Zoosémiotique

Zoosémiotique

La zoosémiotique est une branche de la zoologie et de la sémiotique qui étudie la communication animale, à l'exception de celle de l'Homme[1] . Cet aspect est quant à lui étudié par l'anthroposémiotique.

La zoosémiotique est une partie importante de l'éthologie qui étudie le comportement animal dans son ensemble, mais aussi de la sociobiologie et de l'étude de l'intelligence animale.

La communication animale peut prendre de nombreuses formes qui sont aussi bien visuelles, que olfactives/chimiques, qu'acoustiques ou encore tactiles.

Elle intervient à de nombreux moments clés de la vie d'un animal et peut affecter son comportement. Cette communication peut aussi bien être inter-espèce que intra-espèce.

Sommaire

L'existence d'un langage animal

Le langage animal est une question complexe pour savoir à quel point les animaux ont des capacités de communication proches du langage humain.

Ce fut une question âprement discutée et aujourd'hui il se dégage un consensus parmi les chercheurs travaillant sur cette question, pour dire que le langage humain est plus complexe que n'importe quelle forme de communication animale.

Principes

Afin d'étudier cette question, on a d'abord cherché à savoir quelles étaient les propriétés fondamentales de la langue. On peut notamment dégager:

  • L'arbitraire du signe : il n'y a pas de lien entre un son et sa signification (cette arbitrarité est réduite dans le cas des onomatopées).
  • La transmission culturelle : l'utilisation d'une langue est transmise de génération en génération spontanément.
  • La discrétivité : le langage est composé d'unités discrètes qui combinées créent la signification.
  • Le déplacement : le langage peut être utilisé pour véhiculer des idées sur des choses qui ne sont pas présentes spatialement ou temporellement[2].
  • La dualité.
  • La métalinguistique : nous sommes capables de parler du langage lui-même.
  • La productivité : à partir d'un nombre fini de mots, nous sommes capables de créer une infinité de phrases.

Communication animale et langage humain

Article connexe : Danse des abeilles.

En 1952, le linguiste Emile Benveniste publie un article dans Diogène, intitulé « Communication animale et langage humain »[3]. Cet article est une réaction aux découvertes fondamentales (et très modernes pour l'époque) du zoologue Karl von Frisch sur la communication des abeilles. En montrant que les abeilles ouvrières pouvaient indiquer à leurs congénères la direction, la distance mais aussi la qualité d'une source de nourriture par rapport à la ruche.

Le linguiste suisse analyse les différences entre le « langage » des abeilles et celui des humains. L'enjeu est considérable, puisqu'il s'agit de savoir si l'être humain a, d'un point de vue linguistique, un semblable sur terre : « [...] pour la première fois nous pouvons nous représenter le fonctionnement d'un « langage » animal. Il peut être utile de marquer brièvement en quoi il est ou il n'est pas un langage, et comment ces observations sur les abeilles aident à définir, par ressemblance ou par contraste, le langage humain. »

Les différences relevées par Benveniste sont les suivantes :

  1. « Le message des abeilles consiste entièrement dans la danse, sans intervention d'un appareil « vocal », alors qu'il n'y a pas de message sans voix » ;
  2. « Le message des abeilles n'appelle aucune réponse de l'entourage, sinon une certaine conduite, qui n'est pas une réponse » : le dialogue (et l'intersubjectivité qui lui est essentielle) est une condition du langage ;
  3. « Le message d'une abeille ne peut être reproduit par d'autres » : la fonction métalinguistique du langage est ignorée des abeilles ;
  4. « dans le langage humain, le symbole en général ne configure pas les données de l'expérience » : le signe chez les abeilles n'est pas arbitraire puisqu'il y a correspondance entre la quantité de danses et la distance de la fleur ;
  5. « Le message des abeilles ne se laisse pas analyser » : il n'y a pas de morphologie du « langage » des abeilles. Dans le langage humain, « un nombre assez réduit de morphèmes permet un nombre considérable de combinaisons, d'où naît la variété du langage humain, qui est capacité de tout dire ».

Selon ces critères, la danse des abeilles n'est donc pas un langage mais seulement une capacité à communiquer. Ces conditions nécessaires sont néanmoins critiquables en particulier la première : Le système vocal n'étant qu'un système de transmission d'information comme un autre. La langue des signes bien que n'utilisant pas la voix humaine, est bel et bien un langage doté d'une syntaxe et d'une sémantique.

Dans le Schéma de Jakobson, les abeilles connaissent la fonction référentielle de la communication. Elles ne connaissent pas vraiment la fonction conative puisqu'il n'y a pas possibilité de dialogue, et pas d'attention aux autres individus (sinon sur la ruche dans son ensemble). Les abeilles ignorent la fonction phatique puisqu'elles ne vérifient pas que le contact a bien lieu ; elles ignorent aussi les fonctions métalinguistique et expressive puisqu'elles ne peuvent ni parler d'elles ni parler du langage. La différence avec le langage humain est donc considérable. Benveniste conclut l'article en remarquant : « Ce n'est pas le moindre intérêt des découvertes de Karl von Frisch, outre les révélations qu'elles nous apportent sur le monde des insectes, que d'éclairer indirectement les conditions du langage humain et du symbolisme qu'il suppose ».

Les exemples étudiés

Les exemples de tentatives d'apprentissage du langage

  • Washoe : première tentative d'apprentissage du American Sign Language chez un chimpanzé.
  • Nim Chimpsky : seconde tentative.
  • Kanzi : bonobo ayant des aptitudes au langage.
  • Koko : gorille parlant le langage des signes.
  • Alex le perroquet : perroquet ayant un vocabulaire étendu et comprenant la notion de zéro.
  • Hans le malin : cheval dont on a cru qu'il savait compter (ce qui s'est révélé faux...)
  • N'Kisi : perroquet.

Références

  1. (fr)Définition sur circe.atilf.fr. Consulté le 20novembre 2010.
  2. Anne Reboul, Similarités et différences entre la causalité humaine et non humaine, 2005
  3. Article qui fait partie de son ouvrage Problèmes de linguistique générale, Gallimard, Paris, 1966, ISBN 2 07 029338 6.

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