matériels, vous qui avez renoncé à penser. »[réf. nécessaire]
Version française
La Révolte d'Atlas est la première traduction française du roman, par Henri Daussy pour les Éditions Jeheber, parue en 1958. Du fait de sa mauvaise traduction, elle n'a pas reçu l'aval de l'auteur. Trois tomes étaient prévus, deux seulement parurent :
- T.1 : Les Requins (Non Contradiction), 1958, 435p.
- T.2 : Les Exploités (Either-or), 1959, in-16 (20 cm), 479p.
- T.3 : La revanche n'a pas été édité (probable faillite de l'éditeur)
Une autre traduction de La Révolte d'Atlas, réalisée par Monique di Pieirro, a été éditée sous forme numérique en 2009. Cependant, cette traduction pirate, faite sans l'accord des ayants droit, a été retirée rapidement (fermeture du site web concerné). Dans une lettre du 11 septembre 2009 adressée à Leonard Peikoff (héritier et ayant droit d'Ayn Rand), et publiée dans la traduction pirate, Monique di Pieirro affirme abandonner la propriété de cette version (qui de toute façon continuera désormais à circuler sans qu'on puisse l'empêcher) et souhaite la transférer à Leonard Peikoff en dédommagement[4].
Finalement, le livre connaîtra une version française officielle qui sort aux éditions des Belles Lettres en septembre 2011[5].
Notes et références
- http://www.contrepoints.org/2011/08/03/37958-atlas-shrugged-en-librairie-le-22-septembre-2011
- Ayn Rand Biography
- Fiche sur le film Atlas Shrugged sur le site IMDb
- « Please consider this French translation as your exclusive property coming to compensate for the possible loss its public release without your agreement might entail to your interests and reputation. »
- Atlas Shrugged en librairie le 22 septembre 2011
Catégories :- Roman américain
- Roman paru en 1957
- Fable politique
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