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Élémentaire
Un élémentaire, esprit élémentaire, être élémentaire, ou esprit des Éléments est à l'origine une créature imaginaire composée de l'un des quatre éléments issus de la tradition grecque, c'est à dire l'eau, la terre, l'air et le feu. Par extension, certaines créatures sont considérées comme des élémentaires grâce au lien symbolique fort qu'elles entretiennent avec un élément en particulier, comme le feu pour le phénix. La symbolique élémentaire a été majoritairement reprise par certaines œuvres modernes qui associent des créatures imaginaires avec un ou plusieurs éléments en particulier, par exemple la série Pokémon.
Sommaire
Terminologie
On utilise parfois le mot « élémental » (élémentaux au pluriel), issu de l'anglais, pour désigner les créatures élémentaires, par exemple dans le jeu de rôle Donjons et dragons.
Les pouvoirs élémentaires
Les pouvoirs de contrôle des éléments sont qualifiés de pouvoirs élémentaires. C'est dans cette utilisation que le mot "élémental" est le plus utile pour lever l'ambigüité entre les deux sens de l'adjectif élémentaire (un pouvoir élémental n'est pas forcément un pouvoir de base).
Classifications des créatures élémentaires
Historique
Psellos, grand savant byzantin du XI° s., énumère six catégories de démons dans un célèbre traité utilisé par Ronsard : Traité par dialogue de l'énergie ou opération des diables (trad. 1511). Il admet : esprits ignés, esprits aériens, esprits terrestres, esprits aquatiques, esprits souterrains, esprits ténébreux.
Honorius d'Autun (Honorius Augustodunensis) (1075-1157), dans son Elucidarium (traduit en français en 1954), admet comme esprits : anges, démons, âmes désincarnées. Il soutient que "les anges ont un corps d'éther, les démons d'air, les hommes de terre".
Paracelse compte sept races de créatures sans âme : les génies à forme humaine mais sans âme ni esprit (inanimata) des Éléments, les géants et les nains, les nains sur la terre. Il croit aux génies des quatre Éléments. La Terre, par génération spontanée, produit des nains qui gardent les trésors sous la montagne ; l'Eau produit les ondines ; le Feu, les salamandres ; l'Air, les elfes. Ensuite viennent les géants et les nains issus de l'air, mais qui vivent sur la terre. Le livre s'appelle Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p.
- "Le mot inanimatum désigne six familles d'hommes sans âme... Ces hommes sans âme sont d'abord ceux des quatre familles qui habitent les quatre Éléments : les nymphes, nymphae, filles de l'eau ; les fils de la terre, lémures, qui habitent sous les montagnes ; les esprits de l'air, gnomi ; les génies du feu, vulcani. Les deux autres familles sont composées d'hommes qui sont également nés sans âme; mais qui, comme nous, respirent en dehors des Éléments. Ce sont d'une part les géants et d'autre part les nains qui vivent dans l'ombre des forêts, umbragines... Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d'un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre. Quant aux géants et aux nains de la forêt, ils ont notre monde pour séjour. Tous ces êtres sans âme sont produits à partir de semences qui proviennent du ciel et des Éléments, mais sans le limon de la terre... Ils viennent au monde comme les insectes formés dans la fange [par génération spontanée][1].
Créature Élément
selon ParacelseÉlément
selon l'Abbé de VillarsOndine Eau Eau Gnome Terre Terre Salamandre, Feu Feu Phénix Feu Elfe Air Sylphe Air Nymphe Eau
Johann Wier est un spécialiste de sorcellerie. Il range les démons selon leur nature élémentaire (de feu, d'eau, d'air, de terre, souterrains), selon leur habitat (démons des quatre points cardinaux, démons diurnes, nocturnes, sylvestres, montagnards, champêtres, domestiques)[2].Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars met en correspondances démons et Éléments, et il simplifie Psellus, poursuit Paracelse. Les sylphes sont d'air, les ondins d'eau, les gnomes de terre, les salamandres de feu : "L'air est plein d'une innombrable multitude de peuples [les Sylphes] de figure humaine, un peu fiers en apparence, mais dociles en effet : grands amateurs des sciences, subtils, officieux aux sages, et ennemis des sots et des ignorants. Leurs femmes et leurs filles sont des beautés mâles, telles qu'on dépeint les Amazones... Sachez que les mers et les fleuves sont habités de même que l'air ; les anciens Sages ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce de peuple... La terre est remplie presque jusqu'au centre de Gnomes, gens de petite stature, gardiens des trésors, des minières et des pierreries... Quant aux salamandres, habitants enflammés de la région du feu, ils servent aux philosophes" (p. 45-48)[3].
Les ajouts postérieurs
Un véritable élémentaire est une créature composée majoritairement de l'élément qu'elle représente. Ainsi, Agni, les Éfrit et les Djinn sont des élémentaires du feu. Selon la tradition musulmane, Djinn et Éfrit ont été créés à la flamme crépitante et sont donc faits d'air et de feu quand l'homme, lui, l'a été de l'eau et de la terre, la boue ou argile primordiale.
Les élémentaires dans les œuvres de fiction moderne
Cette définition peut être élargie pour parler de créatures composées d'électricité, de glace ou encore de « magie pure ». De même, on qualifie aussi de pouvoir élémentaire (ou élémental) le pouvoir de X-Man Tornade (X-Men) sur la météo.
- Les élémentaires ont une importance particulière dans l'univers littéraire de Michael Moorcock : en tant que force de la nature, ils représentent la neutralité par rapport à la loi ou au chaos.
- Dans Tara Duncan, série de fantasy de Sophie Audouin-Mamikonian, les sortceliers et les nonsos d'Autremonde utilisent les élémentaires d'Eau, de Feu, de Vent et de Terre pour diverses tâches quotidiennes.
- Dans Les Chevaliers d'Émeraude, série fantasy de Anne Robillard, Kira a libéré un élémental de feu d'un vieux grimoire.
- Il existe aussi des élémentaires dans le jeu de rôle Donjons et dragons qui s'inspire hautement de l'univers de Michael Moorcock (cf. Élémentaire (Donjons et dragons)).
Annexes
Bibliographie
- Paracelse, Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p.
- Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars, Le comte de Gabalis (1670) [1]
Notes et références
- ↑ Paracelse, La grande astronomie. Astronomia magna (1537), trad., Dervy, 2000, p. 67-68 ; Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus), trad. de l'all., Nîmes, Lacour, 1998, 308 p (p. 159-160)
- ↑ Johann Wier De praestigiis daemonorum ac incantationibus (1563)
- ↑ Nicolas Pierre Henri de Montfaucon de Villars] Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences occultes (1670)
Articles connexes
- Gaston Bachelard
- L'Eau et les rêves
- esprit (surnaturel)
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