Tondrakites

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Paulicianisme

Le paulicianisme est une hérésie chrétienne orientale, probablement d'origine arménienne. Ce mouvement néo-manichéen apparaît en Asie mineure, alors part de l’empire byzantin, à la fin du VIIe siècle.

Sommaire

Histoire

Les origines

Ses origines ne sont pas très claires : certains voient dans leur nom une référence aux écrits de saint Paul opposés à ceux de saint Pierre « créateur de l'Église officielle », d'autres y voient une filiation avec les enseignements d'un certain Paul l'Arménien, prédicateur manichéen du VIIe siècle.

Les Pauliciens rejettent le clergé, la croix, les saints, le mariage et le cérémonial des Églises grecques et romaines et leur formalisme. La communion se fait par l'enseignement du Christ et non par l'Eucharistie. Ils prônent une lecture intérieure des Écritures, la méditation et la prière. Le Pater Noster est pour eux la seule prière. Cela vaut aussi pour divers courants du protestantisme.

Il y avait deux branches:

  • en Arménie, on considérait que Christ était adopté par Dieu ;
  • en Grèce manichéenne, Dieu était un mauvais créateur du monde et un bon créateur du ciel.

Constantin de Mananalis

Constantin de Mananalis fonde, vers 660, une secte néo-manichéenne dont les écrits de saint Paul constituent une base doctrinale. Il sera condamné à mort pour hérétisme par l'empereur byzantin en 687.

La doctrine dualiste de Constantin de Mananalis oppose l'esprit divin à la matière qui est l'oeuvre du diable. Elle rejette tout culte marial car les pauliciens estiment que la Vierge n'était que le canal de la venue au monde du Christ. La matérialité du corps étant une oeuvre diabolique, le corps du Christ n'était qu'une illusion : l'esprit divin ne pouvait pas être emprisonné en lui. Les pauliciens rejetaient les sacrements du catholicisme (baptème eucharistie). Les pauliciens n'avaient pas de prêtres.

L'État militaire en lutte contre l'Empire byzantin

Après la mort du dernier didascale, Sergios, vers 834-835, le mouvement évolue et se structure en État militaire autonome qui entre en lutte contre l'Empire. En 842-843, l'impératrice Théodora relance la persécution contre la secte, ce qui a pour effet de renforcer l'émigration vers la région d'Argaoun. Un officier (prôtomandator) du thème des Anatoliques, Karbéas, fait défection avec une partie de sa troupe et s'assure le commandement de la ville : il en fait le quartier général militaire des Pauliciens, d'où il lance des raids contre l'empire. Pour s'affranchir de l'autorité de l'émir de Mélitène dans le territoire duquel il est basé, il fonde une nouvelle capitale pour son mouvement, Téphrikè, entre Sébastée et Argaoun, près de la frontière du thème des Arméniaques. S'ensuivent une série d'attaques contre l'empire, en 859, 861 et 863, où les Pauliciens épaulent éventuellement les armées arabes[1].

Chrysocheir succède à son oncle et beau-père Karbéas et poursuit son activité militaire : il porte les attaques de plus en plus profondément en territoire impérial, atteignant Nicée, Nicomédie et Éphèse, mise à sac en 869-870. Une ambassade de Pierre de Sicile, cette même année, est envoyée négocier à Tephrikè le rachat des prisonniers et un traité de paix, en vain.

La contre-offensive miltaire byzantin commence par un échec en 871 avec une expédition malheureuse de Basile Ier. La mort de Chrysocheir en 872 sur le chemin du retour d'un raid en Galatie, à Bathyrax, porte toutefois un coup décisif à l'État paulicien, dont la capitale tombe finalement en 878[1].

La diaspora paulicienne

Après la destruction de l'État paulicien, une partie de la communauté émigre en dehors de l'Empire et constitue une véritable diaspora paulicienne en Syrie. Certains soldats sont intégrés dans l'armée byzantine en contingents spéciaux, sans être forcés d'abjurer semble-t-il : leurs unités sont mentionnées par la suite dans l'histoire militaire de l'empire, comme celle d'un certain Diakonitzès qui s'illustre au service de Nicéphore Phocas l'Ancien en Italie en Sud vers 885.

La reconquête de la Syrie-Mésopotamie par Jean Ier Tzimiskès (969-976) entraîne la capture de contingents pauliciens qui sont transférés en Thrace, où ils sont établis comme garnisons des défilés de la région de Philippopolis.

D'autres communautés sont attestées par les vies de saints en Asie Mineure : Paul le Jeune (avant 955) les combat et demande à l'empereur de les éloigner de Milet et du thème des Cibyrrhéotes. Philothéos, métropolite d'Euchaïta, est confronté également à leur présence dans son ressort, pour lequel il demande conseil à Théodore de Nicée[2].

Ils ont sans doute ainsi influencé les bogomiles en Bulgarie dans la deuxième moitié du Xe siècle et au XIe siècle, ainsi que l'hérésie phoundagiagite en Asie Mineure. Leurs vues ont aussi influencé l'alévisme en Turquie. Les régions autrefois pauliciennes correspondent largement aux régions alévies de la Turquie actuelle. Les pauliciens sont rapprochés des euchites ou messaliens et parfois des Priscilliens.

Ils représentent une communauté puissante toujours sous le règne d'Alexis Ier Comnène et envoient un contingent de 3000 hommes à la bataille de Dyrrachium en 1081. Après la défaite ils refusent de répondre aux nouvelles convocations de l'empereur et celui-ci en 1083 fait exiler leurs principaux chefs. Les Pauliciens s'allient alors aux Petchénègues et participent à la bataille de Béliatova (janvier 1086) qui est un désastre pour les Byzantins. Par la suite Alexis tente plutôt la persuasion pour mettre fin à l'hérésie paulicienne et participe personnellement à des controverses religieuses avec eux.

Bibliographie

  • Gilbert Dagron, Pierre Riché et André Vauchez (resp.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, tome IV, Évêques, moines et empereurs (610-1054), Desclée, Paris, 1993 (ISBN 2-7189-0614-6) , p. 226-232.
  • Paul Lemerle, « L'histoire des Pauliciens d'Asie Mineure d'après les sources grecques », Travaux et Mémoires 5, 1973, p. 1-113.
  • (en) Alexander Kazhdan (éd.), The Oxford Dictionary of Byzantium, 3 vols., Oxford University Press, 1991 (ISBN 0195046528) vol. 3, 1606, s. v. Paulicians.
  • Roger Caratini, « Les Cathares, de la gloire à la tragédie », pp 18-19.

Notes

  1. a  et b Dagron [1993], p. 229.
  2. Dagron [1993], p. 231.
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