- William O. Douglas
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William Orville Douglas (16 octobre 1898 – 19 janvier 1980) était un juge de la Cour suprême des États-Unis. Il resta à son poste 36 ans et 209 jours ce qui fait de lui le juge ayant eu le plus long mandat à la Cour suprême de toute l'histoire du pays.Sommaire
Biographie
Jeunesse
William Douglas naquit à Maine Township dans le comté d'Otter Tail dans le Minnesota[1]. Son père est un pasteur presbytérien itinérant écossais du comté de Pictou en Nouvelle-Écosse (Canada). Sa famille déménagea ensuite en Californie puis à Cleveland dans lÉtat de Washington. Son père meurt à Portland en 1904 lorsqu'il a à peine 6 ans. Après avoir déménagé de ville en ville dans l'ouest, sa mère, avec trois jeunes enfants, s'installe la famille s'installe à Yakima (Washington). William, comme le reste de la famille fait des petits boulots pour se faire de l'argent et une éducation universitaire parait impossible. Bien que n'étant pas en tête de classe, Douglas réussit assez bien au lycée pour obtenir une bourse pour le Whitman College de Walla Walla[2]. Il devient alors membre de la fraternité Beta Theta Pi, participe à l'équipe des débats et est président étudiant pour sa dernière année. Il doit travailler en dehors des cours pour pouvoir se payer sa formation. Il sera ainsi serveur ou portier durant l'année bien encore cueilleur de cerises l'été. Il obtient son diplôme en 1920 avec mention en économie et en anglais. Il enseigne alors l'anglais et le latin à la Yakima High Schools dans l'espoir de mettre assez d'argent de côté pour pouvoir suivre l'école de droit de l'université de droit de Columbia à New York. Mais au bout de 2 ans, il décide qu'il est impossible de mettre assez d'argent de côté en enseignant et se décide à tenter l'aventure à New York. D'anciens membres de sa fraternité l'aide à survivre à New York[2],[3], il peut habiter dans une des maisons de la fraternité et l'un des frères d'un membre de la fraternité lui prête 75 dollars, suffisant pour au moins s'inscrire à Columbia.
Après six mois, il n'a plus d'argent mais le bureau des engagements de son école lui indique qu'un cabinet de New York cherche un étudiant pour aider à préparer des courriers ce qui lui permet de gagner 600 dollars et donc de continuer son cursus. Il sera par la suite encore mis à contribution pour d'autres projets qui lui permettent d'économiser 1000 dollars à la fin du semestre[3]. Il part ensuite à La Grande se marier avec Mildred Riddle qu'il avait connu à Yakima. Il terminera cinquième de sa classe en 1925 et commence à travailler pour le prestigieux cabinet new yorkais Cravath, DeGersdorff, Swaine and Wood (plus tard Cravath, Swaine & Moore).
Yale et la SEC
Il quitte le cabinet après quatre mois. Après un an, il repart à Yakima mais regrette vite son choix et ne pratique plus vraiment le droit là bas. Après une période sans emploi puis d'autres mois bloqué à Cravath, il part enseigner à Columbia avant de rapidement rejoindre l'école de droit de l'université Yale. Il y devient un expert en législation commerciale et en faillite d'entreprises et est identifié avec le legal realist movement qui pousse à une compréhension de la loi basée moins sur les doctrines formelles du droit et plus sur les effets dans le monde réel de la loi.
Il quitte son emploi d'enseignant à Yale en 1934 et rejoint la SEC, la Securities and Exchange Commission y ayant été nommé par le président Franklin D. Roosevelt[4]. Il devient un ami et un conseiller du président américain avant de devenir président de la commission en 1937.
Carrière à la Cour suprême
En 1939, Louis Brandeis quitte son poste à la Cour Suprême, et Roosevelt nomme William Douglas le 20 mars pour le remplacer[4]. Douglas révèlera plus tard que cela été une vraie surprise pour lui, Roosevelt l'ayant convoqué pour une importante réunion et Douglas craignait d'être nommé comme président de la Federal Communications Commission. Le Sénat américain confirmera le choix le 4 avril par 62 voix contre 4. Les quatre votes négatifs sont ceux des Républicains Lynn J. Frazier, Henry Cabot Lodge, Jr., Gerald P. Nye et Clyde M. Reed). Douglas prend ses fonctions le 17 avril 1939.
Philosophie juridique
Douglas et l'environnement
Douglas était un homme autoproclamé de plein air, tellement selon The Thru-Hiker's Companion, un guide publié par l'Appalachian Trail Club, Douglas parouru l'intégralité des 3200 km de ce sentier de Georgie jusqu'au Maine. Son amour de la nature se retrouvera dans ses raisonnements juridiques.
Cas des Rosenberg
Le 16 juin 1953, Douglas arrête provisoirement la procédure d'exécution d'Ethel et Julius Rosenberg, des espions ayant été accusés d'avoir vendus des plans de bombes atomiques aux Soviétiques. La raison de cet arrêt était que le juge Irving Kaufman, qui avait rendu son arrêt, n'avait pas demandé l'assentiment du jury. Cependant, le juge Kaufman en avait le droit par la loi Espionage Act of 1917. Plus tard, en 1946, cette loi sera amendée pour que les membres du jury soient toujours consultés en cas de peine de mort (Atomic Secrets Act of 1946). La décision de Douglas fut mal reçue par la justice et le Congrès américain aurait pu le démettre de son poste mais ne le fit finalement pas[5].
Il prend sa retraite en 1975 à 77 ans dont plus de 36 ans passés à la Cour suprême. Il fut remplacé par John Paul Stevens (né en 1920).
La tentation des élections présidentielles
Quand au début de 1944, le président Franklin D. Roosevelt décida de ne pas soutenir activement la renomination de son vice-président Henry A. Wallace à la convention nationale démocrate pour la désignation des candidats pour l'élection présidentielle de novembre 1944, une courte liste de remplaçants possibles fut établie où l'on trouvait l'ancien sénateur et membre de la Cour suprême James F. Byrnes de Caroline du Sud, l'ancien sénateur Sherman Minton, l'ancien gouverneur et Haut-commissaire aux Philippines Paul McNutt de l'Indiana, le président de la Chambre des représentants Sam Rayburn du Texas, le sénateur Alben W. Barkley du Kentucky, le sénateur Harry S. Truman du Missouri et William Douglas.
Cinq jours avant le choix du candidat pour la vice-présidence à la convention, prévu le 15 juillet, le président du Comité démocrate, Robert E. Hannegan, reçut une lettre de Roosevelt déclarant que son choix pour la candidature à la vice-présidence était « Harry Truman ou Bill Douglas ». Après avoir rendu public la lettre à la convention le 20 juillet, le choix fut fait sans incident et Truman fut élu dès le second tour de scrutin.
Après la convention, des supporters de Douglas firent courir la rumeur que sur la note présidentielle envoyée à Hannegan il était en fait écrit « Bill Douglas ou Harry Truman » et non l'inverse. Ces supporters proclamaient qu'Hannegan, un soutien de Truman, craignait que la nomination de Douglas n'éloigne du ticket démocrate les électeurs blancs du Sud (Douglas avait toujours était anti-ségrégationniste dans ses décisions à la Cour suprême) et avait donc inversé les noms donnant l'impression que Truman était le vrai choix de Roosevelt.
En 1948, une possible candidature de Douglas réapparu, due à la très faible popularité de Truman, qui était devenu président en 1945 à la mort de Roosevelt. Plusieurs démocrates pensaient que Truman ne réussirait pas à être réélu lors de l'élection présidentielle de novembre, et commencèrent à chercher un remplaçant. Des tentatives furent menées en direction du populaire héros de guerre et alors retraité, le général Dwight D. Eisenhower. Pour Douglas, un début de campagne débuta dans le New Hampshire et plusieurs autres États des primaires, Douglas lui même s'y lançant en personne pendant un court laps de temps avant de retirer assez vite sa candidature. À la fin, Eisenhower refusa la nomination et Truman gagna facilement la candidature démocrate. Il approcha Douglas sur une possible candidature à la vice-présidence, mais ce dernier déclina. Truman choisit le sénateur Alben W. Barkley et les deux remportèrent l'élection.
Vie privée
Douglas sera marié 4 fois : avec Mildred Riddle de 1923 à 1953, avec Mercedes Hester Davidson de 1954 à 1963, avec Joan Martin (une étudiante en droit d'une vingtaine d'années) de 1963 à 1965 et Cathleen Heffernan (autre étudiante en droit d'une vingtaine d'années) de 1965 jusqu'à sa mort en janvier 1980. Il eut deux enfants de son premier mariage, Mildred and William O. Douglas, Jr. Ces nombreux mariages et ses présumés autres conquêtes féminines furent un sujet de polémique publique à l'époque. En 1966, le représentant du Kansas Robert Dole compara son « mauvais jugement d'un point de vue matrimonial » à ses décisions à la cour suprême. Quatre résolutions différentes furent introduites à la Chambre des représentants des États-Unis pour demander une enquête sur sa moralité. Ces différents mariages auront une autre conséquences, des divorces difficiles et couteux, le plaçant dans une situation financière difficile même avec son salaire de juge à la Cour suprême.
Hommages
- Bien que non militaire, ni ancien combattant[6] Douglas est enterré dans le Cimetière national d'Arlington près de son prédécesseur à la Cour suprême, Oliver Wendell Holmes, Jr.[7].
- La réserve naturelle William O. Douglas Wilderness située à proximité du parc national du Mont Rainier est nommée en son honneur car ce dernier était un fervent défenseur de l'environnement[8]. Les cascades de Douglas Falls dans les Appalaches portent également son nom.
- Une statue de William O. Douglas se dresse dans la cour de la Davis High School de Yakima.
Voir aussi
Bibliographie
- (en)Go East, Young Man: The Early Years; The Autobiography of William O. Douglas ISBN 0394711653
- (en)The Court Years, 1939 to 1975: The Autobiography of William O. Douglas ISBN 0394492404
- (en)Democracy and finance;: The addresses and public statements of William O. Douglas as member and chairman of the Securities and Exchange Commission ISBN 0804605564
- (en)Nature's Justice: Writings of William O. Douglas ISBN 0870714821
- (en)Strange Lands and Friendly People; by William O. Douglas ISBN 1406772046
- (en)An Interview with William O. Douglas by William O. Douglas (sound recording) ASIN B000S592XI
- (en) The Mike Wallace Interview, May 11, 1958 (video)
- (en) The Mike Wallace Interview, May 11, 1958 (transcript)
- (en)Abraham, Henry J., Justices and Presidents: A Political History of Appointments to the Supreme Court. 3d. ed. (New York: Oxford University Press, 1992). ISBN 0-19-506557-3.
- (en)Cushman, Clare, The Supreme Court Justices: Illustrated Biographies,1789-1995 (2nd ed.) (Supreme Court Historical Society), (Congressional Quarterly Books, 2001) ISBN 1568021267; ISBN 9781568021263.
- (en)Frank, John P., The Justices of the United States Supreme Court: Their Lives and Major Opinions (Leon Friedman and Fred L. Israel, editors) (Chelsea House Publishers: 1995) ISBN 0791013774, ISBN 978-0791013779.
- (en) Hall, Kermit L., ed. The Oxford Companion to the Supreme Court of the United States. New York: Oxford University Press, 1992. ISBN 0195058356; ISBN 9780195058352.
- (en)Martin, Fenton S. and Goehlert, Robert U., The U.S. Supreme Court: A Bibliography, (Congressional Quarterly Books, 1990). ISBN 0871875543.
- (en) Bruce Allen Murphy, Wild Bill: The Legend and Life of William O. Douglas, New York, Random House, 2003, 1re éd. (ISBN 978-0-394-57628-2) (LCCN 2002023114)[7]
- (en)Pritchett, C. Herman , Civil Liberties and the Vinson Court. (The University of Chicago Press, 1969) ISBN 9780226684437; ISBN 0226684431.
- (en)Urofsky, Melvin I., Conflict Among the Brethren: Felix Frankfurter, William O. Douglas and the Clash of Personalities and Philosophies on the United States Supreme Court, Duke Law Journal (1988): 71-113.
- (en)Urofsky, Melvin I., Division and Discord: The Supreme Court under Stone and Vinson, 1941-1953 (University of South Carolina Press, 1997) ISBN 1570031207.
- (en)Urofsky, Melvin I., The Supreme Court Justices: A Biographical Dictionary (New York: Garland Publishing 1994). 590 pp. ISBN 0815311761; ISBN 978-0815311768.
- (en) Woodward, Robert and Armstrong, Scott. The Brethren: Inside the Supreme Court (1979). ISBN 9780380521838; ISBN 0380521830. ISBN 9780671241100; ISBN 0671241109; ISBN 0743274024; ISBN 9780743274029.
Liens externes
- (en)Grave of William O. Douglas at Find a Grave.
- (en)Oyez project, U.S. Supreme Court media on William O. Douglas.
- (en)Points of Rebellion, by William O. Douglas
- (en)Supreme Court Historical Society, William O. Douglas.
Références
- Ernest Kerr, Imprint of the Maritimes, 1959, Boston: Christopher Publishing, p. 83.
- Current Biography 1941, pp233-35
- Current Biography 1941, p234
- (en) Christopher L. Tomlins, The United States Supreme Court, Houghton Mifflin, 2005 [lire en ligne (page consultée le 21 2008)], p. 475–476
- "House Move to Impeach Douglas Bogs Down; Sponsor Is Told He Fails to Prove His Case." The New York Times, Wednesday, July 1, 1953, p. 18.
- Critères pour être inhumé à Arlington) Un juge de la Cour suprême peut se faire enterrer à Arlington s'il a servi auparavant dans les forces armées, Douglas n'y ayant jamais servi, son inhumation dans ce lieu a donc créé une controverse (
- (en)Arlington National Cemetery on William Douglas, including review of Wild Bill.
- (en) Mont Rainier
Catégories :- Juge à la Cour suprême des États-Unis
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