- Théurgique
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Théurgie
La théurgie (du grec ancien theos, dieu et ergon, travail) est une forme de magie, qui permettrait à l'homme de communiquer avec les « bons esprits » et d'invoquer les puissances surnaturelles aux fins louables d'atteindre Dieu. Cette pratique s'oppose à la goétie.
Sommaire
Définitions
Quelques définitions :
- Proclos : la théurgie est "une puissance plus haute que toute sagesse humaine, qui embrasse les bienfaits de la divination, les vertus purifiantes de l'initiation, bref toutes les opérations de la possession divine."[1]
- André-Jean Festugière : la théurgie est un "système religieux qui nous fait entrer en contact avec les dieux, non pas seulement par la pure élévation de notre intellect vers le Noûs divin, mais au moyen de rites concrets et d'objets matériels"[2]
- Pierre A. Riffard : "La théurgie est une forme de magie, celle qui permet de se mettre en rapport avec les puissances célestes bénéfiques pour les voir ou pour connaître ou pour agir sur elles (par exemple en les contraignant à animer une statue, à habiter un être humain, à révéler des mystères)."[3]
Conceptions
La théurgie affirme être l'application pratique des lois de la matière, de la plus dense jusqu'au plus hauts degrés de l'esprit. Ses adeptes estiment qu'en mettant l'homme en contact direct avec la conscience Universelle, elle est la « voie royale » de l'évolution.
La dimension théurgique est verticale, elle n'est pas à sens unique. Trop fortement divine, la théurgie se referme et prive l'homme de toute possibilité de comprendre. Si elle est dans l'autre excès, trop humaine, l'homme met la main sur le divin et l'objective.
Le juste milieu théurgique est ce lieu où l'homme et Dieu coopère, cocrée, collabore. Dieu appelle, l'homme répond. L'homme appelle, Dieu l'entend. Ce juste milieu est un lieu performatif.
La théurgie a notamment été pratiquée par Apollonius de Tyane, Julien le Théurge (Oracles chaldaïques, vers 170), Cagliostro, Jamblique, Martines de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin, Jean-Baptiste Willermoz, Éliphas Lévi, le Maître Philippe de Lyon, Papus, etc.
La définition (ci-dessus) de la théurgie est trop réduite, si l'on tient compte :
- que toutes les Kabbales médiévales relèvent de la théurgie, selon les meilleurs experts, dont Charles Mopsik (bibliographie ci-dessous);
- que cette théurgie plonge ses racines dans la "Merkabah" des initiés de l'Antiquité, et cela bien avant la théurgie néo-platonicienne d'un Jamblique;
- que des penseurs chrétiens contemporains, tel le théologien orthodoxe Lossky, se réclament toujours d'une théurgie ecclésiale.
Types de théurgie
On peut faire diverses classifications de la théurgie
- théurgie symbolique ou cérémonielle. La théurgie symbolique œuvre par prières, silence, catharsis. La théurgie cérémonielle a recours aux symboles, formules, incantations, fumigations. Une célèbre dispute dans l'Antiquité a opposé sur ce point Porphyre de Tyr (Lettre à Anebon) (vers 265), partisan d'une théurgie philosophique, à Jamblique (Les Mystères d'Égypte), favorable à une théurgie opératoire, manipulant des symboles matériels tels que les plantes, les animaux, les plantes aromatiques (Les Mystères d'Égypte, V, 23), et pratiquant des prières et des chants (o.c., VII, 4-5).
- théurgie ascendante ou descendante. La théurgie ascendante cherche à élever l'âme de l'homme vers l'Esprit de Dieu ou vers quelque esprit (un ange, par exemple). La théurgie descendante cherche à faire descendre Dieu ou quelque esprit dans l'homme (par exemple un médium) ou une chose (par exemple une statue).
- théurgie directe ou indirecte. Dans le premier cas, le théurgiste accède à une révélation ou à un prodige : l’âme se sent enlevée au ciel, un dieu apparaît, un songe fait communiquer avec un esprit, etc. Dans le second cas, le dieu fait connaître sa présence indirectement, dans un instrument matériel (flamme d’une lampe, eau d’un bassin...) ou bien il anime un médium.
Voir aussi
Bibliographie
Textes
- Oracles chaldaïques (vers 170), trad. du grec Édouard des Places, Les Belles Lettres, 1971.
- La magie sacrée d'Abramelin le Mage (1450 ?), préf. Robert Ambelain, Éditions Bussière, 1959, 252 p.
- Alexandre Moryason, La Lumière sur le Royaume (1986). Pratique et théorique, cet ouvrage présente les origines de la kabbale, de la Théurgie et de l'Hermétisme, ainsi que leurs évolutions et cheminements à travers l'histoire humaine. La seconde partie du livre présente une pratique simple et claire de la Théurgie [1].
Études
(par ordre alphabétique)
- Robert Amadou, La Magie des Élus Coëns, théurgie. Instruction secrète, Cariscript, 1990. Théurgie de J. Martinès de Pasqually.
- Eric Robertson Dodds, Les Grecs et l'irrationnel (1959), trad., Flammarion, coll. "Champs", 1977, p. 279-299.
- Van Liefferinge, C., "La théurgie. Des 'Oracles chaldaïques' à Proclus", Philologie classique, ULB, Bruxelles, 1997.
- Hans Lewy, Chaldæan Oracles and Theurgy. Mysticism, Magic, and Platonism in the Later Roman Empire, Nouvelle édition par Michel Tardieu, Paris, Études Augustiniennes et Turnhout, Brepols, 1978, 734 p.
- Charles Mopsik, Les Grands Textes de la cabale. Les rites qui font Dieu, Éditions Verdier, 672 p. Ouvrage sur les pratiques religieuses et l'efficacité théurgique dans la cabale, des origines jusqu’au milieu du XVIIIe s. ISBN : 2-86432-161-0
- H.-D. Saffrey, "La théurgie comme phénomène culturel chez les néoplatoniciens (IVe-Ve siècles)", Koinonia, 8 (1984), p. 161-171.
Liens internes
- Théurgie grecque
- Martines de Pasqually
- Croyance médiévale (catégorie)
- Magie
Liens externes
Notes et références
Catégories : Magie | Occultisme
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