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Éphèbe
Chez les Grecs, un éphèbe (en grec ancien ἔφηϐος e̋phêbos, dérivé de ἥϐη ê̋bê, la jeunesse, cf. la déesse Hébé) est un jeune homme, en pratique un garçon qui a quitté l'autorité des femmes, mais n'a pas encore de barbe au menton. Par extension, le terme désigne aujourd'hui, souvent avec une connotation ironique, un jeune homme d'une grande beauté.
Sommaire
L'éphébie à Athènes
À Athènes, l'éphébie est institutionnalisée. Elle rassemble les jeunes citoyens de 18 à 20 ans, astreints au service militaire. Elle est décrite par Aristote dans la Constitution d'Athènes (42).
L'éphébie dure deux ans. D'abord, le jeune homme est inscrit comme éphèbe sur la liste de son dème. L'assemblée des démotes vérifie qu'il a bien l'âge requis, et que ses parents sont citoyens athéniens, car depuis le décret de Periclès en 451 av. J.-C. est citoyen tout homme âgé de 20 ans ayant un père né d'un père citoyen athénien et une mère fille de citoyen athénien. C'est l'inscription au dème qui fait du jeune homme un citoyen (πολίτης / politês). Puis les éphèbes sont rassemblés par des sophronistes, élus par chaque tribu d'Athènes, soit dix en tout. Ces magistrats ont pour but d'encadrer les jeunes gens, et de pourvoir à leur nourriture et à leur logement. Après avoir rassemblé les éphèbes, ils leur font faire le tour des divers sanctuaires, puis se séparent en deux groupes, l'un cantonné à Munichie et l'autre à l'Actée, deux emplacements situés au Pirée.
La première année est consacrée à l'instruction des armes, sous l'autorité de pédotribes (παιδοτρίϐης / paidotríbês), ou instructeurs. Les éphèbes sont formés au combat comme hoplites, ils apprennent également à manœuvrer des armes de siège comme la catapulte. Cette première étape de la formation s'achève par un passage en revue effectué par l'assemblée des démotes dans le théâtre de Dionysos, au cours de cette importante cérémonie les éphèbes reçoivent solennellement de l'État le bouclier rond de l'hoplite et une lance. Revêtus de leur chlamyde, coiffés du pétase, ils prêtent serment de fidélité à la cité et ses institutions :
«Je ne déshonorerai pas mes armes sacrées et je n'abandonnerai pas mon voisin là où je serai en rang ; je défendrai ce qui est sain et sacré, et ne remettrai pas à mes successeurs la patrie amoindrie, mais plus grande et plus forte, agissant seul ou bien avec tous, j'obéirai à ceux qui, tour à tour, gouvernent sagement, aux lois établies et à celles qui sagement seront établies. Si quelqu'un entreprend de les détruire, je ne le laisserai pas faire, agissant seul ou bien avec tous, et j'honorerai les cultes ancestraux. Que connaissent de ce serment, les dieux, Aglauros, Hestia, Ényo, Ényalos, Arès, et Athéna Areia, Zeus, Thallô, Auxô, la Conductrice, Héraclès, les bornes de la patrie, les blés, les orges, les vignes, les olives, les figues[1].
»La seconde année se déroule dans les garnisons de l'Attique, les jeunes recrues constituent l'essentiel des troupes athéniennes et participent aux travaux importants tels la construction des ponts, de retranchements ou de fortifications.
Au IIIe siècle av. J.-C., le service de l'éphébie est ramené à un an et perd son caractère obligatoire, n'étant plus à la charge de la cité, les plus pauvres en sont exclus. L'éphébie devient une formation de type instruction supérieure où l'aspect militaire est complété par des conférences données au gymnase par des philosophes, des rhéteurs et des médecins.
Note
- ↑ Texte relevé sur une stèle du IVe siècle av. J.-C., cf. L. Robert, Études épigraphiques et philologiques, 1938, p. 293–301. Traduction de Jean-Marie Bertrand, Inscriptions historiques grecques, Belles Lettres, coll. « Roue à livres », 1992, p. 48.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- H. Jeanmaire, Couroi et Courètes : essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence dans l'Antiquité hellénique, Bibliothèque universitaire, Lille, 1939.
- C. Pélékidis, Éphébie : histoire de l'éphébie attique, des origines à 31 av. J.-C., éd. de Boccard, Paris, 1962.
- O. W. Reinmuth, The Ephebic Inscriptions of the Fourth Century B.C., Leiden Brill, Leyde, 1971.
- P. Vidal-Naquet, « Le Chasseur noir et l'origine de l'éphébie athénienne », dans Le Chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Maspéro, 1981.
- Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff, Aristoteles: Aristoteles und Athen, 2 vol., Berlin, 1916.
Lien externe
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