- Bagne de Poulo Condor
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Le bagne de Poulo Condor était un bagne installé sur l'île de Poulo Condor (désormais Côn Sơn), faisant partie de l'archipel de Côn Đảo, situé à 230 km au sud de Hô-Chi-Minh-Ville dans la Mer de Chine méridionale.
Le bagne a été créé par l’administration française vers 1862 et est resté en activité jusqu’en 1975.[réf. souhaitée] Certains prisonniers y étaient enfermés dans des « cages à tigre », ce qui les a rendu paraplégiques, ayant perdu l'usage des membres inférieurs après des années en position accroupie, sans pouvoir se lever et utiliser leurs jambes.[réf. souhaitée]
De nombreux opposant à la colonisation y furent emprisonnés, et notamment des membres du Việt Minh, comme Pham Van Dong, Le Duc Tho et l'épouse de Võ Nguyên Giáp qui rend le régime colonial responsable du décès de sa première épouse morte en prison en 1941 et du décès de sa belle-sœur guillotinée pour nationalisme à Saïgon par l’administration coloniale française.
Comme nombre de futurs dirigeants vietnamiens, Pham Van Dong connut les prisons coloniales françaises d'Indochine, où il passa sept ans de 1929 à 1936, avec l'arrivée du Front populaire en France. À sa libération, il reprit ses activités révolutionnaires. Ces prisons et ce bagne ont transformé des nationalistes en communistes. Tout comme pour Hồ Chí Minh, les observateurs se sont longtemps demandés dans quelle mesure Phạm Văn Đồng était un véritable communiste de cœur ou si celui qui dominait en lui n'était pas un nationaliste qui aurait été débordé par l'expérience socialiste qu'il avait contribué à mettre en route et par l'inaction des démocraties libérales quant à la question coloniale, à l'exception d'une courte période avec Franklin Delano Roosevelt.[réf. souhaitée]
Sous le régime colonial français, les forçats ont servi de main d'œuvre d'esclaves "annamites" répartis dans d'autres colonies françaises, comme la Nouvelle-Calédonie[1]. Le film Indochine mentionne cet aspect ainsi que le roman Barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras. Cette main d'œuvre d'esclaves « annamites » constitue une partie du « Procès de la colonisation française » publié par le proscrit Nguyễn Ái Quốc (futur président Hồ Chí Minh) dans le journal Le Paria en 1925.
Ce bagne est resté opérationnel pendant toute la durée de la guerre d'Indochine. Il a été utilisé ensuite par la République du Viêt Nam (1955-1975) pour enfermer les opposants du Front national pour la libération du Sud Viêt Nam (Viet Cong), pendant la guerre du Viêt Nam.
Aujourd'hui, il est prévu d'ouvrir un lieu à la mémoire de l'indépendance et de l'unité du Viêtnam dans les ancien bâtiments du bagne.[réf. nécessaire]
Sommaire
Procès de la colonisation française
Extrait du texte publié en 1925 dans le journal Le Paria.
« L’IMPÔT DU SANG
I – La guerre et les “indigènes”
Avant 1914, ils n’étaient que des sales nègres et de sales Annamites bons tout au plus à tirer le pousse-pousse et à recevoir des coups de cadouille de nos administrateurs. La joyeuse et fraîche guerre déclarée, les voilà devenus “chers enfants” et “braves amis” de nos paternels et tendres administrateurs et même de gouverneurs plus ou moins généraux. Ils (les indigènes) ont été tout d’un coup promus au grade suprême de “défenseurs du droit et de la liberté”. Cet honneur subit leur a coûté cependant assez cher, car pour défendre ce droit et cette liberté dont eux-mêmes sont dépourvus, ils ont dû quitter brusquement leurs rizières ou leurs moutons, leurs enfants et leurs femmes pour venir, par-delà les océans, pourrir sur les champs de bataille de l’Europe. Pendant la traversée, beaucoup d’indigènes, après avoir été conviés au spectacle merveilleux de la démonstration scientifique du torpillage, sont allés au fond des ondes pour défendre la patrie des monstres marins. D’autres ont laissé leur peau au désert poétique des Balkans en se demandant si la Mère-Patrie avait l’intention d’entrer comme première dans le Harem du Turc; sinon pourquoi les aurait-on fait zigouiller dans ces pays ? D’autres encore, sur les bords de la Marne ou dans la boue de la Champagne s et sculpter avec leurs os les bâtons des maréchaux.
Ceux, enfin, qui trimaient à l’arrière, dans les poudreries monstrueuses, pour n’avoir pas respiré le gaz asphyxiant de “Boches”, ont subi les vapeurs rutilantes des Français ; ce qui revient au même puisque les pauvres diables crachaient leurs poumons comme s’ils étaient “gazés”. 700 000 indigènes en tout sont venus en France et, sur ce nombre, 80 000 ne reverront plus le soleil de leur pays ! II – Le volontariat
Voici ce qui nous dit un confrère: Le prolétariat indigène de l’Indochine pressuré de tous temps sous forme d’impôts, prestations, corvées de toute nature, d’achats, par ordres officiels, d’alcool et d’opium, subit depuis 1915-16, le supplice du volontariat.
Les événements de ces dernières années ont donné prétexte, sur toute l’étendue du pays à de grandes rafles de matériel humain encaserné sous les dénominations les plus diverses; tirailleurs, ouvriers spécialisés, ouvriers non spécialisés, etc.
De l'axe de toutes les compétences impartiales qui ont été appelées à utiliser en Europe le matériel humain asiatique, ce matériel n’a pas donné de résultats en rapport avec les énormes dépenses que son transport et son entretien ont occasionnées.
Ensuite, la chasse au dit matériel humain, dénommé pour la circonstance en “Volontariat” (mot d’une affreuse ironie), a donné aux plus scandaleux abus.
Voici comment ce recrutement volontaire s’est pratiqué : le “satrape” qu’est chacun des résidents indochinois avise ses mandarins que dans un délai fixé, il faut que sa province ait fourni tel chiffre d’hommes. Les moyens importent peu. Aux mandarins de se débrouiller. Et par le système D, ils s’y connaissent les gaillards, surtout pour monnayer les affaires.
Ils commencent par ramasser des sujets valides, sans ressources, lesquels sont sacrifiés sans recours. Ensuite, ils mandent des fils de famille riche ; s’ils sont récalcitrants, on trouve très facilement l’occasion de leur chercher quelque histoire, à eux ou à leur famille, et, au besoin de les emprisonner jusqu’à ce qu’ils aient résolu le dilemme suivant : “Volontariat ou finance”.
On conçoit que des gens ramassés dans de pareilles conditions soient dépourvus de tout enthousiasme pour le métier auquel on les destine. À peine encasernés, ils guettent la moindre occasion pour prendre la fuite.
D’autres, ne pouvant se préserver de ce qui constitue pour eux un fâcheux destin, s’inoculent les plus graves maladies dont la plus commune est la conjonctivite purulente provenant du frottement des yeux avec divers ingrédients, allant de la chaux vive jusqu’au pus blennorragique.
N’empêche que, ayant promis des grades mandarinaux aux volontaires indochinois qui survivraient et des titres posthumes à ceux qui seraient « morts pour la France », le gouvernement général de l’Indochine poursuivait ainsi sa proclamation : « Vous vous êtes engagés en foule, vous avez quitté sans hésitation votre terre natale à laquelle vous êtes pourtant attachés ; vous, tirailleurs, pour donner votre sang ; vous ouvrier pour offrir vos bras… »
Lien interne
Notes et références
Voir aussi
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