- Trouble dans le genre
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Trouble dans le genre Auteur Judith Butler Préface Eric Fassin Genre essai Version originale Titre original Gender Trouble Éditeur original Routledge Kegan & Paul Langue originale anglais Pays d'origine États-Unis Date de parution originale 1 mars 1990 ISBN original 978-0415900430 Version française Traducteur Cynthia Kraus Éditeur La Découverte Date de parution 8 avril 2005 ISBN 978-2707142375 Trouble dans le genre (titre original : Gender Trouble) est un essai philosophique de Judith Butler qui a eu beaucoup d'influence sur le féminisme et la théorie queer. Elle est considérée comme le créateur de la notion de performance de genre.
Sommaire
Chapitre 1. Sujet de sexe/genre/désir
Butler commence Trouble dans le genre par l'attaque d'un des présupposés centraux du féminisme : l'hypothèse de l'existence d'une identité et d'un sujet ayant besoin d'être représentés dans la sphère politique et dans le langage. Pour l'auteure, "Les femmes" et "La femme" sont des catégories complexes notamment à cause de l'interaction avec la classe sociale, l'ethnie, la sexualité et les autres facettes de l'identité. De plus, l'universalité présumée de ces termes est à mettre en parallèle avec l'universalité présumée du patriarcat, supposition qui supprime les caractéristiques de l'oppression dans des temps et lieux différents. Ainsi, Butler évite la politique identitaire au profit d'une nouvelle coalition féministe qui critique les fondements de l'identité et du genre.
Chapitre 2. Prohibition, psychanalyse et production de la matrice hétérosexuelle
Dans ce second chapitre, Butler reprend un autre lieu commun de la théorie féministe, le patriarcat. Elle remarque que les féministes ont souvent recours à l'état pré-patriarcal d'une culture, état qu'elles utilisent comme modèle fondateur d'une nouvelle société qui ne serait pas oppressive. C'est à cause de cela que la transformation du sexe en genre à l'aide du tabou de l'inceste s'est révélée particulièrement utile pour les féministes. Butler revisite trois approches sur ce sujet : celle de Claude Lévi-Strauss, relevant du structuralisme anthropologique, dans laquelle le tabou de l'inceste fait partie de la structure réglant l'échange des femmes à travers le mariage; celle de Joan Riviere, basée sur la description psychanalytique de la « féminité comme une mascarade » qui cache l'identification masculine et, de ce fait, cache aussi le désir qu'une femme pourrait avoir pour une autre; enfin, l'explication de Sigmund Freud du deuil et de la mélancolie, dans laquelle l'ego se réapproprie l'objet de son affection en revêtant ses attributs. Rivière et Freud se focalisent tous deux sur le complexe d'Œdipe, un exemple classique du tabou de l'inceste. L'examen de ces trois identifications genrées est l'occasion pour Butler d'en élargir la portée afin de souligner les aspects productifs et performatifs du genre.
Avec Lévi-Strauss, elle suggère que l'inceste est une « fantaisie culturelle omniprésente » et que la présence du tabou génère ces désirs. Avec Rivière, elle établit que l'imitation et la mascarade sont « l'essence » du genre. Avec Freud, elle affirme que « l'identification à un genre est une forme de mélancolie dans laquelle le sexe de l'objet prohibé est internalisé en tant que prohibition » et c'est de cette manière que l'identification à la personne de même sexe dépend d'un investissement homosexuel à la fois non résolu et oublié envers le père (et non la mère comme dans le complexe d'Œdipe). Pour Butler, la mélancolie hétérosexuelle est instituée culturellement comme le prix à payer contre des identités genrées stables. Pour assurer la stabilité de l'hétérosexualité, il faut que la notion d'homosexualité existe mais qu'elle soit prohibée. Finalement, Butler insiste sur le côté productif du tabou de l'inceste, une loi qui génère, régularise et approuve l'hétérosexualité tandis qu'elle rend subversive l'homosexualité. Ni l'homosexualité, ni l'hétérosexualité n'existent avant la loi.
Chapitre 3. Actes corporels subversifs
Conclusion : De la politique à la parodie
Ici Butler essaye de construire un féminisme politique où le pronom genré ne serait pas pensé comme représentatif d'une catégorie naturelle, voire serait absent. Elle affirme que même la dualité sujet/objet, pourtant concept de base dans la pratique féministe qui cherche à redonner aux femmes le statut de sujet et non d'objet, est une division hégémonique et artificielle. La notion de sujet, au contraire, est, pour elle, formée à travers la répétition et un "exercice de la signification". Butler cite la parodie, comme le travestissement, comme une manière de déstabiliser et de mettre en lumière les présupposés à propos de l'identité de genre. Butler pense qu'une politique positive et transformative ne peut émerger qu'en redéployant les jeux de l'identité et en montrant que toute tentative pour "devenir" le genre de quelqu'un est voué à l'échec.
Textes en rapport
- Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe
- Eve Kosofsky Sedgwick, Épistémologie du placard, trad. et préface de Maxime Cervulle, Paris, Éditions Amsterdam, 2008.
- Teresa de Lauretis, Théories queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg, trad. de Marie-Hélène Bourcier, préface de Pascale Molinier, Paris, La Dispute, 2007.
- Marie-Hélène Bourcier, Queer Zones, Paris, Éditions Amsterdam, 2007.
Études
- Georges Leroux, « Troubles », in la revue Conjonctures, n° 41-42 hiver-printemps 2006, p. 281-292 (Consultable en ligne)
Catégories :- Gender studies
- Littérature féministe
- Ouvrage sur les questions LGBT
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