- Ésope
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Ésope, en grec ancien Αἴσωπος / Aísôpos (VIIe siècle av. J.‑C. - VIe siècle av. J.‑C.), écrivain grec d'origine thrace à qui on attribue la paternité de la fable comme genre littéraire.
Sommaire
Réalité historique
D'après Plutarque, c’était un esclave, prisonnier de guerre, laid et boiteux (son nom Αἴσωπος signifie du reste « le Boiteux » : a- privatif + iso- "égal" + pod- "pied" : c'est donc un « nom composé possessif » : « qui a des pieds non égaux »), bossu et bègue, qui contait avec esprit des apologues et des récits familiers.
Selon une hypothèse de Martin Litchfield West (La Fable : huit exposés suivis de discussions, Fondation Hardt, Vandœuvres-Genève, 1984), c'est à Samos que se serait formée sa légende. Celle-ci, que raconte La Fontaine en tête de ses Fables, présente Ésope comme : « difforme, laid de visage, ayant à peine figure d'homme » et presque entièrement privé de l'usage de la parole. Son origine est discutée, mais on note deux thèses principales. Selon la première, celle de Héraclide du Pont, c'est un Thrace de naissance, thèse confirmée par un certain Eugeiton, cité par Suidas, qui affirme qu’Ésope était de Mésembrie, ville des Cicones, sur la côte de Thrace. Si cet Eugeiton doit être identifié avec un certain Eugéion, qu’on a conjecturé être la source d’Hérodote, son témoignage aurait du poids, et notre fabuliste pourrait être tenu pour un Thrace. Mais la tradition la plus répandue faisait d’Ésope un Phrygien. Phèdre, Dion Chrysostome, Lucien, Aulu-Gelle, Maxime de Tyr, Elien, Himérios, Stobée, Suidas (expliquant [ XVI ]le mot prêté à Crésus, μᾶλλον ὁ Φρύξ), s’accordent à lui assigner la Phrygie pour patrie. Quelques-uns précisaient même la ville de Phrygie où il était né : c’était, d’après Suidas et Constantin Porphyrogénète, Kotyaïum ; c’était Amorium, d’après la vie légendaire d’Ésope. Si l’on a cherché la patrie d’Ésope hors de la Grèce, en Phrygie, c’est que le nom Αἴσωπος ne semble pas être un nom grec ; on a cru y voir un nom phrygien, qu’on rapprochait du nom du fleuve phrygien Αἴσηπος, et peut-être du guerrier troyen Αἴσηπος dont il est question chez Homère, Z 21 ; on l’a rapproché aussi du mot Ἢσοπος qu’on lit sur un vase de Sigée C. J. G., I, 8. Une Vie d’Ésope le fait Lydien, sans doute parce que, d’après la tradition qui apparaît pour la première fois dans Héraclide, il fut esclave du Lydien Xanthos. En somme, toutes ces traditions ne reposant que sur des conjectures, il serait vain de s’arrêter à l’une d’elles : mieux vaut se résigner à ignorer ce qu’on ne peut savoir. Il aurait ensuite été esclave d'Iadmon avant de réussir à se faire libérer. Il se rend alors auprès de Crésus pour tenter de sauvegarder l'indépendance de Samos et il réussit dans son ambassade en racontant au roi une fable. Il se mettra ensuite au service du « roi de Babylone », qui prend grand plaisir aux énigmes du fabuliste. Mais possédé par le désir de voyager, il se rend en Grèce et s'arrête notamment à Delphes. Les conditions dans lesquelles il est mort restent obscures. Selon Théophile Obenga, Esope est un esclave nubien noir....
Les fables
Article détaillé : Fables d'Ésope.Tout le récit de la vie d'Ésope est parcouru par la thématique du rire, de la bonne blague au moyen de laquelle le faible, l'exploité, prend le dessus sur les maîtres, les puissants. En ce sens, Ésope est un précurseur de l'anti-héros, laid, méprisé, sans pouvoir initial, mais qui parvient à se tirer d'affaire par son habileté à déchiffrer les énigmes.
En raison du nombre de fables que cette légende comprenait, celles-ci ont dès lors pu commencer à circuler de façon autonome, à la façon de bons mots qu'on se racontait. Par la suite, des fables antérieures auraient été réattribuées à cette source, qui jouait le rôle d'un recueil. Il faut ajouter que, le grec ne possédant pas de terme spécifique pour désigner la fable, le nom d'Ésope a servi de catalyseur, et ce d'autant plus facilement que toute science, toute technique, tout genre littéraire devait chez eux être rattaché à un « inventeur ». Ainsi s'explique, en partie, qu'Ésope soit si vite devenu la figure emblématique de la fable.
Le premier recueil de Fables est dû à Démétrios de Phalère vers 325 av. J.-C.. Le recueil original est perdu. Le recueil que connaissait La Fontaine comprenait 127 fables.
Les fables d'Ésope étaient écrites en prose et sans prétention littéraire. Cela a fait dire à Hegel : « La prose commence dans la bouche d'un esclave ; aussi le genre tout entier est prosaïque » (Esthétique).
Les fables d'Ésope seront reprises et traduites en latin par Phèdre. Babrias en produira de nouvelles (IIe siècle av. J.‑C.).
Maxime Planude, un moine byzantin du XIIIe siècle popularisera une Vie d’Ésope à partir d'un matériau datant probablement du Ier siècle.
Ésope inspira notamment :
- Avianus (IIe ou IVe siècle) ;
- Djalâl ad-Dîn Rûmî (XIIIe siècle) ;
- Phèdre (direct inspirateur des fabulistes du XVIIe siècle) ;
- Jean de La Fontaine (XVIIe siècle) ;
- Benserade (contemporain de La Fontaine) ;
- Charles Perrault (contemporain de La Fontaine).
Jean de La Fontaine
Jean de La Fontaine, dont nombre des fables sont des retranscriptions des fables d'Ésope, lui rend hommage dans À Monseigneur le Dauphin :
- Je chante les héros dont Ésope est le père,
- Troupe de qui l'histoire, encore que mensongère,
- Contient des vérités qui servent de leçons.
- Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons :
- Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes ;
- Je me sers d'animaux pour instruire les hommes.
Voir aussi
Notes et références
Curiosité
Le nom d'Ésope est rattaché à un palindrome en langue française : « Ésope reste ici et se repose ».
Article connexe
Liens externes
- Insecula
- (fr) Ses fables sur Ebooks libres et gratuits
- (fr) Livres audio mp3 gratuits (Version intégrale) 'Fables - tome1' et 'Fables - tome2' d'Ésope.
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