- Andromaque (tragédie lyrique)
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Andromaque Genre Tragédie lyrique Nb. d'actes trois actes Musique André-Ernest-Modeste Grétry Livret Louis-Guillaume Pitra, adapté de la célèbre pièce Andromaque de Jean Racine. Langue
originaleFrançais Durée
approximativeenv. 1h30 Création 6 juin 1780
Académie royale de Musique, ParisPersonnages - Andromaque, Veuve d'Hector, captive de Pyrrhus, mère d'Astyanax (dessus)
- Pyrrhus, Fils d'Achille, Roi d'Épire (haute-contre)
- Hermione, Fille de Ménélas et d'Hélène, fiancée à Pyrrhus (bas-dessus)
- Oreste, Fils d’Agamemnon, ex-fiancé d'Hermione (basse-taille)
- Phœnix, Gouverneur d'Achille, puis de Pyrrhus (basse-taille)
Airs Andromaque est l'unique tragédie lyrique en trois actes de André-Ernest-Modeste Grétry, sur un livret de Louis-Guillaume Pitra, créée le 6 juin 1780 à l'Académie royale de Musique, Paris.
Sommaire
La genèse chaotique d'une œuvre au cœur de la révolution esthétique des années 1770
Un climat frénétique singulier propice à la création d'ouvrages ambitieux
Une profonde émulation et rupture artistique à la Cour de Louis XV de France est notoire depuis le milieu des années 1760 avec l'émergence d'une nouvelle génération de compositeurs français comme François-André Danican Philidor, Pierre-Alexandre Monsigny ou François-Joseph Gossec. Ce mouvement atteint le faîte de sa ferveur avec les grands succès populaires de Christoph Willibald Gluck à partir de 1774 : Iphigénie en Aulide, Orphée et Eurydice et Iphigénie en Tauride.
Dans cet engouement déjà particulier, la presse rend compte d'une effervescence peu ordinaire au printemps 1778 : « Celui de tous les spectacles qui fixera probablement l'attention du public à l'ouverture sera vraisemblablement l'Opéra, soit relativement au changement d'administration, soit relativement aux nouveautés que l'on attend »[1].
En effet, le nouveau directeur de l'Académie royale de Musique succédant à Pierre Montan Berton, Anne-Pierre-Jacques Devismes du Valgay, engage des réformes draconiennes : modification des proportions et de l'aménagement de la scène et de l'orchestre, rétablissement de spectateurs sur le théâtre... Mais c'est sa politique artistique engagée qui interpelle le plus. En sus d'exhumer des ouvrages anciens du répertoire français afin de les confronter aux productions les plus contemporaines, il lance une politique de créations lyriques et chorégraphiques tous azimuts.
C'est dans ce cadre qu'un projet des plus ambitieux, mettre en musique Andromaque, l'une des plus célèbres tragédies de Jean Racine, voit le jour. Alors que l'on destinait à André-Ernest-Modeste Grétry le livret dIphigénie en Tauride de Nicolas-François Guillard, la tragédie fut finalement concédée à Gluck si bien que l'on offrit à Grétry l'adaptation dAndromaque en guise de dédommagement.
En faisant appel à Grétry pour imaginer de transformer une tragédie de Racine en tragédie lyrique, Devismes était sûr de susciter la curiosité et l'affluence du public aux portes du théâtre. En effet, en sus d'adapter un des piliers identitaire du répertoire théâtral national, pièce quasi sacralisée, Grétry était unanimement considéré comme le prince de l'opéra-comique et sa première expérience dans le genre sérieux, Céphale et Procris ou l'Amour conjugal (1773), avait connu des critiques dithyrambiques concernant la qualité musicale malgré un livret peu goûté.
Une œuvre qui n'a failli jamais voir le jour
Argument
Acte premier
Le théâtre représente un vaste salon du palais de Pyrrhus. Les colonnes sont décorées de boucliers, de faisceaux d'armes ; le trône de Pyrrhus, soutenu par deux lions,est presque sur l'avant-scène, à gauche.
Les suivantes d'Hermione tentent de la convaincre que Pyrrhus, qu'elle aime et à qui elle est fiancée, cèdera bientôt à ses apprêts. Oreste, l'amant éconduit d'Hermione, et les peuples grecs viennent demander à Pyrrhus qu'on leur livre Astyanax, le fils d'Hector et d'Andromaque, pour que son trépas expie les meurtres de son père.
Mais l'altier Pyrrhus, amoureux d'Andromaque sa captive, monte sur ses ergots et choisit de protéger la mère et l'enfant face à la menace grecque. Pourtant, Andromaque refuse ses avances, jurant de rester fidèle au souvenir d'Hector. Excédé, Pyrrhus promet de se venger sur son fils : il se retourne vers Hermione pour la grande félicité de celle-ci et le désespoir d'Oreste.
Acte deuxième
Le théâtre représente, dans le fond, la mer et les vaisseaux qui ont amené les ambassadeurs de la Grèce ; à droite et à gauche sont les faces du palais de Pyrrhus, séparées de la mer par une balustrade de marbre, avec un passage au milieu.
Les Grecs tentent de calmer la rage furibonde d'Oreste. Ce dernier veut enlever Hermione et l'arracher malgré elle aux tendres bras de Pyrrhus. Hermione survient, songeant avec délectation aux délices de ses noces prochaines. Elle croise Andromaque qui, jouant les suppliantes, lui demande la miséricorde pour son fils et elle-même. Elle l'ignore et se retire.
Andromaque sait qu'en s'offrant à Pyrrhus, elle sauverait les jours de son fils, mais elle ne peut s'y résoudre et évoque le souvenir de son époux pour fortifier son courage. Pyrrhus vient livrer Astyanax aux Grecs. Andromaque et ses suivantes le conjurent de changer d'avis. Gagné par la commisération, il décide magnanimement d'épargner l'enfant. Il gagne ainsi l'attachement d'Andromaque qui consent finalement à l'épouser pour sauver son fils, même si elle prévoit de s'occire après la cérémonie par fidélité envers Hector.
Hermione arrive avec le cortège de son propre hyménée et se voit rejetée par Pyrrhus. Au comble de l'ire, elle convoque Oreste et imagine un chantage effroyable et odieux : s'il veut l'épouser, il devra immoler Pyrrhus. Horrifié, Oreste proteste mais se résigne pourtant par amour à commettre ce geste ignominieux.
Acte troisième
Le théâtre représente un site triste, planté de cyprès et autres arbres funèbres, semés çà et là sans ordre et sans symétrie ; sur l'avant-scène sont un socle de marbre noir et une urne sépulcrale où reposent les cendres d'Hector.
Andromaque se recueille une dernière fois sur la tombe du feu son époux Hector avant de s'unir à Pyrrhus. Tandis qu'Andromaque se prépare à son union, Hermione, prise de démence, attend la mort prochaine de celui qu'elle hait amoureusement. Au milieu des réjouissances, Oreste paraît suivi de soldats grecs les armes à la main : alors que Pyrrhus reconnaît Astyanax pour le Roi des Troyens, un combat s'engage entre les deux partis ; Pyrrhus trouve la mort.
Oreste annonce avec fierté à Hermione que son ordre est accompli et attend de voir son brandon récompensé. Mais celle-ci, prenant conscience de la vilenie de ses machinations, les désavoue et rejette le crime et l'homicide. Elle se précipite sur la dépouille de Pyrrhus en se poignardant. Oreste, resté seul, est assailli de folles visions fantômnales et s'effondre dans les bras des Grecs désolés.
La musique
Postérité scénique
Discographie
- 2010 : Hervé Niquet (dir.), Karine Deshayes (Andromaque), Sébastien Guèze (Pyrrhus), Maria Riccarda Wesseling (Hermione), Tassis Christoyannis (Oreste), Chœur et Orchestre du Concert Spirituel et Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles - Glossa.
Notes et références
- Journal de Paris, 23 avril 1775.
Catégories :- Opéra français
- Opéra du XVIIIe siècle
- Œuvre d'André Grétry
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