- Tombe de Philippe II de Macédoine
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La nécropole royale de Vergina, site grec correspondant à celui de l’antique Aigai, première capitale du royaume de Macédoine, a révélé lors de fouilles effectuées en 1977 sous la direction de Manólis Andrónikos les témoignages les plus précieux de la peinture pré-hellénistique. Parmi les onze tombes dégagées, celle dite du roi Philippe II, le père d’Alexandre le Grand, était restée inviolée : son architecture, le décor peint et le riche mobilier funéraire attestent la formation précoce d’un art de cour proprement hellénistique.
Sommaire
L'identification
L’identification du défunt comme étant Philippe II repose sur le style des objets archéologiques mis au jour dans la tombe, tous compris dans une fourchette chronologique allant de 360 à 310 av. J.‑C. À cela s’ajoute la corrélation de certains indices avec ce que les sources antiques ont pu nous apporter. Ainsi on a trouvé deux cnémides (jambières de bronze) de taille différente, ce qui implique que leur possesseur, le défunt, était boiteux. Or nous savons que Philippe II boitait à la suite d’une blessure de guerre. De même, l’examen des restes du défunt a permis de déceler un grave traumatisme osseux au niveau du crâne (côté droit). Ici encore, les sources antiques nous apprennent que le roi fut très grièvement blessé, lors d’une campagne militaire, par une flèche et qu’il perdit l’œil droit. Sans entrer dans le détail, on peut également souligner que tout indique une inhumation précipitée, car le tombeau n’était pas achevé et les fresques qui auraient dû être peintes à l’intérieur ne l’ont jamais été. Dans le même sens, le corps d’une jeune femme reposant dans l’antichambre pourrait être celui de Cléopâtre, la dernière épouse du roi, dont on sait qu’elle fut assassinée sur l’ordre d’Olympias, précédente épouse de Philippe, aussitôt après la mort de celui-ci. Enfin, on a retrouvé dans la tombe une série de petites têtes d’ivoire qui, comparées aux portraits monétaires ou sculptés déjà connus par ailleurs, ont été identifiées comme représentant Philippe II et son fils Alexandre.
Il y a donc de nombreux indices convergents qui invitent à considérer la tombe comme celle du roi Philippe II, assassiné en 336 av. J.‑C. Néanmoins, on ne possède encore aucune preuve irréfutable, et certains chercheurs préfèrent y voir la sépulture du demi-frère d’Alexandre le Grand, Philippe Arrhidée, mort en 317 av. J.‑C.
L'architecture
Enfouie sous un tumulus, la tombe identifiée comme étant celle de Philippe II reprend le plan traditionnel des tombes aristocratiques macédoniennes. Contre la chambre et l’antichambre voûtées est plaquée une façade stuquée et peinte. Il n’y a aucun lien structurel entre la façade et l’intérieur de la tombe. Les ordres classiques sont adaptés librement dans une optique décorative et fastueuse. Aux extrémités deux pilastres in antis encadrent deux colonnes semi-engagées d’ordre dorique. Celles-ci soutiennent une architrave flanquée d’une frise composée d’une alternance de métopes lisses et de triglyphes. Alors que l’ordre dorique canonique fait attendre un fronton sculpté, celui-ci est remplacé par une haute frise peinte.
Le décor peint
Sur une longueur de 5,56 m et une hauteur de 1,16 m la frise déploie une scène complexe figurant les activités royales dans les grandes réserves de chasse royale de la Haute Macédoine. À gauche, tandis qu’un chasseur met à mort un cerf, aidé par un chien, un cavalier vu de dos poursuit un autre cerf, qui s’enfuit. À leur droite, deux chasseurs à pied pressent un sanglier en le menaçant de leur épieu. La scène de droite est plus dense et dramatique : deux cavaliers surgissent de part et d’autre et s’apprêtent à porter le coup fatal à un lion cerné par deux valets. Il est tentant de reconnaître dans le cavalier barbu le roi Philippe II, le jeune cavalier placé exactement au centre de la composition dans l’axe de la façade étant alors Alexandre. Cette scène met en valeur la bravoure de la dynastie, selon une image de la souveraineté d’influence orientale. L’exécution est celle d’un maître de la peinture.
Mise en valeur du site de Vergina
Le site des tombes est facilement accessible et on peut descendre jusqu’aux portes des tombes depuis le musée qui présente les nombreuses pièces trouvées dans les tombes. On y trouve en particulier des diadèmes et des coffrets en or, ainsi que de la vaisselle en argent en parfait état de conservation. L’ensemble se trouve sous le tumulus qui a été reconstitué grâce à un toit végétalisé.
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- La tombe de Philippe II : et la nécropole royale de Vergina ROUVERET Agnès ; Les Dossiers d’archéologie, Faton. (ISSN 1141-7137) 2000-2001, no 259, p. 134-139
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