Trichotillomanes

Trichotillomanes

Trichotillomanie

Trichotillomanie
Classification et ressources externes
CIM-10 F63.3
CIM-9 312.39

La trichotillomanie est un trouble caractérisé par l’arrachage de poils entraînant une importante perte de cheveux ou de poils. La trichotillomanie apparaît plus fréquemment chez les femmes.

La trichotillomanie est parfois considérée comme un TOC mais ce comportement, même s'il est compulsif, procure du plaisir (ce qui augmente la difficulté à arrêter), donc n'est pas tout à fait un TOC.

Les estimations actuelles suggèrent que 3,5 % des femmes et 1,5 % des hommes aux États-Unis ont un épisode de trichotillomanie significatif au cours de leur vie. Les cheveux, les cils, les sourcils et les poils de barbe sont le plus souvent concernés mais tous les poils du corps peuvent l'être. Certaines personnes, en particulier les enfants, peuvent aussi arracher les poils d’autres personnes ou d’animaux de compagnie. Souvent, les sujets atteints de trichotillomanie jouent et/ou ingèrent les poils arrachés (trichophagie).

La trichotillomanie peut être épisodique ou continue, d'intensité variable. La trichotillomanie est un comportement impulsif donc les sujets ne peuvent s'empêcher de toucher et d'arracher leurs cheveux (ou poils). Ils peuvent connaître des périodes sans rien arracher puis avoir une soudaine reprise inexpliquée.

La majorité des trichotillomanes commencent à tirer pendant l’enfance ou l’adolescence mais d'autres peuvent commencer à tout âge. Il semble que les très jeunes enfants sont davantage concernés, mais qu'ils peuvent plus facilement arrêter.

Sommaire

Étymologie

Le mot vient des termes grecs « trich » (cheveux), « tillo » (tirer) et « mania » (impulsion).

Causes

Les études n'ont pas encore montré de cause certaine. Souvent la trichotillomanie apparaît après un traumatisme, mais elle peut également commencer sans raison. Il existe de nombreuses interprétations psychodynamiques puisque les cheveux sont associés à la féminité et la trichotillomanie est beaucoup plus présente chez les femmes.

Le stress, l'angoisse ou l'ennui peuvent provoquer des crises : le trichotillomane ne peut s'empêcher d'arracher pendant un certain laps de temps (de quelques minutes à quelques heures) où il est dans un état second, est comme dans une bulle et ne fait que cela. Il est très difficile pour un trichotillomane de sortir d'une crise.

Conséquences

Pour certains la perte de cheveux peut être minime, tandis que pour d’autres la trichotillomanie peut entraîner de sérieux dommages physiques comme la calvitie totale ce qui entraîne une importante détresse. Certains trichotillomanes peuvent ne plus avoir d'activité professionnelle, et ne plus vouloir sortir de chez eux. Cependant dans la plupart des cas, les trichotillomanes redoutent essentiellement que leur trouble soit découvert (ils évitent d'aller à la piscine, prennent parfois plusieurs heures pour se coiffer) et utilisent de nombreux subterfuges (coiffures, foulards, maquillage) pour le cacher.

La trichotillomanie s'accompagne souvent d'autres troubles psychologiques (dépression, trouble borderline...).

Traitement

Il n'existe pas réellement de traitement pour la trichotillomanie, mais plusieurs techniques sont efficaces sur certains :

Médicaments

Certains antidépresseurs peuvent avoir des résultats, notamment la clomipramine, la sertraline, les antidépresseurs de type inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (SSRI).

Psychothérapies

La psychothérapie cognitivo-comportementale est une thérapie axée sur les comportements, les sentiments et les pensées. Elle permet au trichotillomane de prendre conscience de ses gestes afin de mieux les contrôler. Des études montrent que le traitement le plus efficace est l'association d'une thérapie comportementale avec des anti-dépresseurs.

Sur certains trichotillomanes, l'hypnothérapie peut également avoir des effets positifs.

Trucs et astuces

Des petits gestes peuvent permettre de moins arracher, par exemple mettre des pansements au bout des doigts, se mouiller les cheveux, noter dans un carnet les épisodes d'arrachage, porter des foulards ou des gants, s'occuper les mains. Par ailleurs, la participation à des groupes de discussion peut soulager les trichotillomanes ou leurs proches.

Changements de mentalité

Faire une liste des pour et des contre l'arrêt et la lire chaque jour pour conserver la motivation. Il faut voir les cheveux comme un tout et non un à un. Écrire les moments où vous avez résisté. Arrêtez par étape : 10 minutes, 30 minutes, 1 heure, 2 heures et ainsi de suite. Faites-vous des cadeaux quand vous réussissez un objectif (renforcement positif). Acceptez les rechutes et voyez les comme un apprentissage... vous ne referez pas la même erreur et pourrez agir avant l'arrivée des obstacles. Lire des pensées positives. Ne vous sous-estimez pas. Aider les autres... c'est valorisant ce qui aide à ne pas arracher. Ne pas sombrer dans l'auto-pitié, la victimisation. Utiliser des phrases comme : Tu ne m'auras pas ttm ! Je vais te duper ttm ! Je suis capable de te sortir de ma vie !!! Tenir un calendrier de nos bons coups, de nos mauvais coups. Aller chez le coiffeur. Être patient face à nos repousses. Prendre des photos de notre évolution.

Modifications des habitudes

Visez la modification comportementale, il faut briser l'habitude. Reposez-vous dans un endroit différent quand vous lisez ou regardez la télé. Changer vos habitudes : au lieu de rentrer du travail, de faire à manger, de faire le ménage et de vous reposer...inversez la routine : en rentrant du travail, faites le ménage, reposez-vous et faites à manger. Disposez l'environnement dans lequel vous vivez différemment : changez vos meubles de place par exemple. Éliminez les rituels relatifs à la trichotillomanie. Par exemple : si vous recherchez la racine pour jouer avec ou la manger, quand vous arrachez, jetez la dorénavant par terre, sans même la regarder. Tenez votre livre de l'autre main quand vous étudiez. Mettre des post-it là où vous arrachez le plus pour vous faire penser à vos gestes.

Trucs compensatoires

Tenez quelque chose dans vos mains quand vous flanez ou étudiez ou lisez. Tenez vos mains occupées (dans la voiture, devant la télé, au téléphone) en tenant une balle, un trombone, un casse-tête, un élastique, une boule de caoutchouc mou, faites des bracelets brésiliens, etc. Utilisez un élastique pour compenser la sensation : à chaque tentation, tirez sur un élastique que vous porterez au poignet... il s'agit d'une sensation se rapprochant de la ttm et qui nous aide à prendre conscience de nos gestes. Faites des arts.

Trucs pour réduire les tentations

  • Ne vous regardez pas dans le miroir de trop près.
  • Jetez vos pinces à épiler et aller plutôt chez un esthéticien.
  • Mettez des produits adoucissants sur les cheveux et utilisez des huiles pour aider les repousses et adoucir la peau et le cuir chevelu.
  • Mouillez-vous les cheveux à l'eau froide avant d'étudier, de lire ou d'écouter la télé. Ca apaise le cuir chevelu et les cheveux ne sont pas intéressants à arracher quand ils sont mouillés.
  • Passez-vous de l'eau froide dans le visage (très bon pour les cils et sourcils, cela les apaise), lavez-vous les mains.
  • Enduisez vous de crême pour le corps.
  • Coupez vous les poils courts : cils, sourcils, cheveux, etc.... très courts
  • Utilisez un seul doigt ou la paume de la main pour vous gratter le visage ou le cuir chevelu.
  • Lors des tentations, levez-vous, prenez de bonnes respirations, buvez un verre d'eau.
  • Portez un chapeau, un bandana, gants dans les moments les plus tentants.
  • Mettez des pansements, band-aid, plasteurs, sur les pouces et les index.
  • Portez de faux ongles, des rallonges, des tresses africaines.
  • Asseyez-vous sur vos mains.
  • Si vous vous mettez les cheveux dans la bouche, mâchez de la gomme, sucez un bonbon, un sucre, une sucette, une tétine.
  • Si vous trouvez des cheveux grichous ou blancs, coupez-les aux ciseaux plutôt que de les arracher.
  • Tenez toujours vos mains occupées : devant la télé, au téléphone, etc.
  • Buvez un verre d'eau après chaque cheveu arraché.
  • Prenez de grandes respirations quand vous sentez la tentation venir.

Aide extérieure

  • Encouragez vos proches à parler de trichotillomanie pour mieux vous soutenir.
  • Ne vous mettez pas de pression pour le dire à tout le monde. Faites-le quand vous serez prêt.
  • Dites à vos proches de vous avertir quand ils vous voient faire.
  • Participez à des forums internet et à des groupes de soutien.
  • Parlez de vos problèmes et ne refoulez pas vos ressentiments, vos angoisses, etc
  • Lisez souvent les informations comme la thérapie en 5 semaines, les trucs, les pensées positives, la liste des pour et des contre.
  • Consultez un spécialiste si vous en ressentez le besoin.

Rythme de vie

  • Allez au lit seulement quand vous êtes fatigué.
  • Mangez bien.
  • Dormez bien.
  • Faites de la relaxation.
  • Évitez le café et autres excitants.
  • Faites du sport.
  • Faites des exercices qui fatiguent les bras : natation, push-up (pompes), etc.

Bibliographie

  • Thierry Baudoin, Trichotillomanie : à propos de six cas chez l'adulte, Université de Paris VII, Bichat, 1999 (thèse)
  • Julien Blanc-Comiti, À propos de la trichotillomanie : revue de la littérature et présentation de trois cas cliniques, Université Claude Bernard, Lyon 1, 2004 (thèse)
  • Laurent Barbrel, Trichotillomanie : aspects cliniques et pathologiques, Université de Paris VI, 1991 (thèse)
  • Jacques Corraze, La Trichotillomanie : étude psychopathologique, Imprimerie Moderne, Toulouse, 1965, 70 p.
  • Nathalie Gluck, La trichotillomanie chez l'enfant et l'adolescent : revue de la littérature et présentation de 13 observations, Université de Paris VII, Lariboisière, 1987 (thèse)
  • Elizabeth Randon Louis, Contribution à l'étude de la trichotillomanie chez l'enfant et l'adolescent, Université de Paris VI, Saint-Antoine, 1985 (thèse)
  • Théodore Rezaire, Trichotillomanie et boulimie, Université de Paris V, 1994 (thèse)
  • Catherine Soulet, Trichotillomanie : à propos de 4 observations, Université de Reims, 1990 (thèse)
  • Luc Tanguy, À partir d'un cas clinique : le bézoard ; cette pathologie médico-chirurgicale méconnue et ses relations avec la trichotillomanie, Université de Brest, 2000 (thèse)
  • Eric Villouin, La trichotillomanie chez l'adulte : revue de la littérature et présentation de deux cas, Université de Nantes, 1992 (thèse)
  • (en) Keuthen, Stein, Christensen et Christenson, Help for Hair Pullers: Understanding and Coping With Trichotillomania, New Harbinger Publications, 2001 (ISBN 1-57224-232-9)
  • (en) Parker (dir.), Trichotillomania - A Medical Dictionary, Bibliography, and Annotated Research Guide to Internet References, Icon Health Publications, 2004 (ISBN 0-597-84664-2)
  • (en) Stein, Christenson et Hollander (dir.), Trichotillomania, American Psychiatric Press, 1999 (ISBN 0-88048-759-3)

Liens externes

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