- Andreï Andropov
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Andreï Andropov (Андрей Andropow) (né le 1er mars 1900 à Smolensk et mort en 1938) est un graphiste et dessinateur russe de la première moitié du XXe siècle. Acteur important mais méconnu de l'Avant-garde russe, en particulier du mouvement constructiviste, il participa activement via la production d'affiches, à l'élan révolutionnaire initié dès 1917.
Sommaire
Jeunesse
Né à Smolensk le 1er mars 1900, il démontre très jeune des aptitudes pour le dessin. Il quitte le foyer et son père ouvrier afin d'étudier à l'Institut de l'Architecture de Moscou. Il s’intéresse dès lors de près aux mouvements du symbolisme, venu d’Europe occidentale, du rayonnisme par l’intermédiaire de peintres tels que Michel Larionov et plus particulièrement à celui du suprématisme, dont la toile Carré noir sur fond blanc de Kasimir Malevitch est l’œuvre fondatrice. Il dessine les paysages industriels qui l'ont vu grandir dans des couleurs vives et il met en scène l'admiration qu'il a pour son père. À partir de 1915, il se fait remarquer en exposant ses dessins dans un petit atelier de la rue Zhitnaya à Moscou, dont le propriétaire n'est autre qu'Alexandre Khanjonkov, pionnier du cinéma russe. A cette période, le marché du film en Russie est essentiellement constitué de productions étrangères. Khanjonnkov fait fortune en diffusant les productions de la société française Le Film d'Art. Ces projections attirent un public aisé et influent et contribuent à la notoriété de l'atelier. Khanjonnkov se verra même proposer le financement d'un projet ambitieux, le tout premier long métrage russe intitulé La Défense de Sébastopol par le duc Mikhail Mikhailovich Romanov.
Andreï se passionne dès lors pour ce jeune art qu'est le cinéma et pour la langue française, avec laquelle il se familiarise auprès des représentants de la société Le film d'art. Il ne sera pas rare de le voir réaliser des compositions graphiques dans la langue de Molière. Il découvre également le cinéma américain, le burlesque et le cinéma physique des années 1910 et 20, de Buster Keaton et Charlie Chaplin en passant par D. W. Griffith et Douglas Fairbanks. Enthousiasmé par les possibilité offertes par le cinéma, ces dessins se structurent, gagnent en géométrie et en dynamisme. Il n'a qu'une envie, les porter à l'écran. Malheureusement, son père décède en 1909, laissant chez Andreï un profond sentiment d'injustice. Il est remarqué par un certain Vladimir Romachkov, qui lui apprend les bases de la mise en scène. Ce même Romachkov qui, en 1908, produit ce qui sera considéré comme le premier court-métrage russe de l’Histoire Stenka Razin, sur un scénario de Vassili Gontcharov. Stenka Razine, ce général cosaque dont on dit qu’il a vécu entre les années 1630 et 1671 et qui mena le soulèvement contre la noblesse et le pouvoir en place. La grande Histoire comme l’histoire de ce film n’allait pas tarder à se répéter.
Les débuts
Andropov découvre ainsi les coulisses de la fabrication des films. Il réalise ses premiers courts métrages dès la fin de 1916 à l’aide de matériel prêté par Romachkov. Il met en scène le dur labeur du prolétariat dont ses parents faisaient partie. Avant chaque prises de vue, il réalise un important travail préparatoire fait de croquis et d'esquisses au crayon gras et pastel qu'il assemble ensuite au moyen de collage.
En 1917, de grands bouleversements ont lieu. L’armée connaît de lourdes défaites et des mutineries éclatent. Elles deviennent de plus en plus nombreuses. Au mois de février 1917, toutes les caractéristiques pour une révolte populaire sont réunies : lassitude face à la guerre, pénuries, hiver rude… C’est le début des affrontements au centre du pays. Mais l’armée ne va pas tarder à se joindre aux insurgés entraînant la fin du régime tsariste. La nationalisation des moyens de production permet alors aux ateliers de mieux se doter. C’est aussi une période décisive pour Andreï, puisque c’est à ce moment qu’il se forge une conscience politique, dans le contexte de la création du premier gouvernement socialiste du monde. IL se prend à rêver au soulèvement des classes ouvrières. Lénine déclarera que le "cinéma est pour nous, de tous les arts, le plus important" et Léon Trotski de rajouter : « Quand nos hameaux auront des cinémas, nous serons prêts à achever la construction du socialisme ». L’industrie du cinéma se voit donc propulsé vers des sommets à grands renforts de financements, de valorisation, tout cela afin de permettre une diffusion massive des grandes et nouvelles idées de l’état. En 1919, L'atelier de Khanjonkov rue Zhitnaya est nationalisé. En 1922, par décret, la société de Khanjonkov fusionne avec I.N. Ermolïev, l'autre grande entreprise cinématographiques russe. Elles deviennent le Service Cinématographie Panrusse, BFKO, rebaptisé Goskino (Госкино, c'est-à-dire Cinéma d'état). C'est à ce moment là que naît le projet Ukronia Pictures. Fort de l'expérience acquise auprès de Khanjonkov, Andropov voit en la création d'une entité propre au sein même de Goskino une opportunité de concrétiser son projet.
Les frères Stenberg
Les engagements constructivistes des frères Stenberg sont palpables à la vue de leurs affiches. Fascinés par le futur, à l'instar de Vladimir Maïakovski, Lazar Lissitzky ou Sergueï Eisenstein, les Stenberg brothers étaient convaincus que le cinématographe, alors tout neuf, était l'expression du XXe siècle. Ils marièrent leur activité créatrice avec l'industrie (les deux sortaient d'une école d'ingénieur), en pariant sur le mouvement. Vladimir Augustovitch nai en 1899 et Georgy Augustovitch en 1900, comme Andreï, ils sont adolescents quand survient la Révolution d'octobre. La police artistique soviétique n'est pas encore en place. Au contraire, la fin des années 1910 et le début des années 1920 sont caractérisés par une création foisonnante, semblable à ce qui se passait ailleurs en Europe. En 1921, ils forment avec Alexei Gan et Alexandre Rodtchenko une faction constructiviste. Un an plus tard, ils signent un manifeste dans lequel il est écrit: «Le constructivisme va permettre à l'humanité d'atteindre le niveau maximum de culture avec la dépense minimale d'énergie"» Et de célébrer l'ère industrielle, le fer, les usines, la révolution. Ils montent aussi quelques belles structures spatiales faites de bois, métal et verre, des drôles de machines légères, applications de leur théories comme de leurs cours de génie civil. Vladimir et Georgy s'intéressent aussi au théâtre. Ils commencent à travailler avec Vsevolod Meyerhold sur la production du Le Cocu magnifique (drame) de Fernand Crommelynck. Mais comme ils ne s'entendent pas avec le grand metteur en scène, leurs dessins sont terminés et réalisés par Lioubov Popova. Dans les années 1920, l'Union soviétique réorganise son cinéma. Lénine croit que «de tous les arts, le cinéma est le plus important». C'est aussi l'avis de nombreux artistes avant-gardistes, dont les Stenberg. En 1923, ils réalisent leur première affiche, signée Sten, pour les Yeux de l'amour. Ils vont ensuite travailler aussi bien pour des films de recherche, que pour les œuvres commerciales ou politiques. Ils travaillent souvent juste après la vision du film, et donnent une grande importance au montage des événements relatés et aux impressions qu'ils créent. Dans cette activité, ils sont inspirés par les maîtres du genre: Raoul Hausmann ou Rodchenko. A ceci près que les Stenberg reproduisent ces assemblages de photographies à la peinture. Ils ont aussi travaillé sur les films de Dziga Vertov, poète de l'intervalle entre deux images, du rythme et du jeu: ils font l'affiche de L'Homme à la caméra. Et aussi celle du film Le Cuirassé Potemkine et d'Octobre de Serguei Eisenstein. Dans la création de leurs affiches, les frères Stenberg sont attentifs à toutes les composantes, notamment la typographie, qu'ils traitent comme un élément de leur mise en scène. On s'en aperçoit surtout dans leur travail sur la Fille aux cartons à chapeaux de Boris Barnet.
Anecdotes
- La photographie prise par Mikhail Kaufman sur laquelle figure Andreï Andropov et Alexandre Rodtchenko a par la suite été modifié par l'administration stalinienne pour ne plus y faire figurer que Rodtchenko.
Filmographie
Comme producteur
- 1924: La Machine à voyager dans le temps
- 1925: Drame d'acier
- 1927: Le photographe et la vieille dame
- 1928: Les journées d'octobre
- 1929: Au travail !
Comme réalisateur
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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